Une conversion au télétravail plutôt réussie, selon une étude
Mis en place pour des millions de salariés depuis le début du confinement, le télétravail semble avoir le vent en poupe. C’est le principal enseignement d’une note diffusée, jeudi 30 avril, par le groupe de réflexion Terra Nova. Elle s’appuie sur une enquête lancée par l’« agence conseil » Res Publica qui a permis de recueillir, durant les trois premières semaines d’avril, l’avis de quelque 1 860 personnes exerçant leur activité à distance : 58 % d’entre elles « souhaitent à l’avenir travailler plus souvent » depuis leur domicile.
Olivier Klein : « Tous les jours, dans les quartiers, on frôle le point de rupture »
A Clichy-sous-Bois, commune d’un peu moins de 30 000 habitants située en Seine-Saint-Denis, la crise sanitaire liée au Covid-19 creuse chaque jour davantage les inégalités qui minent les quartiers populaires, explique Olivier Klein, maire socialiste de la ville depuis 2011 et président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine. Clichois d’origine qui a grandi dans la cité du Chêne-Pointu, il plaide pour des mesures d’urgence et la mise en place, sur le long terme, de politiques publiques plus ambitieuses. Quelles sont les conséquences du confinement pour les habitants des quartiers populaires ? Pour ceux qui étaient déjà dans la précarité, cette crise sanitaire génère une explosion et une accélération des difficultés. Personne n’avait mesuré l’ampleur de l’impact.
Julia de Funès : "Le télétravail agit comme un tamis : on ne voit que la performance. Impossible de faire semblant de travailler" - Ép. 3/5 - Pandémie, ce qui a déjà changé
Comme toutes les grandes crises de l’histoire, celle que nous vivons en ce moment accélère les grandes mutations menées depuis plusieurs années. Et l’un des exemples les plus symboliques est sans doute l'accélération de la transformation numérique des économies et des sociétés. Quelles sont les conséquences d’un monde du travail de plus en plus numérisé ? L’Homme est-il fait pour ce modèle ? Pour en parler ce matin, Julia de Funès, philosophe et auteure du livre “Le développement (im)personnel. Le succès d’une imposture” aux éditions de l’Observatoire est l’invitée des Matins.
Michaël Fœssel : “Les politiques ont la tentation de faire de la crise un champ d’expérimentation autoritaire”
Vous avez écrit un essai intitulé Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique. Sommes-nous aujourd’hui devant un monde suspendu, un monde abîmé, un monde qui se métamorphose ?
« Open space » : la première fois que « Le Monde » l’a écrit
C’est l’une des rares critiques qu’on ne lui avait pas encore faite. Parce qu’il suppose la présence dans une pièce sans cloison de plusieurs dizaines de salariés, l’open space pourrait favoriser la propagation du Covid-19. De quoi redouter le déconfinement des salariés du tertiaire, majoritairement installés dans ce genre d’espace. Et, espèrent ses détracteurs, donner un coup d’arrêt à ce type d’organisation du travail. Lorsqu’il fait son apparition dans Le Monde, le 8 mai 1971, l’open space porte aussi le joli nom de « bureau paysage ». « Mot devenu magique pour des milliers de citadins privés d’arbres et de pelouses et qui, accolé à n’importe quel autre, évoque espace, verdure et liberté », s’amuse Michèle Champenois, pas dupe : « Bureau paysage (…) Un mot dont la poésie cache une technicité un peu terne puisqu’il désigne tout simplement des bureaux non cloisonnés.
Le souci de l’autre, un retour de l’éthique du « care »
C’est devenu un rituel fédérateur. Chaque soir à 20 heures, les soignants sont applaudis aux fenêtres. Sur les poubelles, des messages remercient les éboueurs de travailler malgré le danger. Les personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont fêtés en héros, de même que les caissières des supermarchés et les agents de sécurité. Hier invisibles, tous ces métiers font l’objet dans l’opinion d’une reconnaissance inédite, comme s’il fallait une catastrophe sanitaire pour révéler combien ils sont indispensables à la vie quotidienne. La crise sanitaire « décape notre regard, rend visible une réalité habituellement tissée dans l’ordinaire de nos vies », constate Pascale Molinier, chercheuse en psychologie sociale, auteure de Le Care monde.
