Employés d’abattoir ou quand le travail rend fou, sur France 2. Pourquoi la société salariale a besoin de nouveaux valets, par André Gorz (Le Monde diplomatique, juin 1990) Depuis le début de l’ère moderne, une question n’a cessé de se poser à l’Occident : dans quelle mesure la rationalité économique est-elle compatible avec ce minimum de cohésion sociale dont une société a besoin pour survivre ?
Cette question se pose aujourd’hui sous des aspects nouveaux, avec une actualité et une acuité accrues. Le contraste est en effet saisissant entre la réalité et le discours lénifiant de l’idéologie dominante. De la valeur ignorée des métiers, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, mars 2010) A force d’évaluer toutes choses et toutes gens à l’aune de leur rendement monétaire — que rapportez-vous aux actionnaires ?
—, il était fatal qu’on retournât un jour la question aux évaluateurs, mais posée d’un autre point de vue : que rapportez-vous à la société ? C’est à un tel renversement de perspective qu’invite une étude publiée en décembre dernier sous l’égide de la New Economic Foundation (1). Eilis Lawlor, Helen Kersley et Susan Steed, trois chercheuses britanniques, y abordent non sans malice la question des inégalités, en comparant la rémunération de certains métiers, sélectionnés aux deux extrémités de l’échelle des revenus, à la « valeur sociale » qu’engendre leur exercice.
Dans le cas d’un ouvrier du recyclage, payé 6,10 livres sterling de l’heure (environ 7 euros), les auteures estiment que « chaque livre dépensée en salaire générera 12 livres de valeur » pour l’ensemble de la collectivité. Conseiller fiscal ou détrousseur social ? Les entreprises ne créent pas l’emploi, par Frédéric Lordon (Le Monde diplomatique, mars 2014) Inanité du « pacte de responsabilité » Il ne se passe plus une semaine sans que le gouvernement socialiste français affiche son ralliement aux stratégies économiques les plus libérales : « politique de l’offre », amputation des dépenses publiques, stigmatisation du « gâchis » et des « abus » de la Sécurité sociale.
Au point que le patronat hésite sur le cap à tenir. Et que la droite avoue son embarras devant tant de plagiats… Il faut avoir sérieusement forcé sur les boissons fermentées, et se trouver victime de leur propension à faire paraître toutes les routes sinueuses, pour voir, comme s’y emploie le commentariat quasi unanime, un tournant néolibéral dans le « pacte de responsabilité » de M. François Hollande. André Gorz, s'émanciper du travail. Gerhart Hirsch, Gérard Horst, Michel Bosquet… Tout au long de sa vie, André Gorz a utilisé de multiples signatures, comme autant de symptômes d’une identité fuyante.
Il a toujours fallu qu’il tente d’« exister le moins possible », lui qui se voyait comme un « homme séquestré dans un monde étranger et hostile (1) ». Évitant les plateaux de télévision et étranger au monde universitaire, il n’est découvert par le grand public que tardivement, en 2006. « Nous devenons célèbres ! », déclare-t-il, narquois, à un ami (2) devant le succès en librairie de Lettre à D., récit introspectif de l’amour fusionnel qui le lie à Dorine, sa compagne. La fin est connue : c’est avec elle et à ses côtés qu’un soir de septembre 2007, il décide de mettre fin à ses jours.
Du prolétariat à la prolétarisation. Du prolétariat à la prolétarisation : vers une nouvelle critique de l’économie politique dans le contexte de l’automatisation numérique.
Anne Alombert. Doctorante à l’Université Paris Nanterre. Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde, il s’agit maintenant de le transformer.Marx, Thèses sur Feuerbach. Je crois qu’on ne fait jamais de bonne politique en limitant le questionnement ou la demande de pensée. (…) Se poser plus de questions généalogiques (dans un style « déconstructeur ») sur l’origine de ces concepts, sur le poids de l’héritage, (…) cela change tout, et signale qu’on est prêt à changer, que la transformation est en train ou possible.Derrida, Politique et amitié. Entretiens avec Michel Sprinker sur Marx et Althusser.Cet ouvrage a pour but de fournir des armes conceptuelles, c’est-à-dire pacifiques, et d’ouvrir des perspectives d’actions fondées sur des arguments rationnels, c’est-à-dire politiques…Stiegler, États de choc.
