La grande enquête sur le maître caché de l’agriculture française. ENQUÊTE - 1 - Le maître caché de l’industrialisation de l’agriculture française. Leur étendard le plus connu reste encore les mille vaches.
Mais elles se développent aussi pour les jeunes bovins, avec la ferme des mille veaux ou pour d’autre bétail, à l’image de la ferme des trois mille cochons ou à celle des mille truies. En production de volailles, les chiffres sont encore plus spectaculaires, on parle de 250 000 poules. Le gigantisme gagne aussi les élevages mixtes, comme en Touraine, où la ferme des 2 200 animaux doit accueillir prochainement ensemble, vaches laitières, taurillons, génisses et chèvres.
Autant d’avatars d’un même modèle : la ferme-usine. Une logique d’agrandissement sur tout le territoire La carte interactive que publie Reporterre ce jour ne laisse plus de doute : les projets d’élevage géants explosent en France. En 60 ans, le nombre des exploitations agricoles a été divisé par quatre, passant de deux millions en 1955 à 500 000 environ en 2010. Selon FranceAgriMer toujours, les troupeaux laitiers ont grossi de 40 % entre 2000 et 2010. ENQUÊTE - 2 - Au coeur de l’agro-industrie française, les tentacules d’Avril Sofiproteol. C’est bien connu, le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Alors que l’ouverture du salon de l’agriculture a donné l’occasion de rappeler les difficultés du secteur, l’une de ses entreprises ne connaît décidément pas la crise. Elle a certes constaté une très légère baisse de son chiffre d’affaires à 7 milliards d’euros – pour 7,3 l’année précédente – ainsi que de son excédent brut d’exploitation de 245 à 192 millions d’euros, mais son dernier rapport d’activités est formel : 2013 lui aura permis de réaliser « le meilleur résultat net des trois dernières années ». Qui ? Sofiprotéol. Enfin, « Avril » depuis le mois dernier. ENQUÊTE - 3 - L’incroyable rente des agrocarburants. Le vote de la dernière chance : c’est ainsi que certains présentent le scrutin qui doit se tenir dans la journée à la commission environnement du Parlement européen.
Pour l’occasion, une pétition a même récolté près de 250 000 signatures pour interpeller les représentants européens. L’enjeu ? Statuer sur les agrocarburants afin d’abaisser leur niveau d’incorporation dans l’essence ou le gazole et de reconnaître l’impact climatique de ces cultures – ce qu’on appelle le facteur ILUC en anglais. Promus au début des années 2000 comme une énergie propre, les impacts écologiques des agrocarburants sont désormais parfaitement documentés sans que la politique européenne n’ait évolué depuis.
Et pour cause, plusieurs acteurs s’opposent à la révision des objectifs communautaires. Texte de la position française : A ses côtés, le Copa-Cogeca ne cesse également de réaffirmer son soutien aux agrocarburants. Lettre Copa-Cogeca : ENQUÊTE - 4 - Comment les agrocarburants ont conduit aux fermes-usines. Sofiprotéol a donc construit son empire sur un agrocarburant, le diester, qu’il a abondamment financé grâce aux fonds publics.
Soit. Mais il reste un problème à régler : que faire des déchets issus de sa production ? Car la trituration, l’étape industrielle qui transforme le grain de colza ou de tournesol en huile végétale, laisse à sa suite un coproduit, qu’on appelle le tourteau. Pour 1 000 kg de ces graines qui donneront le diester, on obtient 560 kg de tourteaux. Or la production de diester se faisant plus importante avec le boom des années 2000, le volume de tourteaux disponible est devenu chaque année plus conséquent. Heureusement pour Sofiprotéol, ce tourteau constitue une nourriture très protéinée, parfaite pour remplacer dans l’alimentation animale le soja OGM tant décrié, venu d’Amérique. Valorisation indispensable en alimentation animale. ENQUÊTE - 5 - Xavier Beulin, l’homme aux mille bras. C’est le symptôme le plus évident de sa puissance : d’« Agricultor » pour Libération à « Agrobusiness man » pour Le Monde, toute la presse nationale a tiré la caricature de cet « homme d’affaires [qui] détonne dans le milieu agricole » selon Le Point.
Mais rien n’y fait. Xavier Beulin semble indestructible. Cheveux gominés, chaîne en or, montre Breitling et villa en Tunisie, son train de vie n’est pas un mystère. Xavier Beulin, le céréale-killer de la FNSEA. Le président de la FNSEA Xavier Beulin est mort ce dimanche à l'âge de 58 ans.
Libération dressait son portrait en septembre 2015, que nous republions ci.dessous. Souvent présenté comme le «véritable ministre de l’Agriculture», le tout puissant patron du premier syndicat agricole français mobilise ses troupes aujourd’hui à Paris. Mais l’agrobusinessman est loin des préoccupations des petits éleveurs. Costume impeccable, chaussures fines, Breitling au poignet, «petit pied-à-terre» en Tunisie, Xavier Beulin a la rutilance et le train de vie d’un PDG de multinationale.
Et pour cause. Coiffé de multiples casquettes, l’influent syndicaliste tire en toute discrétion les ficelles de l’agro-industrie française... celle-là même qui entraîne la disparition des agriculteurs. L'homme qui pesait 7 milliards La holding de Beulin est partout. Ruralité en col blanc Compte tenu de toutes ses activités de col blanc, on a du mal à imaginer Beulin dans un champ.
Coralie Schaub.