Expérimentation démocratique. Les irremplaçables. " Etre courageux, parfois endurer, ... rompre " Philosophe et psychanalyste, elle insiste sur l'importance pour chacun de construire son propre destin.
C'est à cette condition que la démocratie sera sauvegardée. Quand elle était jeune doctorante en philosophie, Cynthia Fleury rêvait à une existence en retrait, consacrée à la recherche et à l'écriture, loin du brouhaha de la cité... La vie en a décidé autrement, et la jeune femme a progressivement appris à occuper le devant de la scène.
Pour s'engager tous azimuts. La petite quarantaine, habituée des débats et appréciée des médias pour son verbe tranché et la clarté de sa vision, Cynthia Fleury cumule aujourd'hui les activités : chercheur en philosophie politique et psychanalyste, elle enseigne à l'American University of Paris. Pourquoi ce titre, Les Irremplaçables, qui oriente le lecteur vers un horizon romanesque ? La littérature est bien plus puissante que la philosophie puisqu'elle ne produit pas de discours dogmatique, figé. De quelle façon ? Pourriez-vous donner un exemple ? " Moi présidente, j’instaurerai ... " Cynthia Fleury est philosophe.
Accorder à chaque citoyen majeur sans condition, un revenu mensuel avoisinant les 700 euros, c’est la mesure que défendrait Cynthia Fleury si elle était présidente. Pour elle, il s’agit de "repenser un nouvel acte de l’Etat Providence, comme il y a eu la Sécurité Sociale en son temps". "Cet acte, poursuit-elle, doit se fonder sur un rapport tout à fait différent au travail sachant qu’il y aura toujours du travail mais il n’y aura pas toujours d’emploi…" Cynthia Fleury, balaie d’un revers de la main l’accusation de prime à la paresse : "C’est manquer la véritable nature de l’homme, affirme-t-elle. L’homme n’est pas paresseux, en revanche il peut l’être lorsqu’il est démotivé.
" Le travail doit faire lien avec l’émancipation ... Dans cette période où l’individu est synonyme d’individualisme, vous proposez dans les Irremplaçables (1) de le remettre au cœur de l’histoire politique.
Comment parvenez-vous à dépasser cette apparente contradiction ? CYNTHIA FLEURY J’aborde en effet la relation indéfectible entre l’individu et l’État de droit. Nombreux partagent le même diagnostic : l’État de droit tel que nous le connaissons depuis ces dernières décennies, avec la crise de l’État providence, met en danger les sujets que nous sommes. Dans le monde du travail, nous assistons à une précarisation des métiers, des statuts et partout à une dérégulation de la finance. Ces impératifs de performance et de rentabilité nous donnent le sentiment que nous sommes remplaçables, mis à disposition, soumis à l’obligation de flexibilité, comme l’est une marchandise ou un robot.
>>> Article paru dans Marianne daté du 4 septembre C'est par une matinée ensoleillée que nous retrouvons, au café Le Rostand, à Paris, la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury.
Derrière ses larges lunettes de soleil fumées se distingue son regard intense et déterminé. Longs cheveux châtains, sourire insouciant et allure de madone sortie d'un tableau du Quattrocento, ne vous fiez pas à sa nonchalance apparente, elle est un des intellectuels les plus acérés de sa génération. Mêlant interprétation du monde et participation, souvent courageuse, à ce que Hannah Arendt nommait « les affaires humaines ». Née en 1974 à Paris, elle soutient à 26 ans, en 2000, une thèse de doctorat sur l'imagination, centrale à ses yeux, car la puissance d'imaginer - cette faculté de création subjective - est une des voies privilégiées d'accès au réel.
Devant le découragement des citoyens qui fuient dans les conduites d'abstention analysées par Albert O. Les légitimités de demain. Chaire de philosophie à l'hôpital. « Réinventer la relation au soin, à la maladie, à la vie » : c’est avec ce crédo que la philosophe Cynthia Fleury inaugure, ce mardi à 18 heures à l’Hôtel-Dieu (Paris), la première chaire de philosophie au monde créée par l’hôpital.
Elle tâchera, comme il est écrit dans un mot d’introduction, de faire du soin « une dimension constitutive du sujet dans la Cité », convaincue qu’en « intégrant l’hôpital, la philosophie rappelle la nécessité de penser le soin de façon holistique, et que le premier dispositif hospitalier – avant toute technicité – est la qualité intersubjective et interrelationnelle qui se tisse entre les différentes personnes qui traversent son espace/temps si particulier. » Auteur notamment d'une Métaphysique de l’imagination et d’un essai sur Les Pathologies de la démocratie, Cynthia Fleury a récemment fait paraître Les Irremplaçables. Inédite à l’hôpital, cette chaire n’est pas sans précédents. @CynthiaFleury.