- Pourquoi “l’info-socialisation” nous éloigne du bonheur. L’important, c’est le chemin ©rawhead sur Flickr.com Dans la vie, ce qui compte, c’est le chemin, pas la destination.
A ne pas saisir cela, nous gâchons notre bonheur. Mais “vivre l’instant présent” n’est qu’une formule toute relative. Et de moins en moins facile dans notre société “info-socialisée”. Notre existence est tragique car nous sommes condamnés à ne pas savoir ni d’où nous venons, ni où nous allons, ni à quelle fin. Or, nous passons notre temps à nous projeter dans l’instant d’après : “quand ce cours de maths sera fini, je me précipiterai à la cantine; quand nous aurons franchi ce bosquet, nous pourrons nous reposer; quand mes enfants seront grands, nous voyagerons; quand je serai à la retraite, je me mettrai à la photo…”.
Pascal déplorait lui-même que l’homme en soit incapable : - La socialisation contre l’information ? - Comment sommes-nous devenus accros à l’information ? L’information s’est beaucoup accélérée ces dix dernières années, via l’évolution des outils de communication et de la demande du public.
Cet engouement pour l’actualité est lié à notre besoin de socialisation mais aussi à notre demande de divertissement. Sur le plan quantitatif la fréquence des interactions entre individus s’est accrue, à mesure que les distances se sont raccourcies via l’urbanisation croissante. Les gens vivent plus près les uns des autres, ils ont donc plus de chances de se croiser. Les citoyens se voient également davantage grâce à l’amélioration des moyens de transports (nous sommes à trois heures de Marseille en TGV quand il fallait une journée de train il y a 20 ans et un mois au moyen-âge). Naturellement, la principale raison de l’augmentation des échanges sociaux entre individus est la modernisation des moyens de communication à distance. - Nouvelles technos : la tentation totalitaire. Les nouveaux outils de socialisation ont changé l’échelle et la vitesse de diffusion des échanges.
On est désormais bel et bien dans le “village planétaire” prophétisé par Marshall McLuhan. Pour le meilleur et pour le pire. L’ère industrielle a inventé la solitude urbaine, la souffrance des individus perdus dans la foule anonyme et sourde. Cela a été de nombreuses fois mis en scène au cinéma par des films comme “Buffet froid”, “Chacun cherche son chat”, “Lost in translation”… Dans les années 80 et 90, que ne rêvions-nous alors de proximité, de communication, de chaleur humaine dans nos cités déshumanisées?
Mais c’est oublier que la proximité porte en elle les germes de la promiscuité. - Comment l’hyper-communication accentue la division sociale. La cohésion laisse place à l’affrontement social – Crédit photo © windwalkernld en Creative Commons via Flickr.com.
- Quantified self, Big Data… l’obsession de la maîtrise. L’obsession du contrôle – Mediaculture / ©David Jones via Flickr.com Les données vont nous permettre d’être plus malins, plus cultivés, plus en forme. Ce sont les promesses affichées de ces nouvelles tendances du “quantified self” et du Big data. Une étape de plus du progrès humain qui traduit aussi l’infusion de l’idéologie libérale. Un tableau de bord intelligent de sa propre vie , sa santé, son humeur, sa culture générale… voilà ce que proposent les gadgets de l’Internet des choses. Du bracelet intelligent qui mesure notre pouls, notre dépense énergétique ou notre vitesse de respiration, à celui qui calcule notre influx nerveux pour corriger notre humeur et notre état d’esprit… L’ambition des créateurs de ces nouveaux objets du quotidien est de faire de nous des êtres “meilleurs”.
- Le plaisir, valeur refuge de nos sociétés en repli. La part croissante des loisirs, du divertissement, de la consommation dans nos vies est un exutoire à notre angoisse, nos craintes face au monde qui se complexifie.
Celui-ci semble en effet plus insaisissable et dangereux que jamais, notamment en raison d’une couverture médiatique plus forte, voire exagérée. L’évolution économique, politique, sociétale, technologique de ces 20 dernières années tend à plonger nos pays développés modernes dans un “spleen” très prosaïque. Au plan individuel ou collectif nous avons peur de perdre nos positions acquises, notre statut social, notre rang. – Professionnelle : chômage, précarité (CDD, temps partiels, interim) se développent. Il est quasiment impossible de faire carrière toute sa vie dans la même entreprise. Les classes moyennes et supérieures ont la trouille d’être déclassées, en raison de l’insécurité professionnelle évoquée ci-dessous. Peur du déclin – Sur le plan géopolitique. D’autant que les médias déforment nécessairement la réalité. "ils ne veulent plus perdre leur vie à la gagner" - Comment la course à l’attention renforce la société de l’ego.
Ego en abîme Le besoin de se différencier dans nos univers urbains socialement homogènes et foisonnants accentue cette société du narcissisme.
Les réseaux sociaux reflètent cette compétition en vue de capter l’attention, nouvelle richesse issue de la pénurie. EMERGER DE LA MULTITUDE UN BESOIN NATUREL.