La non-mixité : une nécessité politique. La ségrégation, c’est-à-dire la séparation imposée, l’accès réservé à certaines places ou certains espaces sociaux, est une des principales formes que prend la domination – que ce soit la domination des riches sur les pauvres, celle des hommes sur les femmes ou celle des blancs sur les non-blancs.
Mais ce n’est pas la seule : de nombreux mécanismes de domination perdurent au sein même des espaces sociaux mixtes, malgré la mixité, voire parfois grâce à elle. La non-mixité pour les nuls (et les autres) Lorsque nous avons lancé ce webzine, nous nous attendions à des réactions sur notre non-mixité assumée.
Réactions il y eut, même si moins que prévu. C’est pourtant dans le slogan, mais, si mes années de support technique m’ont appris quelque chose, c’est que personne ne lit jamais les petits caractères. À propos de la non-mixité. Collaboration externe d’un groupe de participantes à la manif non-mixte du 7 avril: le collectif spontané Queez!
En réponse à celleux* qui ne reconnaissent pas la nécessité qu’est la non-mixité. La non-mixité consiste en des espaces de réflexion et d’action, créés par et pour les opprimé.e.s, dans une perspective de lutte autogérée contre les systèmes d’oppression. Les accusations contre l’organisation en non-mixité ne datent pas d’hier. Des attaques quant à notre, semble-t-il, exclusion des hommes des espaces féministes sont fréquentes, désagréables et choquantes. Car, qu’est-il entendu ici par exclusion? Cette revendication d’une « inclusion », provenant d’hommes cisgenres (né du sexe mâle et performant le genre masculin) généralement blanc et hétérosexuel, ayant accès à leurs privilèges masculins, est problématique. La non-mixité est-elle un choix quand on est muselées dans les espaces mixtes? Et vous nous demandez de ne pas nous révolter de cette situation? Une lente et inexorable marche vers plus d’égalité?
On oppose souvent aux féministes l’idée qu’il ne servirait à rien de chercher à hâter l’avènement d’une société plus juste, voire pleinement égalitaire.
On nous assure qu’il faut laisser du temps au temps, que tout cela est une affaire de renouvellement des générations, qu’il faut donc prendre notre mal en patience; les mentalités évoluent d’elles-mêmes, mieux vaut ne pas les brusquer. Je prends un exemple: le combat contre le sexisme dans la langue. Quand on dénonce l’inanité qui consiste à dire « Mme le président » ou « elle est directeur financière », on nous répond souvent qu’il ne faut pas chercher à faire évoluer la langue, puisqu’elle évoluera naturellement à mesure que la société deviendra plus juste.
Et pour atteindre une société plus juste, là non plus il ne faut pas trop revendiquer, pas trop froisser, puisqu’après tout c’est dans l’ordre des choses et que notre société tend naturellement vers ce but. A ce type d’arguments on peut répondre deux choses. J'aime : Il parait que parler aux cons les instruit. Lors d'un podcast, il était demandé à des féministes pourquoi elles se sentaient obligées de répondre à des "cons" alors qu'il suffirait de les bloquer ou de les ignorer.
Ce point revient souvent dans les discussions et je pense important d'en parler. Déjà je récuse le mot "con" qui veut tout et rien dire. Les protagonistes voulaient ici parler d'une personne qui professe des opinions sexistes que ce soit par troll ou parce qu'il le pense ; le sexisme n'est pas de la connerie ; penser cela c'est dépolitiser un système oppressif en en faisant un défaut individuel sorti de nulle part sinon du cerveau de celui qui parle. Nous n'avons au final guère le choix de parler avec ces gens là ; sur mon précédent article, une personne est venue proférer des horreurs en parlant de "femmes qui incitent au viol".
Je ne me sentais pas, ce soir là d'être dans la pédagogie ; j'ai donc demandé à celles et ceux qui s'en sentaient capables de le faire. MAIS LAISSEZ-MOI CRIER! - Répertoire des antiféministes. J’ai une grande gueule et un cerveau.
Ajoutés à un féminisme intransigeant, ça fait de moi quelque chose comme l’ennemie publique numéro un. Que je crie ou que je chuchote, du bout de mes doigts où aidée de mes cordes vocales, il y a toujours un homme – et souvent un « féministe » – pour tenter de me réduire au silence. Je ne suis pas ici pour éduquer les hommes. Je ne suis pas là pour retracer l’histoire de l’oppression des femmes, pour mémoriser et vulgariser toutes les études sur le sujet, pour tirer des coups de statistiques ou pour revenir, toujours, au féminisme 101.
Il y a des programmes en études féministes, des ouvrages de référence, des blogues et des alliés pour cela. Ma colère est légitime, puissante, douloureuse, rouge, froide, explosive et ciblée. D’abord, ça ne marchera JAMAIS. Ensuite, et j’adresse cet argument à ceux qui tiennent à moi ou qui m’apprécient un minimum, ça fait mal. Laissez-moi crier. Répertoire de mes « amis » oppressifs : Vous avez aimé cet article?