De quoi avons-nous (vraiment) besoin ?, par Razmig Keucheyan (Le Monde diplomatique, février 2017) La transition écologique suppose de faire des choix de consommation. Mais sur quelle base ? Comment distinguer les besoins légitimes, qui pourront être satisfaits dans la société future, des besoins égoïstes et déraisonnables, qu’il faudra renoncer à assouvir ? C’est la question qu’aborde le Manifeste négaWatt, l’un des ouvrages d’écologie politique les plus stimulants parus récemment, rédigé par des spécialistes de l’énergie (1). Un négawatt, c’est une unité d’énergie économisée — « néga » pour négatif. Grâce aux énergies renouvelables, à l’isolation du bâti ou au raccourcissement des circuits économiques, il est possible, selon les auteurs, de mettre sur pied un système économique qui soit écologiquement viable à l’échelle d’un pays, et même au-delà. Le consumérisme ambiant ne saurait perdurer, car il accroît en permanence les flux de matières premières et la consommation d’énergie. Dès lors, deux problèmes apparaissent. Une tâche brûlante de notre temps
COP21 : 700 maires du monde réunis à Paris pour exercer « une pression positive » Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Laetitia Van Eeckhout Exercer une « pression positive » sur les négociations qui se déroulent au Bourget. Telle est la volonté des représentants des quelque 1 000 villes du monde entier réunis, vendredi 4 décembre à Paris, en marge de la COP, pour un Sommet des élus locaux pour le climat. Ce rassemblement est organisé à l’initiative d’Anne Hidalgo, l’hôte, et de Michaël Bloomberg, envoyé spécial des Nations unies pour les villes et le climat et ancien maire de New York. Lire aussi : Anne Hidalgo et Michael Bloomberg : « Accord contraignant ou pas, il faut agir » Rio de Janeiro, Santiago du Chili, Milan, Athènes, Londres, Bordeaux, Copenhague, Berlin, Londres, Sydney, Séoul, Shanghai, New Delhi, Pékin, Bamako, Dakar, Johannesburg, Chicago, Los Angeles, Montréal, Vancouver… Au total, 700 maires ont répondu présent. Des villes plus ambitieuses Les élus veulent aller au-delà de cette reconnaissance et apporter « une contribution décisive à la COP21 ».
La Terre vue de l'espace, belle mais si fragile | Les années lumière Science et technologie La Terre vue de l'espace, belle mais si fragile Le dimanche 22 novembre 2015 Les pieds sur Terre, mais la tête dans les étoiles, Jacques Arnould appréhende d'une manière différente la crise climatique. « J'ai la chance de prendre le temps de réfléchir au pourquoi de nos activités spatiales et en quoi ces activités vont changer notre vie humaine sur Terre. » En entrevue avec Chantal Srivastava, le philosophe et historien des sciences chargé des questions éthiques au Centre national d'études spatiales (CNES) explique comment l'espace peut être un instrument de lutte aux changements climatiques. Créer un compte
Du ski par 40 °C, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, août 2017) Ce n’est plus aux États-Unis que se joue l’avenir de l’air conditionné. Si la consommation électrique nécessaire à la climatisation continue d’y augmenter, du fait de l’agrandissement des maisons et du réchauffement climatique, les ventes de climatiseurs stagnent, les ménages se contentant de remplacer leurs vieux appareils. De nouveaux clients sont apparus dans les pays émergents, à mesure que s’y constituait une classe moyenne urbaine. En comparaison, l’Inde demeure assez peu équipée (2 à 3 % des foyers), mais le potentiel de développement est immense. Déjà bien implanté au Japon, en Corée du Sud ou dans les pays du Golfe, où l’on fait du ski dans des centres commerciaux par 40 °C à l’extérieur, le marché de l’air conditionné se développe à vive allure au Brésil, en Indonésie, au Nigeria, aux Philippines ou encore au Mexique.
