Le droit d’asile, un parcours complexe fragilisé par le projet de loi Collomb. Un projet de loi asile centré sur la répression. Ce projet, que le ministère de l’intérieur qualifie d’« équilibré », est unanimement dénoncé par les acteurs du secteur. 1 110 amendements ont été déposés pour la discussion à l’Assemblée nationale. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Maryline Baumard Moins de réfugiés, plus d’expulsés… Le projet de loi qui devait arriver à l’Assemblée nationale ce lundi 16 avril déborde à peine de ces deux lignes de force. Bien que baptisé « Pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », il marie surtout dissuasion et répression au fil de ses 41 articles, négligeant pour l’heure le volet intégration.
Le passage en commission des lois du 3 au 6 avril a certes adouci la copie du ministre de l’intérieur sur la rétention, avec un doublement de sa durée contre le triplement souhaité par Gérard Collomb. Aussi, les 1 110 nouveaux amendements déposés pour la discussion en séance ne devraient pas changer la nature du texte. Gérard Collomb met la pression aux préfets sur l’immigration irrégulière. Dans une circulaire du 20 novembre, le ministre de l’intérieur les exhorte à obtenir des résultats rapides sur les migrants.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Maryline Baumard « La circulaire du 20 novembre », comme l’appellent les préfets, ce sont 14 pages intitulées « Objectifs et priorités en matière de lutte contre l’immigration irrégulière » que Gérard Collomb vient de leur adresser. Un texte, « raide », « sec », de l’avis général, qui conjugue à tous les modes « éloignement », « transferts » et « rétention » des étrangers. Si le ton est abrupt, c’est que le ministre de l’intérieur veut des résultats rapides. Une loi sur l’immigration est certes prévue au début du printemps, mais sur ce sujet comme sur d’autres, l’exécutif est pressé. Aussi M. Avec la préfectorale, le ton avait été donné le 10 octobre. Macron à Calais: avec ou contre lui.
Migrants : « M. Macron, votre politique contredit l’humanisme que vous prônez ! » Dans une lettre ouverte au président de la République, des intellectuels et des syndicalistes critiquent sévèrement la politique migratoire du gouvernement. Tribune. Monsieur le Président de la République, de votre projet, nous avions retenu que nous aurions une politique de l’asile stricte, mais exemplaire : que sous votre autorité la France veillerait à ce que le droit d’asile ne soit pas détourné de son objet, et que, dans le même temps, elle accorderait sa protection à celles et ceux qui sont légitimes à la demander. Les Français pour qui la protection des persécutés ne fait qu’un avec la vocation historique de notre pays pensaient trouver là un motif de fierté. Ils accueillirent donc avec joie votre profession de foi « universaliste » à Orléans le 27 juillet 2017. Ils saluèrent votre promesse d’une France où plus personne ne dormirait « dans la rue, dans les bois » et où l’on ne chercherait plus à dissuader quiconque d’exercer son droit à la protection.
En France, une politique migratoire d’une dureté sans précédent. Pour la première fois, le ministère de l’intérieur met un pied dans l’hébergement d’urgence géré par les affaires sociales. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Maryline Baumard Au fil des jours, la « ligne Macron » devient plus nette et dessine une politique migratoire d’une rudesse sans précédent. Vendredi 15 décembre, en fin de journée, une réunion interministérielle sur le projet de loi immigration, qui arrivera en discussion au printemps 2018, a révélé que les tenants de la ligne dure avaient la main. La même philosophie prévalant déjà sur le terrain et dans les textes ministériels. A Calais (Pas-de-Calais), alors que la ville grelotte, les couvertures des 700 exilés sont jetées au gré des opérations policières, les abris détruits.
Dans la Roya ou l’arrière-Briançonnais, la frontière se gère à coups de « refus d’entrée » notifiés en série. Glissement vers l’option sécuritaire Pour parvenir à expulser, l’intérieur va même désormais... Le gouvernement veut exclure les sans-papiers des hébergements d’urgence. Le monde associatif refuse de cautionner un tri des migrants dans l’hébergement d’urgence. Une quinzaine d’associations de l’hébergement d’urgence ont claqué la porte du ministère de l’intérieur vendredi matin. Le ministre, Gérard Collomb, leur présentait son dispositif pour sortir les sans-papiers des centres d’hébergement d’urgence. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Maryline Baumard Trop c’est trop ! Vendredi 8 décembre, une quinzaine d’associations du secteur social ont, à peine entrées, claqué la porte du bureau du ministre de l’intérieur. Gérard Collomb souhaitait leur détailler une circulaire permettant d’envoyer des équipes mobiles contrôler la situation administrative des personnes hébergées dans l’accueil d’urgence, afin de sortir du parc les personnes sans papiers. « Nous serions heureux de pouvoir faire équipe avec des représentants de l’action sociale, nous a-t-il déclaré », comme l’a raconté Bruno Morel, d’Emmaüs Solidarité à la sortie… « Le ministre nous a annoncé la sortie prochaine de deux circulaires.
