Comment le système éducatif français aggrave les inégalités sociales
Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) dévoile, mardi, deux ans de travaux sur l’école. Le bilan est désastreux. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Mattea Battaglia et Aurélie Collas Des inégalités sociales à l’école, produites par l’école elle-même… C’est la démonstration que fait le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), en rendant publiques, mardi 27 septembre, les conclusions d’une vingtaine de rapports. Tout un spectre de la recherche – des sociologues aux économistes, des didacticiens aux psychologues, français et étrangers – a été mobilisé deux années durant, pour interroger ce mythe de l’égalité des chances dans notre système éducatif.
La lutte contre les inégalités scolaires
L'inégalité face à l'éducation est la première des injustices contre lesquelles il faut lutter. Or elle s'est accrue ces dernières années. Pour inverser la tendance, le Gouvernement s'est fixé un objectif : ramener à moins de 10% les écarts de réussite scolaire entre élèves.
La France, championne des inégalités à l’école au sein des pays de l’OCDE
Le Conseil national d'évaluation du système scolaire publie mardi 27 septembre un rapport accablant pour la France. Parmi les 35 pays membres de l'OCDE, notre pays est devenu, en quelques dizaines d’années, le pays le plus inégalitaire en matière d’éducation. Élève moyen dans les années 2000, la France se place désormais en toute fin de palmarès pour les inégalités à l’école au sein de l’OCDE, révèle le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) dans une étude rendue publique mardi 27 septembre. Cette enquête inédite réalisée sur deux ans par 22 équipes de chercheurs français et étrangers, pose "un diagnostic sur les inégalités sociales et migratoires à l’école".
L’accès au études supérieures de plus en plus inégalitaire…et rentable
Il est hélas déjà largement établi que l’accès à l’enseignement supérieur reste, en France, extrêmement inégalitaire, et que cette inégalité s’est dernièrement renforcé après la phase de « démocratisation » des années 1970. Pierre Courtioux, chercheur au pôle économie de l’EDHEC et chercheur associé au Centre d’Economie de la Sorbonne (CNRS Université Paris 1), précise dans une étude publiée le 28 novembre (« L’origine sociale joue-t-elle sur le rendement des études supérieures? ») la répartition des catégories socio-professionnelles dans les différents niveaux et filières de l’enseignement supérieur, mais également le « rendement » (c’est-à-dire le solde entre le manque à gagner que constitue la poursuite d’études et le gain que constitue l’obtention d’un salaire supérieur) que représente pour ces différentes catégories l’accès à un diplôme du supérieur une fois sur le marché du travail.
Systèmes éducatifs et inégalités scolaires : une perspective internationale
1La sociologie des inégalités sociales à l’école s’est enrichie ces dernières années des résultats des grandes enquêtes internationales sur l’éducation. Pour les enquêtes de l’IEA (2007) et de l’OCDE (2004), il s’agit de comparer des systèmes éducatifs en fonction de ce qu’ils « produisent » en termes de compétences des élèves. On peut ainsi penser les processus éducatifs en relation avec les politiques scolaires de chaque pays en considérant toute une série d’indicateurs comme l’âge de la première orientation, le nombre de filières, les modes de regroupement des élèves, la part du privé et du public dans les systèmes éducatifs, etc. (Demeuse, Baye et al, 2005). Quelle organisation éducative, quel système d’enseignement produit quels types d’inégalités ?
Une étude confirme que les inégalités sociales accroissent les écarts scolaires
INFOGRAPHIES - Des tests menés auprès d'élèves sous l'égide du ministère illustrent les fortes disparités de niveau en fonction des catégories sociales et confirment qu'elles s'accroissent au collège. Cette étude est publiée alors que la ministre Najat Vallaud-Belkacem présente mardi les mesures de sa première rentrée. À l'heure de la fin des vacances et alors que la ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem s'apprête à faire sa rentrée (voir plus bas), le défi des inégalités sociales se confirme.
Les inégalités sociales sont fortes dès le primaire et le collège
Les inégalités de niveau scolaire liées au milieu social existent dès les petites classes. Au CE2, le quart des élèves les moins favorisés – selon un indice de position sociale [1] élaboré par le ministère de l’Éducation nationale – obtient une note de 58 sur 100 en maîtrise du français et de 57 en mathématiques, contre 87 et 85 pour le quart issu du milieu social le plus favorisé (données 2017). Le redoublement, même s’il est de moins en moins utilisé, traduit les difficultés de certains élèves à suivre le rythme normal de la scolarité.
Les inégalités scolaires en France : évolutions, contradictions et paradoxes – Les Carnets du Cedrhe
Introduction Les résultats obtenus par les élèves français lors de l’évaluation internationale PISA de 2015, publiés en décembre 2016, à l’instar de ceux de 2009 et de 2012, attestent à la fois une augmentation de la proportion d’élèves en difficultés et l’accroissement des inégalités scolaires de performance. Ils montrent que la France est l’un des pays de l’OCDE où le poids de l’inégalité sociale sur l’inégalité scolaire est le plus important. Comment expliquer cela alors que plusieurs initiatives politiques visant à démocratiser l’éducation et à réduire les inégalités scolaires se sont succédées au cours du XXe siècle et au début XXIe siècle ? Instruments de mesure Alors que les enquêtes de type « suivi de cohorte » ont débuté dans les années 70, celles qui visent à évaluer les compétences ou les acquisitions des élèves (et permettent donc d’en mesurer les inégalités) sont plus récentes en France.
ÉDUCATION - Sociologie de l'éducation, Inégalités sociales, inégalités scolaires
Inégalités sociales, inégalités scolaires La préoccupation la plus constante, sinon la plus ancienne, concerne la formation des inégalités scolaires. Pourquoi observe-t-on partout que les élèves issus des catégories sociales les moins favorisées obtiennent, en moyenne, de moins bons résultats que leurs camarades venant des groupes les plus favorisés ? Cette question est d'autant plus centrale que nous vivons dans des sociétés démocratiques affirmant l'égalité fondamentale des individus et dans lesquelles l'égalité des chances scolaires est tenue pour une valeur fondamentale de l'école. Avec la massification scolaire amorcée dans les années 1960 et 1970, et la possibilité offerte, en principe, à tous les élèves d'accéder aux formations les plus longues et les plus prestigieuses, le maintien des inégalités sociales face à l'école apparaît comme une sorte de scandale.