Les leurres de la classe inversée. Au dire de certains, la classe inversée constituerait une révolution pédagogique. Elle ferait renaître la motivation d’élèves s’ennuyant dans la classe « traditionnelle », permettrait une différenciation favorable à une meilleure réussite des élèves en difficulté, tout en offrant à tous d’être « acteurs de leurs apprentissages et producteurs de leur savoirs ». Forcer le trait pour construire l’opposition radicale des modèles. La description de l’activité pédagogique « traditionnelle » sur les sites promoteurs de la pédagogie inversée repose sur une analyse quelque peu simplificatrice. Il faut tout de même rappeler que la question de l’appropriation des savoirs par d’autres modalités que celles d’un monologue professoral ne constitue pas une préoccupation nouvelle. Catégoriser l’activité scolaire habituelle de manière binaire entre un temps de transmission (la classe) et un temps d’appropriation (les devoirs à la maison) procède de la même volonté de caricature outrancière.
Pierre Dillenbourg : « Les nouvelles technologies ne doivent pas alourdir le travail de l’enseignant » Féru de pédagogies innovantes, Pierre Dillenbourg, professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, détaille les nouveaux outils qu’il développe au sein de son laboratoire. LE MONDE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Martine Jacot Il se décrit comme un « aventurier » dans l’univers des savoirs. Pierre Dillenbourg, 55 ans, a un parcours de précurseur. D’abord instituteur dans son pays natal, la Belgique, il s’inscrit à un master en sciences de l’éducation à l’université de Mons : « jeune idéaliste », il voulait « changer la formation des enseignants », afin de « changer le monde ». Esprit curieux, il découvre les balbutiements de l’intelligence artificielle et, en 1985, consacre son mémoire de master à « l’apprentissage automatique en informatique et à ses applications pour qu’un logiciel éducatif s’auto-améliore avec le temps ».
Il rejoint l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en 2002. Au total, un peu moins de 10 % des utilisateurs vont au bout de nos MOOC. #EdTech : ‘’l’éducation ne peut pas être ubérisée’’ | E-media, the Econocom blog. « Les nouvelles technologies vont révolutionner l’éducation mais pas l’ubériser ». C’est l’un des constats d’Audrey Jarre et Svenia Busson, deux étudiantes de HEC Paris qui ont concrétisé leur projet de recherche, baptisé EdTech World Tour. En explorant les pratiques sur 5 continents et 8 pays, elles ont mis en perspective l’impact et l’adoption du digital dans le secteur éducatif, le rôle des start-up et de leurs écosystèmes. Leur voyage s’est achevé au printemps 2016.
Il a fait l’objet d’un rapport dont voici les grandes lignes. « L’éducation reste un sujet souverain, qui résiste à la mondialisation. Les enjeux sont locaux et le contexte joue un rôle majeur. Les EdTech : des outils et non pas une fin en soi Par la diversité des contextes culturels, les bonnes et mauvaises pratiques qu’elles ont observées, ces deux étudiantes en font la démonstration. Aux États-Unis : un écosystème spécifique mature En Inde : flexibilité des apprentissages et mobile learning. L’éducation de l’attention à l’âge du numérique ubiquitaire. L’avènement du numérique tend à décanter, purifier et distiller le statut de l’enseignant, en le délivrant des scories qui alourdissaient et encombraient jadis sa tâche.
Il apparaît de plus en plus clairement que le cœur de son travail consiste moins à « transmettre des connaissances » (Wikimédia, les MOOCs, les manuels, les tutoriels et les immenses banques de données accessibles en ligne depuis n’importe quel smartphone tiennent ces connaissances à notre disposition) qu’à « éduquer l’attention », comme le précise l’anthropologue Tim Ingold. Cette formule peut se décliner de multiples façons. Un art de la préhension Cela implique d’abord d’apprendre où, comment et grâce à qui accéder à ce dont nous avons besoin pour résoudre le problème auquel nous nous trouvons confrontés. Au sein d’un monde de plus en plus riche en « données » – où, comme l’écrit Michael Wheeler : Un art de la conversation Un art de l’erratisme Or tel est bien l’enjeu de l’attention, dans ce qu’elle a d’émancipateur.
