Gilles Deleuze et Michel Foucault: le réseau, l’archive et le livre La nouvelle donne documentaire amène à relire les "grands ancêtres" des années 60 et 70. Quelques citations rencontrées la semaine dernière, qui font réseau: 1. Gilles Deleuze et Felix Guattari sur le livre et le réseau dans Rhizome (1976): Il n’y a pas de différence entre ce dont un livre parle et la manière dont il est fait. Un livre n’a donc pas davantage d’objet. (via Reprises) 2. Par archive, j’entends d’abord la masse des choses dites dans une culture, conservées, valorisées, réutilisées, répétées et transformées. (via article de Gabriel Gallezot et Olivier Ertzscheid sur ArchivesSIC) 3. aucun livre ne peut exister par lui-même; il est toujours dans un rapport d’appui et de dépendance à l’égard des autres; il est un point dans un réseau; il comporte un système d’indications qui renvoient – explicitement ou non – à d’autres livres, ou à d’autres textes, ou à d’autres phrases. Quelques commentaires personnels dans le billet de bibliothécaire, que GG m’a persuadé de transposer ici.
Peut-on souffrir des tragédies vécues par nos ancêtres ? Comment le cerveau influence-t-il le comportement ? Les spermatozoïdes peuvent ils être modifiés par l'environnement et transmettre certains caractères acquis à travers les générations ? Traumatismes en héritage : quels sont les effets de l’environnement et de la culture sur les mécanismes biologiques, en particulier au niveau du cerveau ? Comment ceux-ci peuvent-ils influencer le comportement ? Comment les cellules germinales mâles, c’est-à-dire les cellules de sperme, peuvent-elles être modifiées par l’environnement de façon à transmettre certains caractères acquis à travers les générations ? Chacun de nous est déterminé par nos gènes, on hérite d’un set de gènes paternels et maternels (…), en réalité nous sommes plus que nos gènes, nous sommes une combinaison de gènes qui sont influencés par des facteurs environnementaux, et ils sont nombreux : notre vie, notre comportement, notre physiologie… Une conférence enregistrée en 2016.
Psychiatrie (4/4) : Heidegger, psychiatre malgré lui ? Qu'est-ce que la Daseinsanalyse, concept pensé par Heidegger en 1927 dans son livre "Être et Temps" ? Qu'est-ce que la phénoménologie, développée par Husserl puis par Heidegger, apporte à la psychiatrie ? Doit-on et peut-on l'appliquer à des cas pratiques ? L'invité du jour : Camille Abettan, philosophe à l’unité de recherche du Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales (CRISES) et psychiatre au service urgence et post-urgence psychiatrique du CHU de Montpellier Auteur de Phénoménologie et psychiatrie : Heidegger, Binswanger, Maldiney aux éditions Vrin (2018) et responsable et traducteur de l’édition de Phénoménologie, psychologie, psychiatrie de Ludwig Binswanger aux éditions Vrin (2016). Rencontre entre la philosophie phénoménologique et la psychiatrie La rencontre entre la philosophie phénoménologique et la psychiatrie procède des psychiatres. Binswanger, Karl Jaspers, et l'intérêt pour la phénoménologie Textes lus par Vincent Schmitt : Sons diffusés :
