Jean-Charles Bousquet : Un "journal de séquence " en français au lycée Comment fortifier la mémoire et le sens des apprentissages ? C’est le but du journal de séquence que met en œuvre Jean-Charles Bousquet, professeur de français au lycée Alexis Monteil à Rodez. Par ce dispositif, l’enseignant invite l’élève à faire le récit de ce qu’il a fait, appris et compris. Le journal comprend diverses rubriques : un lexique ; un article réflexif sur les notions abordées ; un dossier, éventuellement numérique, sur un auteur, des lectures ou un mouvement littéraire ; des productions créatives. Le travail mené éclaire et interroge aussi le « carnet de lecture et de formation culturelle » qu’il s’agira bientôt de tenir au lycée et qui servira de support à l’oral du bac de français : n’y a-t-il pas danger de faire d’un espace de travail un outil d’évaluation ? Qu’appelez-vous « journal de séquence » ? Le concept de « journal de séquence » a été présenté lors du « Rendez-vous des Lettres » de novembre 2015, intitulé « Les métamorphoses du récit à l’heure du numérique ».
2de - La curiosité est-elle un vilain défaut ? par Françoise CAHEN, professeure de lettres au lycée Maximilien Perret, Alfortville (94) – Formatrice académique. Article en PDF Textes Etude d’un groupement de textes. Classe de seconde. Genres et formes de l’argumentation : XVIIème et XVIIIème siècle Objectifs : - Connaître différents genres littéraires argumentatifs - Se familiariser avec les techniques de l’argumentation et s’initier à la dissertation - Acquérir des connaissances sur le Classicisme et Les Lumières - Réfléchir à la notion de Curiosité et devenir plus curieux ! Remarque : la dissertation étant un exercice nouveau pour les élèves, il serait pertinent de ne pas utiliser cette séquence pour débuter l’année. Séance 1 : entrée en matière. (1h) La curiosité est-elle un vilain défaut ? Séance 2 : Etude de « Barbe Bleue » (2h) Lecture du conte. On peut clarifier des éléments concernant le genre du texte : pourquoi est-il caractéristique d’un conte de fées ? Séance 3 : Lecture analytique des « deux pigeons » de La Fontaine (1h)
Françoise Cahen : Il faut sauver l’écrit d’appropriation Il faut sauver Boule de suif ! Telle est la mission lancée par Françoise Cahen à ses 2ndes du lycée Maximilien Perret d’Alfortville. Les élèves se sont immiscé.es dans une fameuse nouvelle de Maupassant pour proposer des dénouements alternatifs, rétablir un peu de justice, publier un livre numérique enrichi de leurs variations et de musiques. Il faut sauver ce qu’il y a à sauver dans les futurs programmes de français au lycée ? Le travail mené éclaire une belle modalité de « l’écrit d’appropriation » que le projet préconise de faire pratiquer en classe « le plus régulièrement possible » pour « faciliter la compréhension approfondie » des œuvres : il viendra nourrir le « carnet personnel de lectures et de formation culturelle » qui sera le support de l’entretien à l’oral du bac de français. Et si, pour s’alléger de la « pesanteur prescriptive » de ces instructions, on y pratiquait à notre tour « l’écriture interventionniste » ?... En quoi a consisté la deuxième séance de travail ? F.