Bâtir la civilisation du temps libéré, par André Gorz (Le Monde diplomatique, mars 1993) L’économie n’a pas pour tâche de donner du travail, de créer de l’emploi. Sa mission est de mettre en œuvre, aussi efficacement que possible, les facteurs de production, c’est-à-dire de créer le maximum de richesses avec le moins possible de ressources naturelles, de capital et de travail. Le monde industrialisé s’acquitte de mieux en mieux de cette tâche. Ainsi, au cours des années 80, l’économie française a augmenté de 30 % sa production annuelle de richesses, tout en diminuant de 12 % la quantité annuelle de travail dont elle a besoin. Cette évolution est appelée à se poursuivre et, comme l’écrit Guy Roustang, « la production de richesses économiques sera de moins en moins centrale dans la vie sociale (1) ». Nous sommes entrés dans une civilisation où « le temps contraint est largement dépassé par le temps libre (...) .
Critique de l'idéologie du travail, par André Gorz (Le Monde diplomatique, mai 2013) Dans l’ensemble des pays capitalistes d’Europe, on produit trois à quatre fois plus de richesses qu’il y a trente-cinq ans ; cette production n’exige pas trois fois plus d’heures de travail, mais une quantité de travail beaucoup plus faible. (...)
Nous sortons de la civilisation du travail, mais nous en sortons à reculons, et nous entrons à reculons dans une civilisation du temps libéré, incapables de la voir et de la vouloir, incapables donc de civiliser le temps libéré qui nous échoit, et de fonder une culture du temps disponible et une culture des activités choisies pour relayer et compléter les cultures techniciennes et professionnelles qui dominent la scène. (…) A reculons, par André Gorz. Imaginer un salariat sans subordination, par Danièle Linhart (Le Monde diplomatique, juillet 2017)
L’ubérisation du code du travail n’est pas une fatalité Espérant amadouer les opposants à sa réforme du code du travail, le gouvernement a planifié pas moins de quarante-huit réunions avec les syndicats d’ici à septembre.
Mais consulter n’est pas négocier et encore moins coécrire la loi. Le temps n’est-il pas venu de prendre un autre chemin pour en finir avec les rapports de subordination propres au contrat de travail, tout en renforçant les droits sociaux ? On a rarement vu des travailleurs revendiquer un rapport de soumission à leur patron. Pourtant, les conducteurs de voitures de transport avec chauffeur (VTC) qui travaillent en liaison avec des plates-formes numériques comme Uber ont brandi ce lien.
Pas un jour de plus au travail, par Danièle Linhart (Le Monde diplomatique, janvier 2020) La mobilisation de décembre impressionne à la fois par son ampleur et par sa diversité : jeunes et anciens, avocats, artistes, enseignants, dockers, cheminots, cadres d’entreprise, employés, médecins, infirmières, pompiers, musiciens, postiers, étudiants, lycéens, douaniers… ont défilé d’un même pas.
Cette fièvre apparaît un an après le surgissement spectaculaire des « gilets jaunes (1) », à un moment où le mouvement donnait des signes d’essoufflement. M. Emmanuel Macron et le gouvernement pensaient bénéficier de la mise à l’écart des syndicats, dont les « gilets jaunes » ne voulaient pas ; ils croyaient avoir calmé la colère de la France populaire par des mesures financières et des consultations citoyennes. Rarement un président de la République aura autant débattu avec les citoyens. « Métro, boulot, tombeau », par Danièle Linhart (Le Monde diplomatique, novembre 2010) Les importantes mobilisations dans tout le pays, comme le soutien dont elles bénéficient dans l’opinion publique, indiquent à l’évidence une forte opposition au report de l’âge minimal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, perçu comme illégitime. Mais elles nous en disent long, également, sur le monde du travail tel qu’il est massivement vécu depuis sa « modernisation ». La pénibilité croissante du travail y transparaît, ainsi que le sentiment d’une dégradation inéluctable.
