A qui profite le rire ? «Peut-on (encore) rire de tout?»
Titrait il y a quelques jours le Parisien, posant une double question : a-t-on moins de liberté aujourd’hui en tant qu’humoriste quant aux sujets qu’on peut aborder, et quel est cet «avant», ce temps béni des… oups, je m’égare, ce temps où on pouvait rire de tout et où le «vivre ensemble» régnait, paraît-il, sur la société française ? Force est de constater une immense confusion dès qu’on parle d’humour et de «liberté d’expression». Apparemment l’humour serait un lieu sacré et intouchable, et exprimer toute opinion quant à ce qui est drôle ou pas est immédiatement perçu comme du fascisme et assimilé à de la «censure»… Petit préalable à mon propos : je tiens à rappeler que je n’ai pas le pouvoir de la censure.
En effet, la censure vient par définition de l’Etat et des lieux de pouvoir – auquel ni moi ni mon amie Rokhaya Diallo n’appartenons (pas faute d’avoir tenté hein !). Les hommes qui font des blagues sexistes et homophobes se sentiraient menacés dans leur masculinité. Ouch.
Messieurs, ce n’est pas nous qui le disons, mais bien des chercheurs de la Western Carolina University aux États-Unis. L’étude a été menée sur 387 hommes hétérosexuels. Ceux-ci ont rempli un questionnaire sur leur personnalité, leurs goûts, leurs aptitudes sociales, leur genre d’humour et leurs opinions sur les homosexuels et les femmes. On leur a demandé à quel point ils étaient en accord ou en désaccord avec des phrases comme: «Les femmes obtiennent du pouvoir en prenant le contrôle sur les hommes» ou «Lorsqu’une femme réussit à ce qu’un homme s’engage avec elle, elle tente de le tenir en laisse.»
Les résultats de l’étude auraient démontré que les hommes qui étaient le plus en accord avec des phrases comme celles précédemment mentionnées ou qui s’opposaient à d’autres «statements» questionnant les normes des genres masculin et féminin étaient ceux qui utilisaient le plus de blagues sexistes et homophobes pour attirer l’attention ou pour se donner confiance en soi devant un groupe. Forme D’humour. Depuis quelque temps, à force de l’ouvrir au sujet de l’humour, mes amis militants et moi, on a fini par atteindre certaines oreilles.
Et, comme on pouvait s’y attendre, nos propos et nos revendications n’ont pas été du goût de tout le monde. Il faut dire que le sujet est délicat dans une société où il est de bon ton de dire « qu’on peut rire de tout mais pas avec tout le monde » et ce sans même se demander pourquoi et dans quel contexte Desproges a bien pu dire ça. Bref, captain obvious to the rescue, les gens veulent rire de tout. Ou plutôt, ils veulent rire de ce qu’ils veulent sans se prendre la tête et surtout, sans réfléchir. Les gens veulent rire de tout donc, et craignent pour leur droit à continuer de dire « oogah boogah » devant un noir quand on dénonce leur humour intolérant. The Psychology of Humor: An Integrative Approach - Rod A. Martin. The Psychology of Humor. The author returns to the notion of humor as a social phenomenon, and the observation that people laugh more frequently in the presence of others than they do when they are alone - and even in the latter case humor is "pseudo-social" because we are reading a book, watching a video program, or recalling an amusing experience that involves other people.
Social psychology, which considers the way people's behavior is influenced by others, takes interest in humor as a social phenomenon. Which is to say that humor is a way in which people seek to interact with others, and plays an important role in social posturing, communication, attraction, group formation, and other areas. Humor as Social Interaction Laboratory studies of humor yield little information about its social aspect, in that they focused on the mechanical aspects of humor and the manner in which an individual, in isolation, interprets it.
Interpersonal Functions of Humor. Humour, oppression et bingo. Rire des stéréotypes pour créer le déclic. “Je me suis fait violence pour engager une femme et vous m’annoncez que vous êtes enceinte?”
Dit l’employeur visiblement excédé à la collaboratrice qui lui fait face. Le même, d’humeur plus magnanime, à une autre : “Ok, je vais temporairement aligner votre salaire sur celui d’un homme en attendant que vous en trouviez un!”. Et celui-là, ne voyant pas, mais vraiment pas où est le mal : “Soyons lucides, Sonia, si vous aviez vraiment de l’ambition, vous auriez depuis longtemps quitté votre mari et vos enfants”. Oh, ça va… C’est pour rire! Je connais à peu près le Code de la Bonne Féministe lorsqu’il s’agit d’attaques frontales ou de sexisme primaire.
Pourquoi l’humour oppressif n’est pas drôle. Un jeu vidéo où il faut sauver une jeune fille anorexique en lui lançant de la nourriture vient de faire scandale et d’être retiré de la vente.
Humour & Blagues anti-dominants. Photo 7 Notes Photo 19 Notes Photo 17 Notes Image de gauche : “pas assez féminin”.Image de droite : “C'est mieux comme ça ?”
Photo 24 Notes - “des sex toys biodégradables.”- C'est pas très gentil de parler des cismecs comme ça. Photo 19 Notes.