Le feuilleton d’Hermès Le feuilleton d’Hermès, une méthode pour donner envie aux élèves de lire et de comprendre Pour accompagner le nourrissage culturel promu par Serge Boimare, plusieurs ouvrages ont été édités dont « Le feuilleton d’Hermès », de Murielle Szac. Le psychopédagogue explique l’utilité du livre dans la préface de l’édition de 2006. « Enfin un texte sur la mythologie grecque qui peut être lu à haute voix aux enfants ! En nous proposant de suivre Hermès, le jeune dieu qui mêle de tout et qui veut tout savoir, Murielle Szac a trouvé son fil d’Ariane. Hermès veut savoir d’où il vient et comment il a été fait. Hermès veut savoir si on l’aime et comment on trouve sa place parmi les autres. Mais il veut aussi comprendre comment s’organise ce monde dans lequel il arrive, qui en est l’auteur, et comment il s’est mis en place. Pourquoi son père ne contrôle-t-il pas tout ? Pourquoi tant de violence et de haine, à côté de l’amour et de la beauté ? Que devient-on après la mort ? WordPress: J’aime chargement…
Jean-Michel Le Baut : Ecrire pour s’approprier les œuvres et internet L’écrit d’appropriation est une recommandation des nouveaux programmes de français au lycée. Comment la mettre en œuvre en classe ? Comment faire aussi de cet écrit d’appropriation d’une œuvre littéraire un travail de réappropriation d’internet ? Des lycéenn.nes de l’Iroise à Brest ont tenté de reconstituer l’identité d’un personnage de Sylvie Germain en créant les traces qu’il aurait pu laisser en ligne sur les réseaux sociaux, moteurs de recherche, sites de vente, répondeurs, plateformes de streaming... Partagé sur leur blog i-voix, le travail créatif renforce le plaisir de la lecture et l’intelligence de l’œuvre. La pratique réflexive permet même aux élèves de construire une distance critique par rapport à leurs propres usages numériques. Un personnage amnésique « Magnus ? Un web hypermnésique Une première séance vient précisément problématiser le travail qui va être mené. Des élèves lecteurs-créateurs Les élèves publient leurs productions sur le blog de la classe. Jean-Michel Le Baut
La rentrée en Français : Quels horizons ? Rentrée 2017 : à l’orée d’un nouveau quinquennat, comment va l’enseignement du français ? Sans doute quelque peu écartelé : entre les programmes revitalisés du collège et les programmes sclérosés du lycée, entre le poids des traditions et les désirs d’innovation, entre la culture du livre et celle des écrans, entre la complexité du travail en classe et les régulières instrumentalisations idéologiques (prédicat, orthographe rectifiée, La Fontaine …). « Vous avez un devoir de liberté pour faire bouger les choses », lançait Paul Raucy, doyen de l’Inspection générale de lettres, à des professeur.e.s de français réuni.e.s à Eduspot en mars 2017. A ce mouvement, le Café pédagogique apporte ici sa contribution. Il propose à chaque enseignant.e des ressources et activités pour réussir sa rentrée et nourrir son projet annuel : un guide pratique et collectif qui constitue aussi un état des lieux et des horizons possibles. Le français au collège : une discipline en mutation Textes officiels Cycle 3
Pauline Auffret : Faire de sa classe une communauté interprétative L’étude des textes condamne-t-elle enseignant.es et élèves au face-à-face ? Peut-on imaginer d’autres dispositifs de travail, plus actifs et collaboratifs, que le traditionnel cours dialogué ? Au lycée Malraux à Allonnes dans la Sarthe, Pauline Auffret amène ainsi ses élèves à travailler sur les textes en trois phases : des groupes d’« experts » sont d’abord constitués autour d’une question spécifique, des « ambassadeurs » vont ensuite expliquer à leurs pairs le résultat de leurs recherches, une question enfin amène les élèves à réaliser à l’écrit un bilan individuel. Pourquoi avez-vous éprouvé le besoin de transformer le dispositif habituel d’étude des textes en cours de français : le cours frontal et dialogué ? A l’origine de ce dispositif, il y a la volonté d’impliquer tous les élèves dans l’étude des textes, quel que soit leur niveau. Un travail interdisciplinaire avec un collègue de sciences m’a permis de découvrir ce dispositif. Ce dispositif présente de nombreux intérêts.