Une bonne partie des salariés doutent d’avoir la force de supporter longtemps ses exigences. Ils ont peur de ne pas tenir sur la longueur. Les slogans qui se font entendre dans les cortèges le disent à leur façon : « Mourir au travail ? Ce ne sont pas seulement les deux années supplémentaires qui nourrissent des représentations aussi tragiques. En effet, pour asseoir son autorité et tenter de placer les salariés en situation d’autoexploitation, le management moderne pratique la déstabilisation systématique. Et si l’on refondait le droit du travail…, par Alain Supiot (Le Monde diplomatique, octobre 2017) Pour une réforme digne de ce nom Proclamant avoir été élu pour les réformes qu’il préconise, et non contre l’extrême droite, le président de la République française entend déréglementer un peu plus le marché du travail.
Devant la montée de la contestation dans la rue, même les syndicats les plus proches du pouvoir jugent le projet déséquilibré au détriment des salariés. Boulots de merde : « On revient à une économie de type féodale, une économie de la domesticité. Direction des Ressources Heureuses, par Julien Brygo & Olivier Cyran (Le Monde diplomatique, octobre 2016)
Les patrons n’exagèrent-ils pas un peu dans leur souci de faire le bonheur de leurs salariés ?
Aux forçats du travail qui rament pour des queues de cerise et n’auraient peut-être pas songé à se poser pareille question, l’émission « Envoyé spécial », sur la chaîne publique France 2, vient d’administrer une édifiante leçon de rattrapage. Dans un reportage diffusé le 1er septembre, elle nous emmène sur les pas de Sophie, chief happiness officer dans une start-up parisienne spécialisée dans la vente en ligne d’articles de mode faits main. Inventé aux États-Unis, ce nouveau métier, que l’on pourrait traduire par « chef du service bonheur », consiste à « créer une bonne ambiance au bureau » en égayant le personnel par des repas, des soirées ou des sorties propres à souder le groupe et à galvaniser son ardeur à la tâche.
Rigolez, vous êtes exploité, par Julien Brygo (Le Monde diplomatique, juillet 2019) «Vous êtes éreinté ?
Votre activité professionnelle vous plonge dans la dépression ? Vous songez à mettre fin à vos jours ? Nous avons la solution : ri-go-lez ! » Voilà en substance le message de la direction des ressources humaines (DRH) du centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse au personnel de l’établissement. Machines hostiles, par Jean-Noël Lafargue (Le Monde diplomatique, juillet 2011) Il n’est pas difficile de faire l’expérience de la violence des portillons automatiques dans les couloirs du métro parisien.
Un défaut d’attention, un mouvement décalé, un sac à dos un peu large, un enfant tenu par la main qui n’accepte pas de se presser… et la tenaille de caoutchouc broie les épaules ou frappe les tempes. L’aventure fait sourire les usagers quotidiens du métro : ceux-là ont appris à s’adapter aux machines. Les victimes elles-mêmes n’incriminent que leur propre maladresse. Mais imaginons un instant que ces portillons soient remplacés par des vigiles chargés de distribuer des claques ou des coups aux clients ne circulant pas à la bonne vitesse : ce serait scandaleux, insupportable. Michel Foucault, l’Etat et les bons pauvres, par Pierre Rimbert. Levier du changement social ou instrument de maintien de l’ordre ?
De la valeur ignorée des métiers, par Pierre Rimbert (Le Monde diplomatique, mars 2010) Travailler plus pour gagner moins, par Michel Husson (Le Monde diplomatique, avril 2007) Une personne sans domicile fixe sur trois dispose d’un emploi (1). Cette statistique choquante sur l’agglomération parisienne a mis en lumière l’existence d’une nouvelle catégorie d’individus : les travailleurs pauvres. Le phénomène, qui n’est pas propre à la France puisque les bas salaires (2) concernent près d’un salarié sur six en Europe, résulte d’un processus de dégradation enclenché il y a plus de vingt-cinq ans. Il est impossible de dissocier l’ampleur des bas salaires de l’évolution du partage de la valeur ajoutée. Durant les années 1960 et 1970, les salaires représentaient près des trois quarts du produit intérieur brut (PIB) en Europe. Le travail, une « valeur » à réhabiliter ou à oublier ?
