Entretien avec Jacques Bouveresse. YS : Quelles sont, à vos yeux, les tâches d'un philosophe en ce qui concerne les religions ?
Peut-être que cette question en sous-entend une autre. Quelles sont les "choses" à ne pas faire pour un philosophe, en ce qui concerne l'étude des religions ? 1 Voir le compte-rendu par Roger Pouivet de Que peut-on faire de la religion ? Dans ce même numéro. JB : Pour être tout à fait franc, je ne suis pas certain d’être très bien placé pour répondre à cette question et je n’ai pas non plus essayé de le faire dans le livre dont nous parlons, ne serait-ce que parce que, à la différence de Roger Pouivet1, je n’ai ni une connaissance suffisamment précise et étendue de l’état présent de la philosophie de la religion ni un intérêt suffisant pour elle.
YS : Comment vous situez-vous par rapport aux thématiques contemporaines du retour des religions ou de la sortie de l'humanité hors de l'époque des religions (Marcel Gauchet par exemple) ? Et, tout à la fin de son livre, il fait la remarque suivante : Jacques Bouveresse. Jacques Bouveresse en 2009.
Influencé par Ludwig Wittgenstein[1], le cercle de Vienne et la philosophie analytique[2], Jacques Bouveresse défend une position rationaliste dont le prolongement éthique est la modestie intellectuelle. Les valeurs de clarté, de précision et de mesure, qui définissent pour une part la rationalité, se traduisent, du point de vue moral, par une dénonciation des abus dont peuvent se rendre coupable les milieux intellectuels en général et le milieu philosophique en particulier.
C’est dans cet esprit que Bouveresse a étudié les œuvres de Wittgenstein[1], Robert Musil et Karl Kraus. Entretien avec Jacques Bouveresse. Pr Jacques Bouveresse Comment analysez-vous votre parcours de philosophe ?
Au Collège de France, partant de la logique et de la philosophie du langage, en 1995 (avec un séminaire sur les couleurs et la théorie de la perception), vous avez travaillé sur des auteurs du tournant du xixe et du xxe siècle, le Cercle de Vienne et Wittgenstein, vous êtes régulièrement revenu à la question de la perception, de la réalité, du temps, du langage, de la logique et des mathématiques, avez traité de la question des systèmes philosophiques, pour finir par une longue étude consacrée à Leibniz. Que signifie ce retour à Leibniz ? Je ne sais pas s’il faut parler d’un retour. Leibniz est un auteur qui m’a toujours intéressé et que, d’une certaine façon, je n’ai jamais complètement perdu de vue.
Votre attitude envers Descartes est-elle toujours la même aujourd’hui ? Comme, par exemple, Leibniz ? Oui, incontestablement. Oui, en un sens. Oui, on peut dire les choses de cette façon. Oui, en effet. Poussée de nationalisme philosophique à la rue d’Ulm. Sous la plume d’Aude Lancelin, Le Nouvel Observateur – arbitre autoproclamé des valeurs philosophiques en France – a discrédité la nouvelle élue, ironisant dans un article de quatre pages sur « L’inconnue du Collège de France ». « Stupéfaction rue d’Ulm.
Émoi place de la Sorbonne… » Le trait le plus remarquable de cet article est que les seuls cités ne sont pas seulement des adversaires de la philosophie en question : tous crient haut et fort que celle-ci n’a aucune valeur, qu’elle n’est d’ailleurs pas française, et qu’elle ne devrait donc pas avoir droit de cité dans un haut-lieu de la recherche et de la pensée comme le Collège de France. Jacques Bouveresse n’a cessé depuis les années 1970 de dénoncer la mainmise d’un certain journalisme sur le monde philosophique français et l’utilisation des médias par certains courants philosophiques à la recherche de pouvoir.
Voici la lettre qu’il vient d’adresser au Nouvel Observateur. 1. 2. 3. 4. 5. Bien cordialement à vous, Jacques Bouveresse. Activités - Chaire de Philosophie du langage et de la connaissance (1995-2010) Qu'est-ce qu'un système philosophique ? « Il est amusant, observe Edgar Poe, de voir la facilité avec laquelle tout système philosophique peut être réfuté.
Mais aussi n’est-il pas désespérant de constater l’impossibilité d’imaginer qu’aucun système particulier soit vrai ? » Poe ne fait évidemment qu’exprimer sur ce point une opinion très répandue. Mais il se pourrait que l’on surestime, de façon générale, considérablement la facilité avec laquelle un système philosophique peut être réfuté et même que les systèmes philosophiques soient en réalité bel et bien irréfutables, y compris lorsqu’on invoque pour essayer de réfuter certains d’entre eux les progrès de la connaissance scientifique. Qu'est-ce qu'un système philosophique ? - Cours 2. La philosophie peut-elle être systématique et doit-elle l’être ? 1Avant de considérer de plus près ce problème des relations dans lesquelles la philosophie doit ou ne doit pas essayer d’entrer et, autant que possible, de rester avec les sciences, je voudrais vous dire quelques mots d’une tentative de réponse, bien différente de celle de Vuillemin, à la question de savoir si la philosophie doit ou non être systématique et, si oui, dans quel sens.
Je veux parler de celle de Michael Dummett dans un article de 1975 intitulé « Can Analytical Philosophy be Systematic and Ought it to Be ? » Il s’agit d’un article qui est écrit par un philosophe analytique et qui part d’une constatation concernant la situation de la philosophie analytique, à l’intérieur de laquelle on peut observer qu’il s’est établi à un moment donné un contraste particulièrement frappant entre deux camps opposés et parfois violemment opposés : le camp des « systématiques », précisément, et celui des « antisystématiques ». 2 Ibid., p. 437-438. 3 Ibid., p. 438. 4 Ibid., p. 456. Selon Rorty :