Les plus pauvres émettent 2 000 fois moins de gaz à effet de serre que les plus riches Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Martine Valo Les quantités de gaz à effet de serre émises dans l’atmosphère ne présagent pas seulement de l’évolution du changement climatique à venir, elles constituent aussi un solide indicateur des énormes disparités économiques dans le monde. C’est sous cet angle-là que les économistes Lucas Chancel et Thomas Piketty abordent la question de l’atténuation du réchauffement dans leur étude « Carbone et inégalité : de Kyoto à Paris », rendue publique mardi 3 novembre. Dans leur analyse, qui s’appuie sur des données reflétant la forte hausse des émissions de ces gaz depuis 1998, les deux chercheurs de l’Ecole d’économie de Paris – l’un à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), le second en tant que directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) – remettent en cause l’approche par pays. 13 tonnes pour un Européen, 6 pour un Chinois Mettre à contribution les plus gros émetteurs
Qui sont les cancres et les zélés du climat? La réponse en cartes | Les cartes week-end Quelles provinces font le plus d'efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre? Quelles sont celles qui se croisent les bras? Voici un tour d'horizon avec des cartes et des analyses. Un texte de Danielle Beaudoin Pour voir cette carte sur votre appareil mobile, cliquez ici. Les meilleurs élèvesLa Colombie-Britannique, le Québec et l'Ontario ont travaillé plus fort que les autres provinces pour lutter contre les changements climatiques, selon Annie Chaloux, professeure et directrice de l'Observatoire des politiques publiques de l'Université de Sherbrooke (OPPUS). « Ça fait très longtemps qu'elles mettent en place des politiques, elles sont très sensibles à la question des changements climatiques. » — Annie Chaloux, directrice de l'OPPUS L'experte constate que le Québec a été particulièrement proactif dans ce domaine, notamment en raison de la création en 2013 d'un marché du carbone avec la Californie. « Des producteurs de pétrole. Donner des bonbons aux mauvais élèves?
L’air conditionné à l’assaut de la planète, par Benoît Bréville (Le Monde diplomatique, août 2017) La ville de Hamilton, au Canada, n’est guère connue pour la douceur de son climat : chaque année, les températures y sont négatives pendant cent vingt-neuf jours, et elles ne dépassent 30 °C que pendant dix-huit jours. Dans cette localité de 500 000 âmes, 82 % des foyers disposent pourtant de la climatisation, une technologie que le conseil municipal envisage de fournir gratuitement aux résidents pauvres souffrant de problèmes de santé. Hamilton inaugurerait ainsi un dispositif inventé aux États-Unis, où des aides publiques existent déjà pour les ménages peinant à s’équiper (1). Subventionner l’air conditionné ? Mais le goût américain pour la fraîcheur artificielle ne se limite pas à ces zones arides ou subtropicales. Or cette dépendance a un coût écologique considérable, à la fois en termes d’émissions de gaz à effet de serre, du fait des fluides réfrigérants utilisés par les climatiseurs, et en termes de consommation énergétique. Des ours polaires devant les cinémas
Au Costa Rica, 98,7 % de l’électricité produite est « verte » Entre janvier et octobre, le pays a produit la quasi-totalité de son électricité à partir de l’hydraulique, la géothermie et l’éolien. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Frédéric Saliba (Costa Rica, envoyé spécial) À 2 400 mètres d’altitude sur la cime du Montecristo, au nord-ouest du Costa Rica, des dizaines d’éoliennes fendent l’air dans un bourdonnement lancinant. En contrebas, le lac d’Arenal s’étend à l’infini dans la vallée. « De janvier à octobre, nous avons produit 98,7 % de notre électricité à partir d’énergies renouvelables », se félicite Elbert Duran, directeur de la communication de l’Institut costaricain d’électricité (ICE). L’année prochaine, le pays prévoit d’atteindre 100 % d’électricité verte. Diversifier la production d’énergies propres Le 4×4 traverse la ville de Tilaran, dont le nom vient du mot tilawa, qui signifie en langue indienne, « le lieu de la pluie et du vent ». Juste à côté de l’usine Miravalles III, 4 300 panneaux photovoltaïques scintillent au soleil.
Ruée en vue pour les terres d’ici Les bouleversements climatiques qui frappent de plus en plus la planète risquent d’accélérer l’accaparement de terres agricoles québécoises, de plus en plus convoitées en raison de l’accroissement des possibilités de production alimentaire. C’est ce que conclut une étude de la Fondation David Suzuki qui sera publiée lundi et dont Le Devoir a obtenu copie. Une situation qui menacerait le secteur agricole de la province, mais aussi notre sécurité alimentaire. « Sous l’effet des changements climatiques, de plus en plus d’investisseurs pourraient être amenés à tourner leur regard vers les terres agricoles québécoises, qui devraient profiter d’un avantage concurrentiel par rapport aux terres agricoles des pays plus au sud », soutient le rapport intitulé « Climat d’accaparement ». Or, au cours des prochaines décennies, la population mondiale devrait dépasser les neuf milliards de personnes, ce qui signifie qu’il faudra augmenter la production alimentaire mondiale d’au moins 50 % d’ici 2050.
Un an dans la vie d’une forêt – Le Comptoir Pendant un an, à intervalles réguliers, au fil des saisons, David Haskell a observé un mètre carré d’une forêt des Appalaches, dans l’État du Tennessee, mètre carré qu’il a fort à propos décidé de baptiser le “mandala”, du nom des diagrammes symboliques qui représentent dans le bouddhisme l’évolution et l’involution de l’univers par rapport à un point central, et qui sont généralement utilisés comme supports pour la méditation. « Les énergies lumineuse et sonore qui inondent le mandala trouvent un point de convergence dans ma conscience, où leur beauté est ardemment appréciée. Il y a également convergence au départ du trajet de l’énergie, au cœur incroyablement chaud et pressurisé du soleil. Celui-ci est à l’origine aussi bien de la lumière de l’aube que du chant matinal des oiseaux. Le rougeoiement à l’horizon est de la lumière filtrée par l’atmosphère ; la musique dans l’air est de l’énergie solaire filtrée par les plantes et les animaux dont se sont nourris les oiseaux chanteurs.
