Du risque à la catastrophe. On assiste depuis dix ans à la multiplication, en sciences humaines et sociales, des travaux traitant de la catastrophe.
En attestent les nombreuses publications, en sociologie [1], en anthropologie [2], en histoire [3] ou en philosophie [4], pour lesquelles elle est un objet central. Certaines revues y ont consacré de substantiels dossiers (Esprit, 2008 ; Le Portique, 2008 ; Terrain, 2010) croisant les différents champs disciplinaires. On peut penser que l’augmentation du nombre de catastrophes ces dernières années (par exemple, le tsunami en 2004, l’ouragan Katrina en 2005, le séisme en Haïti en 2010, plus récemment le tsunami au Japon, mais aussi l’explosion de l’usine AZF en 2001 ou l’attaque terroriste contre les Twin Towers en 2001) explique très largement que celles-ci fassent l’objet d’une attention particulière, qu’il s’agisse de comprendre ce qu’elles impliquent ou plus spécifiquement d’envisager les manières de s’en prévenir.
Risque et précaution. Non, les intellos de gauche ne sont pas morts ! La gauche a-t-elle perdu la bataille culturelle ?
Depuis les années 1970, le capitalisme a connu une crise, des bouleversements, des transformations. Ces transformations, c’est la mondialisation, la multiplication des délocalisations, ce qu’on appelle parfois la financiarisation du capital. Cet ensemble de transformation a objectivement favorisé la droite. Ce qu’on appelle la bataille culturelle, c’est la manière dont la droite a su se saisir des possibilités que lui offraient une crise qu’elle-même avaient provoquée par ses idées et ses politiques publiques. Provisoirement, je pense que la droite a imposé son discours, ses catégories de compréhension du monde.
Quelle serait la cartographie des pensées de droite aujourd’hui ? La pensée à droite est extrêmement composite. De manière constante, les penseurs de droite ont aussi une importance dans le fonctionnement du capitalisme globalisé. Comment maîtriser l'angoisse et la joie, les deux horizons inextricables de la vie ? Vivre : une joie ou une souffrance ?
Hervé Regnauld : L’événement anthropocène. Hervé Regnauld Le mot événement désigne principalement une nouveauté, comme la sortie d’un nouveau livre.
Kung-fu et lutte de classe, par Daniel Paris-Clavel (Le Monde diplomatique, décembre 2016) En 1973, le situationniste René Viénet, sinologue et cinéphile averti, détourne les dialogues d’une obscure production de Hongkong : The Crush, réalisé l’année précédente par Tu Guangqi sur un scénario de Ni Kuang.
Il transforme l’histoire classique d’un village chinois envahi par des samouraïs et défendu par un adepte du kung-fu (Jason Pai Piao) en un jouissif « toast aux exploités pour l’extermination des exploiteurs », intitulé La dialectique peut-elle casser des briques ? Beaucoup n’y voient alors qu’une parodie subversive bricolée aux dépens d’un cinéma farfelu venu d’Orient. Pourtant, à l’instar de bon nombre de ses camarades de l’Internationale situationniste, Viénet n’a aucun mépris pour le cinéma populaire. Au contraire : pour avoir été l’un des premiers importateurs de films de kung-fu en France, il en connaît parfaitement les codes. Qu'est-ce qu'exister ? " Eloge de l’abandon ou le sens de la vie" de Vincenzo Sorrentino. « Les ailes du désir », le film de Wim Wenders sorti à la fin des années 80, raconte l'histoire d'un ange qui choisit de s'incarner dans une ville qui a connu les horreurs du nazisme, afin d'éprouver la beauté de la vie terrestre et de l'union avec une femme.
Il choisit, autrement dit, d'abandonner sa condition d'immortel et son idéal ascétique : il choisit de s'abandonner. " Deviens ce que tu es " de Dorian Astor. Comment mettre des mots sur ce qui est justement en train de devenir ?
Et que devient-on si ce n'est ce que l'on est déjà ?... Mais d'ailleurs, doit-on nécessairement devenir quelque chose ou quelqu'un ? Pourrait-on seulement "devenir"...? LA RÉSILIENCE DANS LES SITUATIONS EXTRÊMES PAR BORIS CYRULNIK. "L'art de la joie" de Goliarda Sapienza. Travail en souffrance, par Mathilde Goanec (Le Monde diplomatique, juin 2015)
Pour comprendre ce qui se joue au travail, il est bon de se pencher sur le cadre de l’emploi.
Sophie Robin-Olivier, professeure de droit à la Sorbonne, s’y est attelée dans un ouvrage austère mais éclairant (1). En mettant en regard plusieurs pays européens ainsi que les Etats-Unis, cette spécialiste du droit social élabore une typographie des contrats de travail flexibles et constate le succès du modèle anglo-saxon, dominé par la liberté contractuelle, dans lequel « le rééquilibrage du rapport inégal des parties au contrat de travail ne constitue plus un objectif de la politique sociale ». Au-delà des mutations au niveau macroéconomique, c’est bien la matière « travail » qu’étudient respectivement Danièle Linhart et Christophe Dejours. La première, sociologue, analyse dans son dernier ouvrage le management « humaniste », sorte de sursaut psychologisant à l’œuvre dans les entreprises pour répondre à la souffrance au travail (2)
. (2) Danièle Linhart, La Comédie humaine du travail. Cynthia Fleury : “Etre courageux, c'est parfois endurer, parfois rompre” Philosophe et psychanalyste, elle insiste sur l'importance pour chacun de construire son propre destin.
Nicole Lapierre : “Une appétence au bonheur envers et contre tout” “Dans ma famille, on se tuait de mère en fille.”
Dès son amorce, les souvenirs de disparitions hantent l’épopée intime de Nicole Lapierre Sauve qui peut la vie. Se présentant comme un récit explorant les strates enfouies d’une matière biographique lourde à porter – fille d’un Juif immigré ayant survécu aux persécutions, suicides de sa sœur, en 1982, puis de sa mère, en 1990 –, Sauve qui peut la vie s’éloigne subtilement de l’exercice d’introspection pure et mûre pour tendre vers une réflexion plus ample. La révélation chuchotée des névroses familiales dont elle a forcément hérité est surtout l’occasion pour l’anthropologue de tracer une voie émancipatrice : celle par laquelle elle a appris à se détacher des douleurs passées et des places assignées.
Mais aussi celle par laquelle elle a appris, à partir de ce détachement, à dégager une nouvelle puissance de vie, à la fois imbriquée au passé et libérée de lui. “Résister au mauvais temps présent”