Demande de concertation Déjà expérimenté. Depuis janvier, trois mille migrants ont disparu en Méditerranée. Ce triste chiffre a été atteint le week-end dernier, a annoncé mardi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui rappelle qu’il « faut agir ». Au moins trois mille migrants et réfugiés ont trouvé la mort depuis le début de l’année en traversant la Méditerranée pour rejoindre les côtes européennes, a annoncé mardi 28 novembre l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). « Cette barre a été franchie probablement au cours du week-end dernier », durant lequel des migrants ont trouvé la mort au large des côtes libyennes, a déclaré un porte-parole de l’OIM, Joel Millman, lors d’une conférence de presse à Genève, en Suisse. « Le nombre actuel est de 3 033 morts en traversant la Méditerranée, en empruntant l’une des trois routes » connues, a-t-il ajouté. « Nous devons également agir »
Des ressortissants marocains pris au piège des prisons libyennes. Des centaines de migrants marocains en route vers l’Europe sont retenus captifs en Libye. Ils implorent le roi Mohammed VI de les rapatrier. C’est par une vidéo tournée clandestinement que les Marocains ont découvert le drame : des centaines de leurs compatriotes croupissent dans des conditions déplorables dans des prisons libyennes. Ce ne sont pas des criminels, seulement des migrants qui tentaient de rejoindre les côtes européennes. Dans plusieurs vidéos où ils filment leur calvaire, les captifs supplient le roi Mohammed VI de les faire « rentrer au pays ».
Certains, interrogés par la presse marocaine, disent avoir été vendus, victimes de réseaux d’immigration clandestine. L’affaire intervient alors que les révélations de CNN sur un marché aux esclaves de migrants subsahariens en Libye suscitent un large mouvement d’indignation. Lire aussi : La communauté internationale s’indigne du traitement des migrants réduits à l’esclavage en Libye Migrants vendus Nouvelle route de l’exode. «cauchemar» au large de la libye : plus de 1 300 migrants secourus. Vendredi au large de la Libye, treize embarcations de fortune ont été secourues essentiellement par deux navires humanitaires. Plus de 1 300 migrants ont été secourus vendredi au large de la Libye, pour la plupart par des navires humanitaires qui ont évoqué une situation de «cauchemar», au moment où les dirigeants européens se penchaient sur la question à Malte.
Ce bilan, fourni par les gardes-côtes italiens qui coordonnent les opérations dans la zone, porte à plus de 3 050 le nombre de migrants secourus depuis mercredi. Vendredi, 13 embarcations de fortune ont été secourues par les deux navires humanitaires actuellement dans la zone, «l'Aquarius» de SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières (MSF) et le «Golfo Azzurro» de Proactiva Open Arms, ainsi que par des cargos croisant dans la zone. Les ONG débordées «C'est un cauchemar absolu en ce moment. «Des brûlures dues au carburant, des blessures, des bébés... Sept mille migrants arrivés en Italie depuis le début de l'année.
Aide aux migrants : l’agriculteur Cédric Herrou de nouveau en garde à vue. Jugé le 4 janvier pour des faits similaires, Cédric Herrou avait revendiqué « une action politique ». La décision du tribunal avait été mise en délibéré au 10 février. L’agriculteur Cédric Herrou, qui risque déjà huit mois de prison avec sursis pour avoir aidé des migrants à l’automne, a été à nouveau placé en garde à vue mercredi 18 janvier au soir pour infraction à la législation sur les étrangers, a fait savoir son avocat. « J’ai été appelé pour une garde à vue à Menton, à la gendarmerie », a indiqué Me Zia Oloumi, qui n’a pas eu encore accès au dossier. « Il a a priori été interpellé près de chez lui, vers Sospel. Les éléments plausibles permettant de le mettre en garde à vue seraient l’aide à l’entrée, au séjour et à la circulation d’étrangers en situation irrégulière », a-t-il précisé. Jugé le 4 janvier pour des faits similaires, Cédric Herrou avait revendiqué « une action politique ».
La décision du tribunal avait été mise en délibéré au 10 février. Vingt mille personnes ont obtenu le statut de réfugié en 2016. À la frontière italienne, des cheminots résistent à la «chasse aux migrants» Condamné pour aider les migrants. À la frontière franco-italienne, les habitants de la vallée de la Roya risquent la prison pour avoir aidé les migrants. À la fois cul de sac et point de passage de l’Italie vers la France, la vallée de la Roya voit chaque jour des dizaines de migrants se perdre sur les routes et les chemins de montagne. Spontanément, des habitants leur viennent en aide, malgré une pression politique, policière et judiciaire croissante. Organisés au sein de l’association Roya Citoyenne, ils refusent d’abandonner les migrants, souvent affamés et perdus, au bord des routes. Au départ discrète, leur action veut désormais se montrer au grand jour, pour contrer la répression des autorités.
