Délinquance : l’année 2020 marquée par une hausse des faits constatés de violences sexuelles et intrafamiliales. Le bilan annuel de la délinquance présenté jeudi 28 janvier par le ministère de l’intérieur illustre les particularités d’une année 2020 marquée par deux longues périodes de confinement, du 17 mars au 10 mai, puis du 30 octobre au 14 décembre, entre promiscuité inédite, occupation quasi constante de lieux d’habitation et mobilité considérablement réduite.
Le tableau chiffré des infractions dressé par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) rend logiquement compte des conséquences de ces épisodes. Il confirme également, sans surprise, une indiscutable tendance de fond : la recrudescence des violences intrafamiliales, redoutée des associations de prévention et de défense des victimes dès l’annonce du premier confinement, le 16 mars 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Maltraitance des enfants : une étude démontre l’effet du confinement sur les violences physiques Il vous reste 59.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. Un « ensauvagement de la société » ? Les études montrent, elles, une relative stabilité de la délinquance depuis quinze ans. Le 5 juillet, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), un chauffeur de 59 ans a été frappé mortellement après avoir demandé à quatre hommes de quitter son bus.
A Lyon, le 21 juillet, une aide-soignante de 23 ans succombe à ses blessures après avoir été traînée au sol sur 800 mètres par une voiture, à la suite d’une banale altercation. Le 4 août, à Soisy-sous-Montmorency (Val-d’Oise), un père de famille est passé à tabac dans une laverie alors qu’il demandait à d’autres clients de porter un masque. A Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), une infirmière est frappée, le 11 août, pour avoir, elle aussi, réclamé le port du masque à deux jeunes gens présents dans son bus. L’été a été émaillé de faits divers particulièrement violents suscitant une vive émotion dans la société et des réactions politiques. Lire aussi Le vrai, le faux et l’invérifiable du débat sur l’insécurité La crise sanitaire et la sortie du confinement ont-elles entraîné une augmentation significative des faits de violence ? Le vrai, le faux et l’invérifiable du débat sur l’insécurité. « Il faut stopper l’ensauvagement d’une certaine partie de la société. » Ces propos du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, dans un entretien au Figaro le 24 juillet ont préfiguré l’un des thèmes récurrents des discours politiques de la rentrée.
Du Parti communiste à l’extrême droite, en passant par le gouvernement, la quasi-totalité des personnalités politiques qui se sont exprimées ces derniers jours ont donné leur avis sur le climat d’« insécurité » dans lequel se trouverait la France. Derrière les petites phrases, de quoi est-il question ? De quels types de violences, de quels constats parle-t-on ? Difficile de s’y retrouver tant les intervenants au débat semblent eux-mêmes diverger.
Nous avons confronté leurs discours aux faits. 1. Ce qu’on entend « La France est le pays d’Europe qui affiche le taux d’homicides le plus élevé, c’est catastrophique », s’alarmait le sénateur Les Républicains Bruno Retailleau sur France Inter le 21 juillet. Contacté par Le Monde, M. 2. 3. Le blog de Laurent Mucchielli : Délinquance, justice et autres questions de société. En France, la violence est-elle en hausse ? À en croire une majorité de Français, la violence a tendance à augmenter dans le pays.
Interpellations, affrontements avec la police, rassemblements qui dégénèrent, faits divers sordides... Le ministre de l'Intérieur a même utilisé le terme d'"ensauvagement". Mais la société française est-elle de plus en plus violente ? Pour répondre à cette question, deux types de chiffres existent et se contredisent.Il y a d'abord les statistiques administratives, les plaintes et flagrants délits enregistrés par les forces de l'ordre. Elles montrent par exemple une augmentation significative des coups et blessures volontaires sur des personnes de 15 ans et plus depuis 2008 ainsi qu'une hausse de 12% des violences sexuelles l'an dernier. Mais d'autres chercheurs privilégient les réponses des victimes à celles des forces de l'ordre via les enquêtes de victimation. Mais elles ont d'autres inconvénients : elles ne prennent pas en compte, par exemple, les violences en prison.