«Surveiller et punir» est devenu surveiller, punir et jouir Temps de lecture: 9 min Quand Surveiller et punir paraît en 1975, l’ouvrage de Michel Foucault impressionne à la fois par son érudition et les thèses qu’il expose. Il y est notamment question des supplices infligés par la monarchie absolue et de la disparition progressive des exécutions publiques, concomitante à l’émergence de l’univers caché du carcéral. Le livre s’ouvre avec le terrible châtiment infligé à Damiens en 1757 pour tentative de régicide sur Louis XV. Spectacle insupportable? Du supplice public à la prison qui rééduque La mort de Damiens marque un tournant. Ainsi, au tournant du XIXe iècle, la prison, cette «détestable solution dont on ne saurait faire l’économie», écrit Foucault, s’impose et, avec elle, le principe d’un châtiment «beaucoup plus doux, plus humain, mais continu». D’autant plus que «le droit de punir a été déplacé de la vengeance du souverain à la défense de la société». La figure du suspect, victoire idéologique de la police 11-Septembre et 13-Novembre À lire
Les "jobs à la con" sont partout (et c’est à ça qu’on les reconnaît…) En 2013, dans un article paru dans le magazine Strike, David Graeber nous alertait sur la multiplication des « Job à la con », ces emplois rémunérés inutiles, superflus et néfastes, au point que même les salariés qui les occupent ne parviennent pas à en justifier l’existence, en particulier lorsqu’on les compare à des professions comme celles du professeur ou de l’infirmière, moins bien payés en dépit de leur importance. David Graeber avait ouvert sans le savoir les vannes d’un malaise de plus en plus présent dans le monde du travail. Devenu viral, son article a provoqué une pluie de réactions mondiales et un abondant courrier des lecteurs dont il tire aujourd’hui un livre, Bullshit Jobs (Les Liens qui Libèrent, 2018), une analyse étayée de nombreux témoignages qui soulèvent tous la même question : A quoi bon ? A quoi je sers ? Une des choses qui m'a le plus impressionné, c'est de voir à quel point les gens étaient malheureux. (...) Extraits sonores :
Psychiatrie (2/4) : Sommes-nous tous malades ? Il existe une proximité et une confusion entre déprime et dépression. En France, cette dernière affecterait 2,5 millions de personnes et est devenue un véritable enjeu sociétal. Psychiatrie, santé mentale, de quoi parlons-nous ? Comment définir la crise que traverse aujourd'hui la psychiatrie ? Les invités du jour : Pierre-Michel Llorca, professeur de psychiatrie à l'Université d'Auvergne, responsable du service de Psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, co-auteur de Psychiatrie : l’état d’urgence aux éditions FayardPierre Sidon, psychiatre, psychanalyste, médecin directeur du CSAPA (Centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) UDSM (Union pour la défense de la santé mentale) à Champigny-sur-Marne, membre de l’ECF (Ecole de la cause freudienne) Origine des pratiques de la psychiatrie La psychiatrie, parangon de la médecine Les maladies psychiques, des êtres de parole Sons diffusés :
Préface de Michel Foucault à la traduction américaine du livre de Gilles Deleuze et Felix Guattari, L'Anti-Oedipe : capitalisme et schizophrénie. Préface In Deleuze, G. et Guattari, F. Anti-Oedipus : Capitalism and Schizophrenia, New York, Viking Press, pp. XI-XIV 1977 Préface de Michel Foucault à la traduction américaine du livre de Gilles Deleuze et Felix Guattari, L'Anti-Oedipe : capitalisme et schizophrénie. In Michel Foucault, Dits et Ecrits Tome IIII, texte n° 189, 1976-1988, Paris, Gallimard, 2001 (1ère Edition 1994), p. 133-136. Dits et Ecrits Tome IIII texte n° 189 Origine => Téléchargement : Trouvé sur : Pendant les années 1945-1965 (je parle de l'Europe), il y avait une certaine manière correcte de penser, un certain style du discours politique, une certaine éthique de l'intellectuel. Puis vinrent cinq années brèves, passionnées, cinq années de jubilations et d'énigmes. Mais est-bien ce qui s'est passé ? L’Anti-Œdipe montre, tout d'abord, l'étendue du terrain couvert. - ne tombez pas amoureux du pouvoir.
