L'imposture Bernard-Henri Lévy. Les médias, gardiens de l'ordre social, par Gilles Balbastre et Pierre Rimbert. Le mouvement de mai-juin 2003 Les dogmes peuvent tuer.
La réduction des dépenses publiques, priorité des gouvernements depuis vingt ans, a fragilisé le système de santé français, incapable de répondre aux conséquences de la canicule. Plus qu’ailleurs en Europe, des milliers de personnes âgées en sont mortes. Absente durant cette période, l’équipe du premier ministre, M. Jean-Pierre Raffarin, est en revanche omniprésente sur le terrain des mesures régressives frappant les enseignants, les intermittents du spectacle, les étudiants. Par Gilles Balbastre & Pierre Rimbert Aperçu Le soir de la journée nationale d’action du 10 juin contre la réforme des retraites, TF1 consacra 3 minutes 47 secondes aux grévistes et manifestants contre 14 minutes 5 secondes à ceux qui les dénonçaient.
Une idée répandue veut pourtant que le traitement médiatique des conflits sociaux soit la résultante des stratégies de communication mises en œuvre par les acteurs du conflit. Les médias reflètent-ils la réalité du monde ?, par Ryszard Kapuscinski (Le Monde diplomatique, août 1999) Dans les débats sur les médias, on accorde une attention excessive aux problèmes techniques, aux lois du marché, à la concurrence, aux innovations et à l’audience.
Et une attention insuffisante aux aspects humains. Je ne suis pas un théoricien des médias, mais un simple journaliste, un écrivain qui, depuis plus de quarante ans, se consacre à recueillir et à traiter l’information (et aussi à la consommer). J’aimerais faire part des conclusions auxquelles je suis parvenu au terme de ma longue expérience. Ma première observation concerne les dimensions. Affirmer, comme on le fait souvent, que « toute l’humanité » est suspendue à ce que font ou disent les médias est une exagération. Dans de nombreux pays, la télévision ne fonctionne que deux ou trois heures par jour. Une grande partie de l’humanité vit encore hors de l’influence des médias et n’a nulle raison de s’inquiéter des manipulations médiatiques éventuelles ou de la mauvaise influence des médias de masse.
Séries télévisées et bonheur conforme, par Serge Halimi (Le Monde diplomatique, août 1993) « Cinquante-deux pour cent de part de marché. » M.
Claude Berda, co-responsable (avec M. Jean-Claude Azoulay) de la société A. B. Projet pour une presse libre, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, décembre 2014) La machine à abrutir, par Pierre Jourde. Jusqu’à présent, la qualité des médias audiovisuels, public et privé confondus, n’était pas vraiment un sujet.
Puis le président de la République découvre que la télévision est mauvaise. Il exige de la culture. « On n’a plus le temps... », par Serge Halimi. Ceux qui se désolent du manque d’attention à leur cause, à leur activité, se voient souvent opposer la même explication : « On n’a plus le temps. » On n’a plus le temps de se plonger dans un livre « trop long », de flâner dans une rue ou dans un musée, de regarder un film de plus de quatre-vingt-dix minutes.
Ni celui de lire un article abordant autre chose qu’un sujet familier. Ni de militer ni de faire quoi que ce soit sans être aussitôt interrompu, partout, par un appel qui requiert d’urgence son attention ailleurs. BHL : carré d'as, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, 5 février 2016) Les dictionnaires amoureux du journalisme ne devraient plus tarder à corriger une entrée depuis longtemps fautive. « Pluralisme : pluralité des manières de promouvoir le dernier livre de Bernard-Henri Lévy. » La nouvelle définition appelant une illustration, à la manière des planches anatomiques du Larousse, l’éditeur trouverait un matériau édifiant dans les quatre magazines d’information français parus entre le 3 et le 5 février 2016.
La couverture de L’Express (3 février), dont le directeur Christophe Barbier rate rarement une occasion de célébrer les produits éditoriaux ou cinématographiques de son condisciple de l’Ecole normale supérieure, introduit un dossier de douze pages, dont cinq d’extraits. Les bonnes recettes de la télé-réalité, par Marc Perrenoud (Le Monde diplomatique, mai 2013) Au cours de ces dernières années sont apparues en France des émissions de télé-réalité culinaire, comme « MasterChef » (TF1, 2010), « Top Chef » (M6, 2010) ou « Un dîner presque parfait » (M6, 2008).
Toutes sont des jeux-concours à élimination rappelant des télé-crochets comme « Star Academy » (TF1) ou « A la recherche de la nouvelle star » (M6). Le vainqueur y gagne un droit d’entrée en or dans l’espace professionnel : en plus de bénéficier d’une exposition médiatique importante, quoique éphémère, il remporte une forte somme d’argent pour ouvrir un établissement, un stage dans une maison prestigieuse, ou, s’agissant des émissions musicales, la production d’un album et une campagne de promotion. En 2004 a cependant été lancée au Royaume-Uni une émission qui n’allait pas tarder à connaître un succès mondial, tout en ayant un contenu assez différent. Vivre en troupeau en se pensant libres, par Dany-Robert Dufour (Le Monde diplomatique, janvier 2008)
La télévision, machine à abrutir, par Pierre Jourde (Le Monde diplomatique, août 2008) Jusqu’à présent, la qualité des médias audiovisuels, public et privé confondus, n’était pas vraiment un sujet.
Puis le président de la République découvre que la télévision est mauvaise. Il exige de la culture. En attendant que la culture advienne, l’animateur Patrick Sabatier fait son retour sur le service public. En revanche, des émissions littéraires disparaissent. C’est la culture qui va être contente. Avec l’alibi de quelques programmes culturels ou de quelques fictions « créatrices », les défenseurs du service public le trouvaient bon. Les médias ont su donner des dimensions monstrueuses à l’universel désir de stupidité qui sommeille même au fond de l’intellectuel le plus élitiste. De l’information au piège à clics, par Sophie Eustache & Jessica Trochet (Le Monde diplomatique, août 2017) Usiner en quelques minutes des articles insolites sur le dernier sujet qui agite les réseaux sociaux, y glisser des références flatteuses aux annonceurs publicitaires, saupoudrer l’ensemble de vidéos amusantes qui feront le tour d’Internet : la recette a porté à des sommets l’audience des sites d’info-divertissement Melty, Konbini ou encore BuzzFeed.
La presse traditionnelle porte sur ces jeunes concurrents un regard ambivalent fait de mépris pour un journalisme ouvertement bâclé et de fascination pour le nombre de visites qu’il génère. Cofondateur de Melty et président de l’entreprise jusqu’en mars dernier, M. Car derrière les décors acidulés se cache un univers de forçats. Melty fonctionne en partie grâce au « contenu » fourni par des autoentrepreneurs payés en fonction du nombre de clics qu’a généré l’article : 4 euros au minimum, et un maximum de 30 euros quand le texte atteint les dix mille vues en vingt-quatre heures. L’algorithme rédacteur en chef.