Catherine Becchetti-Bizot : Changer l’Ecole par le numérique ? Faire entrer l'École dans la culture numérique : voilà pour tous un enjeu majeur, que Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice générale de lettres, porte depuis des années. Elle mène actuellement une mission nationale d'étude des « pratiques mobilisant des pédagogies actives liées à l'utilisation des outils et ressources numériques ». A l'occasion du colloque écriTech'7 qui vient de se tenir à Nice autour des nouvelles pratiques d'écriture, elle fait un point d'étape sur ses observations et réflexions : qu'est-ce qui change en profondeur avec le numérique ? Quelles sont les pratiques qui lui semblent les plus neuves et les plus intéressantes ? Comment les diffuser au mieux dans les classes sans enfermer « les initiatives foisonnantes dans des cadres contraints » ? Comment remettre la pédagogie au centre du Plan numérique pour l'éducation et ainsi « construire une culture commune qui fera changer l'école » ?
L'histoire de l'écriture a toujours été liée à celle de ses supports. Big data : l’enjeu majeur de l’enseignement au XXIᵉ siècle. Miser sur les mathématiques et la physique : c’est la recommandation de trois grands experts pour prendre le train en marche du big data. Une formation d’autant plus essentielle que les profils nécessaires en la matière continuent de faire cruellement défaut en France. Un consensus autour des enjeux du big data Les experts s’accordent désormais tous sur le sujet : le big data est l’enjeu majeur de l’enseignement au XXIe siècle. C’est en tout cas le point de vue de John Hennessy, le président de l’université Stanford en Californie (qu’il quittera en septembre après seize ans au poste) : pour lui, comme pour d’autres, le big data devient un outil central d’aide à la décision dans une multitude de domaines. Le son de cloche est le même pour le Français Yann LeCun, directeur de FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research), le laboratoire de recherche en intelligence artificielle du géant de l’Internet : le champ du big data est en pleine expansion.
Bruno Devauchelle : Les marchés de l'éducation et du numérique. Rien n'est gratuit, pas même l'éducation. L'éducation, un investissement pour l'avenir. Le numérique, un marché qui se cache pour mieux s'imposer. Aphorismes d'une grande banalité dira-t-on ! Mais au moment où débutent la période des congés d'été, plutôt que de se mettre la tête dans le sable afin de ne plus percevoir les bruits du monde, profitons en plutôt pour écouter ces signaux faibles qui sont annonciateurs, peut-être, de mouvements de fond à venir. A regarder ce qui est en train de se jouer autour de l'éducation en lien avec le déploiement du numérique, il est nécessaire de s'interroger sur la valeur et les conséquences de chacune d'elles. La perception que chacun de nous a des coûts des produits et des services qu'il utilise ou consomme est très variable selon les contextes, les situations. Le monde de l'enseignement illustre parfaitement cette difficulté de perception.
La fin de l'Etat ? D'où vient-on ? Dérégulation progressive Quel prix pour le collectif ? Bonnes vacances... Le désastre du Désastre numérique. Quand un livre aborde des questions importantes, on s'y intéresse... Mais lorsque les auteurs de ce livre se permettent d'utiliser des méthodes et procédés rhétoriques discutables, on regrette qu'à des bonnes questions qui méritent toute notre attention, ils ne permettent pas au lecteur de faire lui-même le travail d'analyse, mains tentent d'imposer leurs réponses.
Dès la quatrième de couverture on peut y lire un propos qui n'est qu'une rumeur sur les choix éducatifs des dirigeants d'entreprise informatiques de la Silicon Valley. En d'autres termes ce livre, opportun en cette période rentrée, favorable aux ventes d'ouvrages polémiques, ne sera qu'un opus de plus dans la galerie des ouvrages qui sont avant tout polémiques mais pas provocateurs. Des idées peu étayées Mais quel est donc l'idée défendue par ce livre ? En fait ce livre propose trois thèmes qui portent la critique : Désastre ou dénigrement ? Enfin le livre se termine par une proposition pour une école sans écrans.