Au bord du précipice, les factions armées de Gaza et Israël concluent un cessez-le-feu fragile. Huit ans après, du courrier bloqué par Israël arrive enfin en Cisjordanie. Antisémitisme : le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn à nouveau dans la tourmente. Jasmin l’Israélienne et Osama le Palestinien, au-delà du mur. Au chevet de Gaza qui sombre, des efforts diplomatiques et humanitaires en ordre dispersé. Guidés par leurs propres agendas, des acteurs locaux, régionaux et internationaux s’efforcent d’apporter une aide à la population mais la situation reste explosive.
Le Monde | 06.07.2018 à 06h44 • Mis à jour le 06.07.2018 à 11h21 | Par Piotr Smolar (Bande de Gaza Envoyé spécial) Yahya Sinouar tient un jeune enfant sur ses genoux, qui ne semble pas importuné par la sono agressive et les danseurs folkloriques suant devant eux. A Gaza, la résilience est un mode de vie imposé à tous. Le chef du Hamas a pris place au premier rang devant une assistance entièrement féminine, sous le grand chapiteau dressé au point de rassemblement de Malaka. La clôture frontalière avec Israël se trouve à quelques centaines de mètres. En ce mardi 3 juillet, tandis que les discours se succèdent à l’abri du soleil, plus d’un millier de femmes osent s’aventurer dans la bordure interdite pour perpétuer le défi lancé depuis le 30 mars aux soldats postés de l’autre côté.
A Gaza, le bilan s’alourdit malgré une affluence moins forte. Les soldats israéliens ont tiré à balles réelles et lancé des grenades lacrymogènes pour disperser, vendredi, des manifestants à la frontière, faisant quatre morts et 120 blessés par balles.
Le Monde | 09.06.2018 à 06h38 • Mis à jour le 09.06.2018 à 07h21 | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Une forme étrange de soulagement domine, parmi les observateurs israéliens. Quatre morts, près de 120 blessés par balles : tel est le bilan de la nouvelle journée de la « marche du grand retour », à Gaza, vendredi 8 juin. Un bilan – on n’ose écrire le mot – mesuré, par rapport aux craintes exprimées par les hauts responsables militaires, les jours précédents. Parmi les blessés figure un photographe de l’Agence France-Presse, qui faisait son métier, à l’est de Jabaliya, en portant les signes distinctifs de la profession. Gaza veut continuer la mobilisation même sans stratégie claire. La journée de mardi a été marquée par une faible participation, en raison des nombreuses funérailles.
La mobilisation est maintenue pour les prochaines semaines. LE MONDE | 16.05.2018 à 06h06 • Mis à jour le 16.05.2018 à 07h47 | Par Piotr Smolar (Gaza, envoyé spécial) Gaza connaît trop bien ce temps des rideaux tirés et des tentes de deuil. Ces journées de pleurs, de cris et de ferveur, où les vivants célèbrent les « martyrs » en se jurant que leur décès a un sens. Mardi 15 mai devait être une journée de forte mobilisation, à l’occasion du 70e anniversaire de la Nakba, l’exode des Palestiniens au moment de la création d’Israël.
Les victoires dérisoires et coûteuses des jeunes Gazaouis. Au soir du troisième vendredi consacré à la « marche du grand retour », une personne est morte et 220 ont été blessées par balles dans le face-à-face avec les tireurs israéliens.
Nouvelle journée de sang à Gaza, le long de la frontière avec Israël. Un bilan du ministère de la santé gazaoui fait état de dix morts et de plus de 400 blessés par balles lors d’une nouvelle manifestation de Palestiniens réprimée par l’armée israélienne.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (Nahal Oz (Israël), envoyé spécial) D’ici, on voit bien mais on ne comprend rien. D’ici, du côté israélien de la frontière, sur un point d’observation situé en zone militaire au sud du kibboutz de Nahal Oz, les équipes de télévision viennent faire leur plateau. Dans leur dos, des champs de jojobas soigneusement alignés. A un gros kilomètre à l’ouest en terrain ouvert, par-delà les Jeep, les soldats, les monticules de sable et la clôture de sécurité, on aperçoit des centaines de petites taches noires. Manifestation à Gaza : cinq Palestiniens tués et 400 blessés par des soldats israéliens. Avant même le début de la mobilisation, Israël avait prévenu que les consignes de tir données à ses soldats le 30 mars resteraient les mêmes ce vendredi.
Cinq Palestiniens ont été tués et plus de 400 blessés par des soldats israéliens lors de protestations vendredi 6 avril près de la frontière entre Gaza et Israël, une semaine après une journée particulièrement meurtrière lors de manifestations similaires. Le ministère de la santé à Gaza a indiqué que cinq Palestiniens avaient été tués par des tirs de soldats israéliens, dont un adolescent de 16 ans. A la frontière de la bande de Gaza, une « grande marche du retour » pacifique mais meurtrière. Des dizaines de milliers de Palestiniens manifestaient vendredi à quelques mètres de la clôture qui les sépare d’Israël.