Lors des deux dernières élections présidentielles, tous les principaux candidats — FN, PS, UMP, avec un bémol pour le Front de Gauche — se définissaient comme les représentants des travailleurs et les défenseurs d’une valeur travail supposément à réhabiliter. Le travail : libération ou aliénation ? Le travail peut se ranger parmi les modes de l’activité humaine. L’activité en général consistant à modifier consciemment l’environnement selon une intention qui a été réfléchie. L’activité se distingue de la contemplation. À la RATP, métro, boulot, chrono, par Martin Thibault (Le Monde diplomatique, novembre 2014) Transformations managériales à la RATP Impératif de rentabilité, mise en concurrence des salariés, rationalisation de l’activité : le secteur public connaît lui aussi les dynamiques d’intensification du travail qui affectent les entreprises privées.
En France, le travail tue 1200 personnes chaque année - Basta ! Épuisement professionnel, stress, ennui... mais que fait le management ? La prolétarisation dans les sociétés informatiques. Par prolétarisation, j’entends le processus qui conduit à la perte de connaissance critique et de savoir-faire. Bernard Stiegler a clairement expliqué ce processus en rappelant qu’un prolétaire n’était pas nécessairement un pauvre (Alan Greenspan est un prolétaire qui a été le patron de la réserve fédérale américaine pendant vingt ans). Microentreprise, une machine à fabriquer des pauvres, par Jean-Philippe Martin (Le Monde diplomatique, décembre 2017)
« Assedic » (Le Monde diplomatique, décembre 2017) J’en avais marre de travaillerEt de perdre mon tempsÀ faire des boulots mal payésAvec des gens très emmerdants.Je cherchais la combine.Et c’est pas facile,De se tirer de l’usinePour partir dans les îles.Je me creusais le ciboulot.J’étais comme tous les gens,Allergique au boulot,Mais pas allergique à l’argent.Je ne connais qu’une façonDe se tirer sous les tropiquesQuand on est petit, laidEt qu’on a pas de fric.
Comment devenir millionnaire (Le Monde diplomatique, décembre 2017) Déclaration de Philadelphie (Le Monde diplomatique, décembre 2017) « Le Dernier Cimetière » (Le Monde diplomatique, décembre 2017) Anatomie de l'entreprise : pathologies et diagnostic. Travail en souffrance, par Mathilde Goanec (Le Monde diplomatique, juin 2015) STRESS AU TRAVAIL: un défi collectif. [Grève ONET] «Victoire éclatante» pour les grévistes de l’hôtel Hyatt. Devant l’hôtel Hyatt: «Les gilets jaunes, c’est nous! Des gens qui en bavent dans les entreprises» « Un métier n’est pas là pour vous emprisonner mais pour vous rendre libre. « Je serais tellement plus utile au chômage. « C’est confirmé : je suis plus utile au chômage. Démission générale.
Robert Reich: Just Imagine If People Were Paid What Their Work Is Really Worth to Society. Sortir du travail. Transformer le travail. A fond pour vivre sans un rond : cinq exemples à suivre. The Politics of Getting a Life. La mort de l’économie et du travail. The wastefulness of automation. Does Work Really Work? Les entreprises ne créent pas l'emploi. Observatoire du stress dans les entreprises.
Une série de suicides met Orange sous tension - Page 1. Offres d'emplois non pourvues : quelle est la réalité du phénomène? Mot-clé : souffrance au travail. La France, un «pays d'assistés»? Macron et les chômeurs : comme un air de Grenoble. Que la chasse aux chômeurs commence ! La face cachée de la fraude sociale, par Philippe Warin. Pourquoi les agents du 118 218 chantent le jingle de la pub quand on leur demande. L'histoire du coton, ou le rôle central de l'esclavage dans la montée du capitalisme. Brimades racistes, humiliations : les employés d'Auchan City témoignent. La révolte des forçats d’Amazon contre les cadences éreintantes. Dossier Transformer le travail.