Petit éloge de la procrastination Le philosophe américain a écrit un plaidoyer en faveur de la procrastination structurée, proposant quelques mesures adaptées à ceux qui remettent au lendemain afin de tirer profit de cette tendance et augmenter leur capacité de travail. Procrastinateur vs proactif C’est un livre assez épatant, inhabituel, et drôle. "Procrastiner, c’est vivre l’idée pure qu’un jour on se réalisera, mais ce n’est jamais le chemin concret de la réalisation" Ce livre est formidable, drôle, mais je suis néanmoins pour la requalification de la procrastination en faute morale ! Procrastiner, un luxe de riche ? C’est un livre très réussi qui fait sourire, voire rire. Sons diffusés : Extrait du court-métrage Procrastination , de Johnny Kelly.Charles Pépin dans Service Public , le 27 janvier 2011.Extrait du film Alexandre le bienheureux , de Yves Robert, avec Philippe Noiret.« Paresseuse », de Bénabar.
Psychiatrie (3/4) : Antonin Artaud, pour en finir avec l’enfermement Dès l'enfance, Antonin Artaud (1896-1948) présente des troubles nerveux. Dans les années 1920, ses parents, qui vivent à Marseille, le confient au docteur Toulouse, directeur de l’asile de Villejuif. Il écrit beaucoup... Mais la maladie n’est pas forcément négative, en tout cas du point de vue du créateur. L'invitée du jour : Evelyne Grossman, professeure de littérature française contemporaine à l’Université Paris Diderot Paris 7 Les souffrance d'Antonin Artaud Dans sa jeunesse, la famille d’Artaud le fait suivre rapidement par toutes sortes de médecins en Suisse ou ailleurs. La rencontre avec le docteur Toulouse et avec la vie parisienne Dans les années 20, Artaud a rencontré le docteur Toulouse et ça a été une chance parce qu’il était psychiatre mais aussi homme de culture, il lui a présenté un certain nombre d’artistes et d’intellectuels, à Paris, et a fait de lui le co-directeur de sa revue « Demain », une revue de psychiatrie mais aussi de culture, d’art. Le mal de vivre
Le philosophe masqué «Le philosophe masqué» (entretien avec C. Delacampagne, février 1980), Le Monde, no 10945, 6 avril 1980, Le Monde-Dimanche, pp. I et XVII. Dits Ecrits tome IV texte n°285 C'est en janvier 1980 que Christian Delacampagne décida de demander à M. Foucault un grand entretien pour Le Monde, dont le supplément dominical était alors largement consacré à des débats d'idées. Le secret fut bien gardé jusqu'à la mort de M. - Permettez-moi de vous demander d'abord pourquoi vous avez choisi l'anonymat ? - Vous connaissez l'histoire de ces psychologues qui étaient venus présenter un petit film test dans un village du fin fond de l'Afrique. Chez nous, les personnages font la loi à la perception. Pourquoi vous ai-je suggéré que nous utilisions l'anonymat ? Je proposerai un jeu : celui de l'«année sans nom». - Pensez-vous que les intellectuels, aujourd'hui, parlent trop ? - Le mot d'intellectuel me paraît étrange. En revanche, j'ai rencontré beaucoup de gens qui parlent de l'intelleCtUel.
La novlangue de George Orwell, un instrument de domination Il y a 70 ans paraissait le roman 1984, de George Orwell, l’un des récits les plus bouleversants du XXe siècle. Dans ce livre, un régime totalitaire modifie le langage pour s’assurer du contrôle des masses. George Orwell y montre comment les mots peuvent devenir un instrument de domination. Afin de s’assurer le contrôle des esprits, les autorités ont créé cette novlangue (newspeak), censée remplacer l’anglais traditionnel (oldspeak). Jean-Jacques Rosat, professeur de philosophie, éditeur et spécialiste d'Orwell : "Il y a deux volets dans cette entreprise. Le premier concerne le langage courant. Et puis un deuxième volet, plus intéressant, l’invention d’un certain nombre de mots qu’Orwell appelle des “blanket words”, des mots-couvertures. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce n’est pas de la censure. Socialiste libertaire, George Orwell est proche du parti travailliste. Jean-Jacques Rosat : "En politique, on voit très bien à quoi ça s'applique, c’est les phrases toutes faites.