Livret : Accompagner la réduction de la consommation d’alcool – RESPADD. Le mythe du verre d'alcool protecteur pour la santé contredit par une étude scientifique. Image par Adriano Gadini de Pixabay.
Quels sont les risques liés à une consommation modérée d’alcool. Certaines études évoquent le fait qu’une faible consommation d’alcool, une ou deux consommations occasionnelles, pourrait réduire le risque de maladies cardiovasculaires, mais augmenterait le risque de cancer.
Consommer plus de 10 verres d’alcool par semaine augmente la mortalité et le risque de pathologies cardiovasculaires : une étude du Lancet. Ce nouvel article du Lancet sur les addictions (décidément très riche en contenu addictologique cette année) a cherché à identifier quel pouvait être le seuil à partir duquel la consommation d’alcool pouvait être considérée comme à risque sur le plan cardiovasculaire (mortalité et survenue d’infarctus, accidents vasculaires cérébraux, hypertension, …) Les recommandations actuelles proposent plusieurs seuils à risque (tantôt pas plus de 2 ou 3 verres standards par jour selon le sexe, tantôt 2 verres standards par jour selon les recommandations de Santé Publique France).
L’alcool est dangereux pour la santé même à faible dose. ALCOOL : la science progresse, la politique de santé régresse. La revue internationale de référence The Lancet a publié le 23 août 2018 une étude 1 qui fera date par sa qualité, sa puissance et ses résultats sur les effets sur la santé de la consommation d’alcool.
En associant 1 800 chercheurs qui ont analysé les données de 28 millions de personnes de 195 pays sur 25 ans, les conclusions ne souffrent aucun doute : – L’alcool est dangereux dès le premier verre. – Boire un verre par jour augmente de 0,5 % le risque de développer un problème de santé lié à l’alcool (cancers, cirrhose, AVC, accidents…). – Chaque année, un buveur sur trois en meurt. Le mythe des faibles consommations d’alcool qui auraient un effet protecteur pour la santé se fracasse sur la réalité crue et imparable des études sur la santé.
S’il existe une diminution du risque de maladie cardiaque ischémique à moins d’un verre par jour, la moindre consommation d’alcool majore l’ensemble des autres risques cardio-vasculaires, ainsi que tous les autres risques sanitaires étudiés. Un verre de vin quotidien suffit à augmenter le risque de certains cancers. On ne le souhaite évidemment pas à ceux qui déclarent boire un ou deux verres de vin par jour, mais contrairement à une idée reçue, même ce niveau modéré de consommation peut avoir des conséquences sur la santé.
En janvier dernier, le comité de prévention des cancers de la puissante Société américaine de cancérologie (Asco) faisait le bilan des liens entre alcool et cancer. «Clairement, les plus grands risques sont concentrés sur les catégories de ceux qui boivent beaucoup ou modérément, peut-on lire dans le Journal of Clinical Oncology. Cependant, certains risques de cancers persistent même à des petites consommations», ajoutent les auteurs. À chacun de faire ses choix en étant correctement informé des risques qu’il prend pour sa santé. L’Asco signale donc un risque accru avec des consommations faibles, de 10 grammes d’alcool consommé chaque jour, pour des cancers de l’œsophage (+ 30%), de l’oropharynx (+ 17%) ou du sein (+ 5%). Le faux effet protecteur du «petit» verre. C’est la fin d’un paradoxe dont s’accommodaient les amateurs d’alcool : non, il n’y a pas d’effet bénéfique pour la santé à consommer de petites doses quotidiennes.
Étonnant, car de nombreuses études ont mis en évidence un avantage apparent, notamment sur le plan cardiovasculaire, à boire un peu (deux verres maximum par jour) plutôt que pas du tout. En réalité, cela vient d’une erreur méthodologique fréquente, explique une étude publiée dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs. En effet, lorsqu’ils comparent des petits buveurs et des abstinents, les chercheurs mêlent souvent indifféremment dans ce dernier groupe les anciens buveurs et ceux qui n’ont jamais touché une goutte d’alcool. «Cela crée un biais qui fait apparaître les buveurs modérés mieux qu’ils ne sont lorsqu’on les compare aux abstinents », explique au Figaro le Pr Tim Stockwell, directeur du centre de recherche sur les addictions à Victoria, au Canada.
Mythes modernes.