» Danièle Manesse
« L’invisibilité des femmes est liée à l’oppression des femmes dans l’histoire, pas à la langue. » Danièle Manesse. L'écriture inclusive, pourquoi ?
Dans l’émission Signes des temps de Marc Weitzmann récemment consacrée à l’écriture inclusive (« L’écriture inclusive, pourquoi ?
« , France Culture, 16 juin), on a entendu (autour de la 40ème minute) le dialogue suivant entre Danièle Manesse et Éliane Viennot, qui ont toutes deux publié récemment des ouvrages divergents sur ce thème (cf. les références en fin de billet) : DM : Je vous dis par exemple, « Madame Sand est le plus grand écrivain de sa génération », est-ce que c’est pas plus élogieux que de dire « Madame George Sand est la plus grande écrivaine de sa génération » ? EV : Je trouve pas ça plus élogieux.DM : Eh ben moi si, parce que « écrivain » couvre les hommes et les femmes.EV : Voilà, parce que pour vous le masculin l’emporte sur le féminin.DM : Alors nous ne parlons pas la même langue. À cette dernière question, deux solutions opposées (oui / non) sont proposées par les deux invitées.
La troisième solution permet-elle vraiment de contourner le problème ? Le vocabulaire du football féminin. « L’écriture inclusive fait partie de ces dispositifs volontaristes, ostentatoires, qui ne servent pas les causes qu’ils prétendent défendre » Êtes-vous prêt·e·s pour l’écriture « inclusive » Par Brigitte Axelrad - SPS n°323, janvier / mars 2018 « Maître·sse Corbe·au·lle sur un arbre perché·e tenait en son bec un fromage.
Maître·sse Renard·e par l’odeur alléché·e lui tint à peu près ce langage » d’après Jean de La Fontaine En janvier 2014, dans un article intitulé « Les femmes dans la recherche scientifique : de l’ostracisme à l’obstacle », publié dans le numéro 307 de Science et pseudosciences, Suzy Collin-Zahn avait fait un bref état des lieux de la place des femmes dans la société : « Les choses ont bien changé pour les femmes depuis deux ou trois décennies, et des victoires considérables concernant leur place dans la société ont été remportées.
Cependant, il semble que les progrès ralentissent en ce moment et même parfois se soient complètement arrêtés. La conclusion qu’inspire ce constat paraît évidente : si la place de la femme dans la société d’aujourd’hui ne progresse plus vraiment, il semble nécessaire de lui donner une impulsion nouvelle. Pourquoi l'écriture inclusive les rend-elle tous fous? Temps de lecture: 7 min «Je vous invite [...] à ne pas faire usage de l'écriture dite inclusive.»
C'est au tour du Premier ministre Édouard Philippe de prendre position dans une circulaire destinée à son administration. Depuis quelques semaines, le débat autour de cette forme d'écriture s'est imposé dans l'espace public. Après la publication d'un manuel scolaire par Hatier et d'une tribune sur Slate, journalistes, sociologues, politiques... Tout le monde y est allé de son commentaire. Aujourd'hui, le Premier ministre impose à son administration d'y renoncer, car même au sein de la majorité, les avis restent partagés. La langue, un lieu de combat. Le français, langue sexiste? Un texte de Laurence Niosi « Le masculin l’emporte sur le féminin ».
Cette règle grammaticale est enseignée à tous les élèves de l’école primaire. Pourtant, elle n’existe que depuis le 17e siècle. C’est ce qu’explique Eliane Viennot, auteure de Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin, paru en 2014. L’historienne de la langue déboulonne le mythe selon lequel la prédominance du masculin n’aurait qu’une fonction pratique. Exit donc les pendants féminins des noms de métiers « prestigieux » comme les médecins (médecines), auteurs (autrices), inventeurs (inventrices) ou philosophes (philosophesses)
. « Ils ne se sont pas attaqués aux basses fonctions ou aux fonctions traditionnellement féminines », précise-t-elle. Outre les métiers, Eliane Viennot évoque l’accord de certains mots que l’on dit aujourd’hui invariables - le participe présent ou le gérondif par exemple. Et puis, l’expression les droits de l’Homme pour parler des droits humains est souvent utilisée. Langue française.
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