Macron et la colonisation: "Le mot vraiment sensible aurait été génocide" En parlant d'un "crime contre l'humanité" en évoquant la colonisation française, Emmanuel Macron a provoqué une polémique. L'historien Henry Rousso, directeur de recherche au CNRS, auteur notamment de Vichy, un passé qui ne passe pas (Fayard, 1994) ou Face au passé, essais sur la mémoire contemporaine (Belin, 2016), répond aux questions de L'Express. LIRE AUSSI >> Entre ambiguïté et prudence, les politiques français face à la colonisation Emmanuel Macron a qualifié la colonisation française comme un crime contre l'humanité.
Comme spécialiste reconnu de la mémoire, cela vous surprend-il? Non. C'est-à-dire? Juridiquement, définir des actes de la colonisation comme des "crimes contre l'humanité" n'a jamais débouché sur des poursuites pénales. Il y a un usage historique du terme. Il y a aussi un usage moral du terme qui ne me choque pas.
Au début de son quinquennat, François Hollande avait reconnu "les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien". C'est vrai. Peut-on dire, comme Emmanuel Macron, que la colonisation est un « crime contre l’humanité » ? « La définition juridique du crime contre l’humanité ne peut s’appliquer à la colonisation », répond l’historienne spécialiste de la guerre d’Algérie Sylvie Thénault. LE MONDE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Marc-Olivier Bherer Sylvie Thénault est directrice de recherche au CNRS et historienne. Ses travaux portent sur la colonisation de l’Algérie et sur la guerre d’indépendance algérienne. Elle s’est particulièrement intéressée à la répression et au droit dans le contexte colonial.
De passage en Algérie, Emmanuel Macron a affirmé, le 15 février, que la colonisation était un « crime », un « crime contre l’humanité ». Sylvie Thénault : Je pense qu’il faut distinguer le « crime contre l’humanité » au sens juridique et au sens moral. Lire aussi : Colonisation : les propos inédits de Macron font polémique L’approche juridique n’épuise donc pas la question et il faut se la poser au plan moral.
Pourquoi, selon vous, Emmanuel Macron s’avance-t-il sur ce terrain ? Pour les TES - #Boivin - l'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie. La guerre d’Algérie revisitée. Cinq ans après le premier tome paraît en librairie le second volume de La Guerre d’Algérie vue par les Algériens. Ses auteurs sont le journaliste Renaud de Rochebrune et l’universitaire Benjamin Stora, tous deux des spécialistes reconnus de l’Algérie et de son histoire. Au total près d’un millier de pages qui marquent une rupture dans l’historiographie du conflit.
S’il existe une immense littérature évoquant ces « années de braise » dans des centaines d’essais, de témoignages, de biographies ou d’articles de revue, c’est la première fois à notre connaissance qu’une histoire complète des sept années de guerre est écrite sans complaisance ni chauvinisme à partir d’un des deux camps, celui des Algériens. Ce second tome commence à l’arrivée d’Abane Ramdane et de ses derniers compagnons à Tunis à la mi-1957. Pourquoi ce revirement ? Autre temps fort de ce second tome, les manifestations de décembre 1960. Pourquoi ce revirement ? 17 octobre 1961 : "Ce massacre a été occulté de la mémoire collective" L'exécution de plus d'une centaine de manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961 reste méconnue, souligne l'historien Gilles Manceron. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Propos recueillis par Soren Seelow A cinq mois de la fin de la guerre d'Algérie, le 17 octobre 1961, Paris a été le lieu d'un des plus grands massacres de gens du peuple de l'histoire contemporaine de l'Europe occidentale.
Ce jour-là, des dizaines de milliers d'Algériens manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui les vise depuis le 5 octobre et la répression organisée par le préfet de police de la Seine, Maurice Papon. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d'Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Pendant plusieurs décennies, la mémoire de ce épisode majeur de la guerre d'Algérie sera occultée. >> Portfolio sonore : Les photos inédites du 17 octobre >> Chronologie : La "bataille de Paris" racontée par les archives du "Monde" Oui. « Les balles du 14 juillet » de D. Kupferstein réveille les mémoires d’avant la guerre d’Algérie. Le 14 juillet 2014, les militaires descendaient les Champs-Elysées. En 1953, ce même jour de célébration de la fête nationale, on défilait aussi dans Paris entre la Bastille et la Nation.