Dévoilement progressif Julie Vera et Sophie Pons : Il y aura une fois le carnet de lecture ? Le carnet de lecture a-t-il encore un avenir au lycée ? Les nouveaux programmes préconisent que « l’élève garde la trace du travail et des activités menés tout au long de l’année », par exemple à travers un « carnet de lecture » où pourront prendre place des « écrits d’appropriation ». Or, contrairement aux prévisions, ce portfolio littéraire ne sera pas support de l’oral de l’EAF, officiellement au nom d’un « principe d’équité » entre les candidats (?), probablement à cause de lobbys conservateurs. La reculade menace la mise en œuvre effective dans les classes, autant dire la reconnaissance de l’élève comme sujet lecteur à part entière. Pour beaucoup de collègues, le « journal du lecteur » est une nouveauté : de quoi s’agit-il ? Le Journal du Lecteur (JDL) est un carnet dans lequel les élèves consignent leurs lectures scolaires et personnelles, ainsi que leurs sorties et activités culturelles. Que contiennent les journaux de lecteurs de vos lycéen.nes ? Le projet « Livre d’O.R. »
Français : Déconfiner les pratiques de lecture La politique de la lecture est actuellement à la distribution (de recueils de fables de La Fontaine en CM2) et à l’injonction (« Lisez, lisez, lisez », vient d’ordonner le ministre aux 1ères). La pédagogie de la lecture nous rappelle que forcer à lire est très souvent inefficace voire dissuasif, qu’accompagner les élèves dans l’appropriation des œuvres est motivant et enrichissant. L’enseignement à distance lui-même peut-il favoriser la proximité des élèves avec la littérature ? Lionel Vighier : Un magazine numérique sur Le Petit Prince en 5ème « Ce travail sur « Le Petit prince » a été mené en 5ème. • Étape 1 : compréhension littérale de l'œuvre suivie par des questionnaires de lecture et des échanges synchrones (en classe, avant le confinement, puis en classe virtuelle). • Étape 2 : approfondissement de l'interprétation du conte. • Étape 3 : Remue-méninges (“brainstorming”). • Étape 4 : Répartition des missions. • Étape 5 : Elaboration de la production pour une date définie.
Claire Tastet : Lire autrement au lycée Comment aider les élèves à affronter les difficultés de lecture que leur posent certaines œuvres littéraires ? Quelles stratégies inventer pour que chacun.e, d’une façon ou d’une autre, parvienne à se les approprier ? A Tours, au lycée Jacques de Vaucanson, Claire Tastet s’est confrontée concrètement au problème lors d’une séquence en seconde sur « Le Tartuffe » de Molière. Elle a constitué des groupes différenciés de lecteurs, adapté les consignes, favorisé l’appropriation de la pièce par la tenue d’un carnet de lecture, exploité l’horizon d’attente que crée l’auteur en demandant de produire une image de ce que sera Tartuffe lorsqu’il entrera en scène, orchestré des échanges sur ces créations … Au final, le dispositif fortifie tout à la fois la compréhension et le plaisir de l’œuvre. Comment est né ce travail de lecture différenciée autour de Tartuffe ? Le projet est né d’un constat. Quelles modalités de travail avez-vous alors choisi de mettre en œuvre ? Les travaux des élèves
Audrey Lorre : Classe investigation sur une œuvre Et si les élèves transformaient l’étude d’une œuvre en enquête journalistique ? C’est le pari stimulant d’Audrey Lorre, professeure de français au collège Boris Vian à Mézidon-Canon dans le Calvados. Au début d’une séquence sur Les Misérables de Victor Hugo, elle offre à chaque élève une carte de presse, transforme la classe en salle de rédaction, confie aux groupes un dossier comprenant plusieurs extraits. Les élèves vont mener l’enquête pour éclairer le parcours d’un personnage, faire des recherches autour d’un thème (l’enfer des bagnes, le travail des enfants, la place des femmes …), rédiger des articles, réaliser des interviews fictives … Par-delà le plaisir du jeu de rôles, l’appropriation de l’œuvre ou la découverte des techniques journalistiques se construit alors une posture : celle d’un élève-chercheur qui considère la littérature comme une possibilité d’engagement dans le monde. Vous faites de votre classe « une classe investigation » : qu’entendez-vous par là ?
Au bonheur de l’écriture d’appropriation Au collège et au lycée, l’écriture d’appropriation serait-elle l’horizon pédagogique de l’enseignement du français ? Susceptible de faire respirer les élèves dans les étouffants nouveaux programmes ? De les aider à développer des compétences de lecture et d’écriture dans la proximité des œuvres littéraires ? De susciter l’imagination des enseignant.es pour stimuler et accompagner au mieux les lectures ? En voici un exemple proposé par Marie Pigache à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Marie-Lyse Martin à Tourlaville et Manon Bozec à Fougères. En 4ème et en 2nde, elles ont, entre autres activités, amené leurs élèves à faire s’exprimer sur Edmodo les personnages du roman de Zola « Au bonheur des Dames ». « Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. Quels usages avez-vous faits de l’application numérique de la Bibliothèque nationale de France ?