Et si Lyon bannissait la voiture ? Les résultats d'une enquête sur nos déplacements Une piste cyclable fraîchement peinte. Crédit : DD/Rue89Lyon. Logiquement, l’équipement des ménages en voiture se réduit également. Tandis que ceux qui continuent à l’utiliser plébiscitent les parcs-relais. Gérard Collomb aime comparer Lyon aux grandes villes européennes. Alors à quand Lyon sans voiture ? Le dernier état des lieux datait de 2006. L’enquête « déplacements » pilotée par le Sytral porte sur 569 communes à cheval sur trois départements. Les ménages ont moins de voiture Le nombre de voitures par ménage a baissé entre 2006 et 2015. C’est peut-être là que se situe la vraie rupture. On compte aujourd’hui 390 véhicules pour 1 000 habitants à Lyon-Villeurbanne et 520 pour 1 000 habitants dans le reste de la Métropole de Lyon. Pas de secret, évidemment : mieux une zone est desservie par les transports collectifs (bus, tram, trains), moins les gens ont de voiture. Le Beaujolais, l’Ain ou le Pays viennois sont mieux lotis. Des citoyens qui se déplacent moins… du fait d’internet ?
Un 30e record d'émissions de CO2 d'affilée en 2014 Le secrétaire général de l'OMM, Michel Jarraud, montre des graphiques du plus récent bulletin sur les gaz à effet de serre publié par son agence. Photo : GI/FABRICE COFFRINI Les rejets de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ont atteint un record en 2014, le trentième de suite, a annoncé lundi l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence dépendant de l'ONU. Des graphiques publiés par cette agence l'OMM montrent que le niveau de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre, monte progressivement vers le seuil des 400 parties par million (ppm), année après année. Chaque année montre un nouveau record depuis la tenue des premières statistiques fiables à partir de 1984. « Chaque année, les concentrations de gaz à effet de serre battent de nouveaux records. Les niveaux de CO2 ont atteint en moyenne 397,7 ppm l'an dernier et ont brièvement franchi la barre des 400 ppm début 2014 dans l'hémisphère nord, puis à nouveau dans le monde début 2015.
Murray Bookchin, écologie ou barbarie, par Benjamin Fernandez (Le Monde diplomatique, juillet 2016) Le 6 janvier 2014, les cantons du Rojava, dans le Kurdistan syrien, se sont fédérés en communes autonomes. Ils ont adopté un contrat social qui établit une démocratie directe et une gestion égalitaire des ressources sur la base d’assemblées populaires. C’est en lisant l’œuvre prolifique de Murray Bookchin et en échangeant avec lui depuis sa geôle turque, où il purge une peine d’emprisonnement à vie, que le chef historique du mouvement kurde, M. Abdullah Öcalan, a fait prendre au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) un virage majeur pour dépasser le marxisme-léninisme des premiers temps. Né en 1921 à New York de parents juifs russes révolutionnaires, Bookchin grandit dans le Bronx, alors chaudron des luttes ouvrières américaines. Dans le Vermont de Bernie Sanders en 1971 En 1971, la publication du recueil Au-delà de la rareté propulse Bookchin au rang de figure de proue de la scène radicale new-yorkaise et lui confère une audience auprès de la Nouvelle Gauche américaine.
Ébauche de réflexion sur les stratégies du mouvement pour la justice climatique après Paris Après la COP21, que faire pour sauver le climat? Dans cet article, Maximes Combes (économiste et membre d’Attac) & et Nicolas Haeringer (chargé de campagne pour 350.org et membre de Mouvements) esquissent des pistes de réflexion pour continuer à construire le mouvement pour la justice climatique. 2015 fut à l’évidence une année intense concernant le climat. Le mouvement pour la justice climatique a pris de l’ampleur et a gagné en vigueur, engrangeant de nombreux succès : des journées mondiales du désinvestissement (13 et 14 février), aux actions organisées en clôture de la COP 21 à Paris (12 décembre), en passant par le gel définitif du projet d’oléoduc de Keystone-XL aux États-Unis (annoncé par B. 2015 est donc une année qui nous a servi à construire des bases, plus solides, d’un mouvement capable d’engager la grande transition vers des sociétés justes et durables. Nous devons donc poursuivre nos mobilisations et nos engagements, avec une détermination intacte.