La veille, comme de tradition, les parisiens s’étaient étourdis dans les bals populaires. Le lendemain 7 d’entre eux connurent d’autres bals, des balles qui leur ôtèrent la vie. Des images de bals ouvrent le documentaire de Daniel Kupferstein consacré à ce très particulier et pourtant méconnu 14 juillet 1953 sous les balles. Le titre de son documentaire – affiche ci-contre[1] – joue astucieusement sur l’homophonie ; on pourrait rire de cette pirouette si l’événement n’était pas aussi tragique.
Le documentaire de D. La 1ère partie du documentaire se consacre à la mise en contexte de l’événement. Pourtant le défilé du 14 juillet 53 se singularise en intégrant dans ses rangs un cortège composé de messalistes. Cela étant dit, D. La 2eme partie nous fait davantage entrer dans le défilé. Propos de la plaque commémorative intitulée : «Les enfumades du Dahra» Le Musée de l'Homme de Paris se dit "prêt" à restituer les 36 crânes de chouhada de la résistance algérienne.
Le Musée de l'Homme de Paris s'est dit ce mardi "prêt" à examiner "favorablement" la demande de restitution des 36 crânes de chouhada, résistants algériens morts au champ d'honneur au début de la colonisation française, conservés depuis plus d'un siècle. "Nous sommes prêts à examiner favorablement la demande de restitution des crânes des Algériens, conservés dans notre musée", a affirmé mardi dans un entretien à l'APS le directeur des collections au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris, Michel Guiraud.
Ce responsable a souligné qu'il n'y a "aucun obstacle" juridique pour leur restitution. Ces restes sont "nommés" (identifiés), donc "nous les considérons forcément qu'ils peuvent sortir du patrimoine et nous attendons seulement des décisions politiques", a-t-il précisé. Il a averti qu'il y a cependant "un chemin à prendre" sur le plan procédural pour que la demande soit prise en considération.
"Pour leur restitution, il y a un chemin à prendre. ILLUSIONS PERDUES. Le 8 mai 1945 à Sétif par Kateb Yacine | Camp - Volant. L’écrivain algérien Kateb Yacine (1929-1989) était en classe de troisième à Sétif le 8 mai 1945. En 1982, il raconte et analyse devant la caméra de René Vautier, dans « Déjà le sang de mai ensemençait novembre », le massacre commis ce jour-là et les jours suivants par l’armée française et des milices de colons ( 9mn). CV Sur cet « autre 8 mai 1945 », voir par exemple : Mohammed Harbi, La guerre d’Algérie a commencé à Sétif, Le Monde Diplomatique, mai 2005. et aussi : »La milice, le commissaire et le témoin » : le récit de la répression de mai 1945 à Guelma. Institut du d’Histoire du Temps présent. par Jean-Pierre Peyroulou et écouter un débat radiophonique tenu en 1946 : « Y a-t-il un problème algérien ?
J'aime : J'aime chargement… Sur le même thème Y A-T-IL UN PROBLEME ALGERIEN ? Le 1er juillet 1946, un débat radiophonique réunit notamment Ferhat Abbas, Albert Camus et Jean Amrouche sur le thème "Y a-t-il un problème algérien ? ". Dans "histoire et colonies" Hommage à Jean-Luc Einaudi. Sports - "Un maillot pour l'Algérie" : l'aventure de la première équipe de foot algérienne en BD. La cellule jihadiste de Bruxelles voulait à nouveau frapper la France En savoir plus Plus d'une centaine de morts dans l'incendie d'un temple en Inde En savoir plus Affaire des visas : Valls donne priorité à "l'alliance stratégique" avec l'Algérie En savoir plus Nuit debout : huit interpellations après des incidents à Paris En savoir plus Tchad : Idriss Déby Itno brigue un cinquième mandat présidentiel En savoir plus Heurts meurtriers entre l'armée philippine et les jihadistes d'Abou Sayyaf En savoir plus Primaires démocrates : Bernie Sanders remporte le Wyoming En savoir plus Loi travail : manifestations émaillées de heurts à Paris, Nantes et Rennes En savoir plus Présidentielle 2017 : le PS approuve une primaire à gauche En savoir plus "Panama Papers" : David Cameron fait son mea culpa En savoir plus Nouvelle démonstration de force de la Corée du Nord En savoir plus.
Benjamin Stora : "La guerre d'Algérie continue dans les têtes, les cœurs, les mémoires" De toutes les commémorations historiques en France, la fin de la guerre d'Algérie est l'une des plus problématiques. Alors que François Hollande rendra hommage aux victimes du conflit samedi 19 mars, le choix de cette date, qui correspond à l'entrée en vigueur du cessez-le-feu après les accords d'Evian du 19 mars 1962, provoque de houleux débats. Mettre fin à la "guerre des mémoires". Benjamin Stora, professeur d'histoire à l'université Paris XIII, note en effet que "des groupes de mémoire extrêmement nombreux et puissants" se sont formés après la guerre d'indépendance.