L'après Covid-19 : les Français veulent maintenir le télétravail
À la suite de cette période exceptionnelle de travail à distance forcé, à quoi ressemblerait « le jour d’après » en matière de télétravail ? Comment va-t-il progresser dans les entreprises après la crise de Covid-19 ? Talkspirit fait le point à travers une infographie qui dévoile un fort engouement des collaborateurs français pour le télétravail. Télétravail : un test grandeur nature en période de Covid-19
Tristan Garcia : “Au lieu de nous unir, l’épidémie accentue ce qui nous différencie”
En cette période d’épidémie et de confinement, le thème de l’union nationale est souvent brandi par les autorités. Pensez-vous que cette expérience nous rassemble ou qu’au contraire elle nous divise ? “La grande passion de l’époque n’est pas du côté de l’universel, elle est du côté du particulier” Tristan Garcia Tristan Garcia : Beaucoup ont d’abord affirmé que la situation allait « tous nous rassembler ».
« Le télétravail “sans limite” peut assurément être dévastateur »
Télétravail, conditions sanitaires, chômage partiel… quels droits et obligations avec le déconfinement ? Frédéric Géa, professeur de droit privé à la faculté de Nancy et spécialiste du droit du travail, a répondu, dans un tchat, à vos interrogations. L’enseignant fait notamment valoir que « le thème du télétravail est devenu central dans les préoccupations des employeurs et des salariés ». L’intégralité du tchat : « En cas de chômage partiel total, l’employeur ne doit pas vous demander une quelconque prestation de travail » Rester confinée : Mon employeur veut nous obliger à regagner le bureau dans dix jours, mais je ne suis pas rassurée par les mesures prises.
« Je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries » : le confinement a aggravé les inégalités hommes-femmes
Le soulagement fut de courte durée. Lorsque, une semaine après le début du confinement, son conjoint ingénieur est passé au chômage partiel, Cécile espérait qu’il l’aide à la maison. « Il en fait un peu plus depuis que nous sommes tous les deux en télétravail, raconte cette mère de deux garçons en maternelle. Mais je continue de gérer l’essentiel : les courses, les repas, les devoirs, le jardin, les profs, les angoisses des proches… » La journée, elle peine à se concentrer sur son travail. « Quand je souligne l’inconfort de ma situation, il demande de quoi je me plains. » Au fil des jours, l’incompréhension s’est installée dans leur couple.
Télétravail : faut-il sauver la pause-café à l'heure de la distanciation sociale ?
Marjorie se souvient. « Dans mon entreprise, nous avions une machine à café à chaque étage mais je me déplaçais quand même en bas, à ‘l’Agora’. Pour prendre de vraies pauses et participer à ce qui ressemblait à des réunions informelles, détaille cette responsable des relations publiques dans le secteur du luxe. Ici, j’apprenais toujours quelque chose d’utile pour débloquer une situation ou alors je captais ces petits éléments me permettant, par la suite, de mieux comprendre la réaction de tel ou tel collaborateur. Surtout, la pratique du lobbying interne est cruciale dans l’entreprise.
Achille Mbembe : “L’‘homme occidental blanc’ ne peut plus faire comme si la mort ne le concernait pas”
L’Afrique semble pour le moment relativement épargnée par la pandémie. Quelles ont été les mesures prises en Afrique du Sud, où vous vivez ? Achille Mbembe : Le gouvernement sud-africain a tout de suite compris le caractère de cet événement et n’a cessé de répéter que le virus menace les nations dans leur existence même. Ce faisant, il définissait la nation comme une communauté de vie mise en péril par cette possibilité inédite de morts de masse.