Edgar Morin : « Chacun est une parcelle d’une aventure gigantesque commencée à la préhistoire » « Changeons de voie, changeons de vie » : c’est le titre de l’appel que le philosophe et sociologue Edgar Morin vient de lancer, incitant les alternatives à se fédérer.
Coordonné par les organisations Les états généraux du pouvoir citoyen, Les Jours Heureux, Utopia et le Collectif Roosevelt, il rassemble déjà une quarantaine [1] d’associations, collectifs, ou autres émanations de la société civile. A quelques mois de la présidentielle, ces organisations ont jugé que le moment était favorable à la mobilisation et à une « réappropriation citoyenne du politique ». Mais pour commencer, il fallait une vision commune. Edgar Morin, avec ses 95 ans de sagesse, fixe donc le cap, appelant notamment à l’éveil de notre conscience écologique. Reporterre - Pourquoi avoir lancé cet appel aux initiatives, et alternatives ? Edgar Morin - L’idée était de formuler un texte qui réponde à des aspirations très grandes et très profondes. Edgar Morin : « Nous avançons comme des somnambules vers la catastrophe.
Pourquoi la vitesse est-elle à ce point ancrée dans le fonctionnement de notre société ?
La vitesse fait partie du grand mythe du progrès, qui anime la civilisation occidentale depuis le XVIIIe et le XIXe siècle. L’idée sous-jacente, c’est que nous allons grâce à lui vers un avenir toujours meilleur. Plus vite nous allons vers cet avenir meilleur, et mieux c’est, naturellement. C’est dans cette optique que se sont multipliées les communications, aussi bien économiques que sociales, et toutes sortes de techniques qui ont permis de créer des transports rapides. Je pense notamment à la machine à vapeur, qui n’a pas été inventée pour des motivations de vitesse mais pour servir l’industrie des chemins de fer, lesquels sont eux-mêmes devenus de plus en plus rapides. Cela est-il donc si nouveau ? Dans les temps anciens, vous vous donniez rendez-vous quand le soleil se trouvait au zénith.
Cette quête de vitesse n’est-elle pas une illusion ? En quelque sorte si. Edgar Morin - Relier les savoirs pour apprendre à vivre. L’éducation devrait enseigner la complexité et les contradictions de la connaissance, permettant une meilleure compréhension d’autrui et du monde.
Sociologue et philosophe, Edgar Morin (né en 1921), fils d’un commerçant juif de Thessalonique, est devenu citoyen français par la vertu de l’école de la République. Edgar Morin Une civilisation veut naître, aujourd’hui il s’agit de changer de voie. Nous vivons dans une civilisation où la domination de l’intérêt (personnel et/ou matériel), du calcul (dont les chiffres ignorent le bonheur et le malheur), du quantitatif (PIB, croissance, statistiques, sondages) et de l’économique est devenu hégémonique.
Certes, il existe de très nombreuses oasis (1) de vie aimante, familiale, fraternelle, amicale, ludique qui témoignent de la résistance du vouloir bien vivre ; la civilisation de l’intérêt et du calcul ne pourra jamais les résorber. Mais ces oasis sont dispersées et s’ignorent les unes les autres. Edgar Morin : « Nul ne naît fanatique »
Nul ne naît fanatique, rappelle le sociologue et philosophe.
Pour empêcher le basculement dans la radicalité, l’enseignement devrait œuvrer sans relâche à délivrer la connaissance et à repérer les illusions. Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Edgar Morin (Sociologue et philosophe) Par Edgar Morin, sociologue et philosophe La première déclaration de l’Unesco à sa fondation avait indiqué que la guerre se trouve d’abord dans l’esprit, et l’Unesco a voulu promouvoir une éducation pour la paix. Mais en fait, il ne peut être que banal d’enseigner que paix vaut mieux que guerre, ce qui est évident dans les temps paisibles.
Cela dit, en temps même de paix peut se développer une forme extrême de l’esprit de guerre, qui est le fanatisme. Une structure mentale commune Nous avons pu constater dans l’histoire des sociétés humaines de multiples irruptions et manifestations de fanatisme religieux, nationaliste, idéologique. Edgar Morin : « Nul ne naît fanatique » Edgar Morin : "Le temps est venu de changer de civilisation". Eloge de la métamorphose, par Edgar Morin. Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose.
Le système Terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problèmes vitaux : périls nucléaires qui s'aggravent avec la dissémination et peut-être la privatisation de l'arme atomique ; dégradation de la biosphère ; économie mondiale sans vraie régulation ; retour des famines ; conflits ethno-politico-religieux tendant à se développer en guerres de civilisation. L'amplification et l'accélération de tous ces processus peuvent être considérées comme le déchaînement d'un formidable feed-back négatif, processus par lequel se désintègre irrémédiablement un système. Le probable est la désintégration.
L'improbable mais possible est la métamorphose. Qu'est-ce qu'une métamorphose ? Tout en fait a recommencé, mais sans qu'on le sache. Il ne suffit plus de dénoncer. Edgar Morin : « La résistance me rend vivant ! « Je crois que, malgré l’adversité, je me sens stimulé de voir que l’on a affaire à deux vieilles barbaries.
Celle que l’on connaît, l’ancienne – de la cruauté, de la haine, du mépris –, et la nouvelle – glacée – des calculateurs et des éconocrates. Nous devons résister aux barbaries, qu’elles s’appellent vichysme rampant ou néolibéralisme. Cette résistance me rend vivant. La force qui m’anime vient d’une certitude. Je sens présente en moi l’humanité dont je fais partie. Edgar Morin : «Plus l’homme est puissant par la technique, plus il est fragile devant le malheur» Il revient du Maroc, où il passe quinze jours par mois.
Poignée de main chaleureuse, regard pétillant, Edgar Morin nous accueille dans son appartement. On cherche en vain le siège de bureau dérobé en février dans une agence de HSBC à Bayonne par l’association Bizi pour dénoncer l’évasion fiscale massive pratiquée par cette banque. Edgar Morin : « Nous avançons comme des somnambules vers la catastrophe. Edgar Morin - "Amour, poésie, sagesse"