Harkis, anciens soldats appelés, immigrés algériens en France... "54 ans plus tard, chacun de ces groupes s'enferme dans son propre rapport au passé", note l'historien. Polémique autour de la date. Le 19 mars, important pour les appelés. Guerre d'Algérie, un silence générationnel. Les anciens combattants ont à plusieurs reprises joué un rôle important dans l’histoire de la France. Ce fut vrai au XIXe siècle quand ils aidèrent les deux Bonaparte à remonter sur le trône ou, plus encore, après la première guerre mondiale quant ils exercèrent un véritable magistère sur la vie politique et, plus largement, sur la société elle-même. Rien de tel après la guerre d’Algérie que livrèrent, du côté français, quelque deux millions d’appelés, de rappelés et de militaires de carrière, sinon un silence générationnel. Jean-Charles Jauffret, professeur à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, à qui l’on doit déjà la remarquable série La guerre d’Algérie par les documents1 — hélas interrompue pour raison officielle et opportune de « secret défense » –, explique l’effacement de ces deux millions d’hommes de la mémoire nationale.
Les anciens combattants ont à plusieurs reprises joué un rôle important dans l’histoire de la France. Les héritiers du silence ou la constitution d'une mémoire seconde. Pour comprendre la façon dont la transmission s’était opérée dans les familles des appelés, j’ai mené un travail d’enquête auprès d’appelés, d’épouses et d’enfants d’appelés, et j’ai étudié les influences mutuelles de ces mémoires personnelles et de la mémoire collective. En ouvrant de premières portes via quatre associations d’anciens combattants [5] FNACA, FNCPG-CATM, ARAC et UNC : la FNACA (Fédération ... [5] , dont les différences de sensibilité politique sont bien marquées, j’ai pu approcher des témoins aux opinions variées.
J’ai rencontré une cinquantaine de personnes, avec une proportion égale d’appelés, de femmes, et « d’enfants » quarantenaires au moment des interviews, à Paris et dans le Limousin. La mémoire des hommes : se taire et vivre avec Pendant et après la guerre, l’euphémisation de la violence de guerre, voulue par l’armée et l’État, puis l’oubli massif d’une société peu fière de cette page de son histoire ont érigé un monument de silence. Les gardiennes du silence. France/Algérie: que commémorer ensemble ? Le 8 mai 1945 ne marque pas seulement la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie. Pour les Algériens, c’est au massacre de Sétif que cette date renvoie. Date symbolique, premier acte d’une guerre qui allait attendre des années avant d’avoir un nom. La France et l’Algérie sont-elles prêtes aujourd’hui à commémorer ensemble ces ‘’événements’’ ?
Et donc à se mettre d’accord sur une histoire commune ? C’est un Goncourt de consolation, celui du premier roman, mais un Goncourt tout de même. Des deux côtés de la Méditerranée, le livre a été un succès. Il est tentant d’imaginer que ce processus littéraire pourrait s’accomplir un jour au niveau politique. Ce processus est-il en cours ? Cette initiative française marque-t-elle une nouvelle étape vers la réconciliation jamais accomplie entre les deux pays ? « France/Algérie : que commémorer ensemble ? Intervenants : L'historien et les mémoires de la guerre d’Algérie.
I/ Réflexions préalables Les mémoires : lecture historique L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie Dans sa préface aux Damnés de la Terre de F. Fanon paru en 1961, JP Sartre à propos de la guerre d’Algérie se posait déjà la question : guérirons - nous ? Guy Pervillé constate qu’aujourd’hui encore « la guerre d’Algérie a rejoint Vichy parmi les enjeux de mémoire les plus controversés, ces passés qui ne passent pas » (article dans n°288 d’historiens géographes en 2004 page 237). En cela l’enseignement de tout ce qui touche à la guerre d’Algérie reste une question sensible.
La guerre d’Algérie n’est en effet pas encore totalement rentrée dans l’histoire, les passions restent vives, les querelles ou controverses toujours d’actualité …quand il s’agit d’établir les faits, le nombre de victimes et encore plus quand il s’agit de commémorer par exemple. Le programme de terminales s’ouvre sur la question du rapport de nos sociétés à leur passé. II/ Une proposition de démarche avec les élèves.