Quitte à risquer la prison. Reportage. Ils seront jugés le 23 novembre pour avoir porté secours à des réfugiés. « Un délit de solidarité », affirme un de leurs avocats, Zia Oloumi. Cédric Herrou est l’un des deux prévenus. Des habitants révoltés Cédric Herrou a déjà été arrêté pour des faits similaires en août, lors d’un contrôle routier. Une adolescente décédée sur la route Le théâtre de cette mobilisation est un paysage de carte postale.
A Palerme, la traque sans fin des passeurs de migrants. Calogero Ferrara, barbe blanche taillée de près, cigare en bouche et deux gardes du corps aux bottes, parle devant le tribunal de Palerme où il est procureur chargé des affaires antimafia, et, depuis 2013, de la lutte antipasseurs. « Si ce qu’on fait est efficace ? C’est un grand mot… Mais oui, on a de bons résultats. Avec nos écoutes et notre travail auprès des migrants qui arrivent chaque jour, on a été capable de mettre des noms sur ces réseaux de trafiquants, de produire des mandats d’arrêt, de faire arrêter les chefs. » Lire aussi : Crise des migrants : l’Italie, isolée, refuse de renoncer Comme lui, ils sont une dizaine de procureurs palermitains à avoir été affectés à la difficile traque des trafiquants d’être humains, en utilisant leur expérience dans la lutte antimafia.
Ils tentent de démanteler ces organisations criminelles qui font chaque jour embarquer sur des rafiots souvent délabrés des milliers de migrants au risque de leur vie. Moussa Traoré est l’un d’eux. Le FMI plaide pour une intégration économique rapide des migrants. Alors que les flux migratoires suscitent une forte polarisation en Europe et aux Etats-Unis, le Fonds monétaire international (FMI) se saisit du débat. Y consacrant tout un chapitre de ses « Prévisions économiques mondiales », l’institution ne nie pas les « défis » posés par l’immigration en termes économiques.
Mais elle axe davantage son argumentaire sur les « chances » que celle-ci offre aux pays hôtes. Le rapport indique : « Les migrants peuvent avoir un effet stimulant sur la population active et un impact positif à long terme sur la croissance et les finances publiques, surtout dans les pays aux populations vieillissantes. » Les économistes soulignent ainsi qu’une hausse d’un point de pourcentage de la proportion de migrants dans la population en âge de travailler peut augmenter de 2 % à long terme le PIB par tête d’un pays.
Lire aussi : Le FMI reste pessimiste concernant la croissance mondiale Réussie, l’intégration des migrants contribue à fluidifier le marché du travail. "il est plus facile de s'en prendre aux réfugiés qu'au capitalisme financier" LE MONDE | | Par Thomas Piketty (Directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Ecole d’économie de Paris (EHESS) et professeur à l'Ecole d'économie de Paris) Dans moins de deux mois, les Etats-Unis auront un nouveau président. Si Donald Trump l’emporte, ce serait une catastrophe pour son pays, mais aussi pour le reste du monde.
Raciste, vulgaire, imbu de lui-même et de sa fortune, il incarne ce qu’il y a de pire en Amérique. Et le fait qu’Hillary Clinton ait tant de mal à le distancer dans les sondages nous interpelle tous. La stratégie de Trump est classique : il explique aux petits Blancs malmenés par la mondialisation que leur ennemi est le petit Noir, l’immigré, le Mexicain, le musulman, et que tout ira mieux si le grand milliardaire blanc les en débarrasse. Il exacerbe le conflit racial et identitaire afin d’éviter le conflit de classes, dont il risquerait de faire les frais. « En posant mes pieds sur le tarmac, j’ai su que les mortes du 20 juillet m’accompagneraient » LE MONDE | • Mis à jour le | Par Maryline Baumard Je croyais être revenue seule en Sicile.
Quand, ce 2 septembre, à l’apparition des fumerolles de l’Etna à travers mon hublot, j’ai senti une présence s’imposer, j’ai esquivé l’avertissement. C’est en arrivant à l’aéroport de Catane que je me suis rendue à l’évidence. L’agression du soleil m’a ramenée à d’autres morsures. Celles que j’avais vues en juillet sur les visages et les corps de migrants survivants tassés dans un canot pneumatique, au milieu de cadavres.
Ces coups de dents avaient été la dernière défense de condamnées à mort face à ceux qui leur enfonçaient la tête sous l’eau dans un sauve-qui-peut général. Enterrées dans le cimetière de Trapani, cette cité antique à l’extrême ouest de la Sicile et ville italienne la plus proche de l’Afrique, elles m’avaient suivie une partie de l’été. Mon pressentiment s’est vite confirmé. 48 millions d’enfants migrants ou déplacés de force dans le monde. Bonjour, et bienvenue sur Le Monde.fr Pour permettre à nos 400 journalistes de vous apporter chaque jour une information de qualité, fiable, variée, et pour pouvoir continuer à vous proposer des services innovants et performants, nous devons pouvoir compter sur les revenus de la publicité.
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