Au moins seize d’entre eux ont été tués par l’armée israélienne. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (bande de Gaza, envoyé spécial) Tels des champignons de fer, les casques des tireurs d’élite israéliens se dessinent, immobiles, au sommet des collines. Nétanyahou valide la création d’une nouvelle colonie, une première depuis vingt-cinq ans. Planifiée dans la vallée de Shilo, en Cisjordanie, la future colonie résulte d’une promesse faite aux familles de l’avant-poste d’Amona, démantelé début février.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) L’annonce est tombée tard dans la soirée, jeudi 30 mars, au terme de longues discussions en conseil de sécurité, autour du premier ministre, Benyamin Nétanyahou. Pour la première fois depuis les accords d’Oslo, signés en 1993, le gouvernement israélien a décidé d’autoriser l’établissement d’une nouvelle colonie en Cisjordanie, dans la vallée de Shilo. Cette mesure était une promesse faite aux familles de l’avant-poste d’Amona, démantelé sur décision de justice début février. Lire aussi : Colonies israéliennes en Cisjordanie : près d’un demi-siècle d’installations illégales Depuis les élections de mars 2015, jamais encore les colons n’avaient bénéficié d’une telle influence en Israël. Double pression pour Nétanyahou. Le docteur Abuelaish se bat pour obtenir les excuses d’Israël. Le médecin gazaoui a perdu trois de ses filles dans un bombardement de l’armée de l’Etat hébreu, pendant l’opération « Plomb durci » en 2009.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Il a une voix puissante, infatigable, celle d’un homme cognant sans relâche à une porte jusqu’à ce qu’on finisse par lui ouvrir. Cela fait huit ans, pourtant, que le docteur Izzeldin Abuelaish se heurte à la même indifférence. La droite israélienne veut profiter du flou des intentions de Trump. L’envoyé spécial du président américain arrive en Israël aujourd’hui.
La question du développement des colonies en Cisjordanie sera au cœur des discussions. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Un premier contact téléphonique a enfin eu lieu, vendredi 10 mars, entre Donald Trump et Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. L’administration américaine se lance ainsi, à son tour, comme médiateur du conflit israélo-palestinien. Les députés israéliens approuvent l’expropriation de terres palestiniennes. Le texte, qui légalise les avant-postes construits sur des terres privées en Cisjordanie, doit à présent être examiné par la Haute Cour de justice. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) Lorsque sera écrit, un jour, le bilan politique de Benyamin Nétanyahou, le 6 février 2017 occupera une place particulière.
A cette date, sous son autorité, les députés de la Knesset ont récompensé l’expropriation de terres palestiniennes et tenté d’imposer la loi israélienne en territoires occupés, au lieu de la loi militaire en vigueur depuis cinquante ans. Pour cela, ils ont adopté en dernière lecture par 60 voix contre 52 un texte ouvrant la voie à la légalisation des avant-postes construits sur des terres privées palestiniennes. Ces avant-postes sont des communautés juives, de taille réduite, établies en Cisjordanie depuis près de vingt ans sans autorisation officielle, mais protégées par l’armée et bénéficiant de financements publics. Fuite en avant. Israël-Palestine : revirement majeur de Donald Trump sur un mode confus. Le président américain a dissocié mercredi, pour la première fois, l’objectif d’une paix entre Israël et les Palestiniens d’une solution à deux Etats. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Gilles Paris (Washington, correspondant) Donald Trump a engagé les Etats-Unis dans l’inconnu en recevant le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à la Maison Blanche, mercredi 15 février.
Nétanyahou à Washington pour évaluer sa marge de manœuvre sur la question palestinienne. Après avoir semblé donner des gages à la droite israélienne sur les colonies, Donald Trump s’inscrit dans une forme de continuité avec les administrations précédentes. C’est entendu : Israël est un Etat souverain. Mais la visite officielle de Benyamin Nétanyahou à Washington, à compter du mardi 14 février, revêt une importance rare, à la fois pour son destin politique et celui de son pays.
En rencontrant le nouveau secrétaire d’Etat Rex Tillerson mardi, mais surtout Donald Trump à la Maison Blanche le lendemain, le chef du gouvernement israélien vient chercher, en quelque sorte, sa lettre de cadrage auprès du protecteur américain. L’heure est enfin venue ; la brume doit se lever, un mois après l’investiture. M. Face à l’imprévisibilité de Trump M. Lui est resté mystérieux sur ses intentions, avant son départ. Lire aussi : Donald Trump multiplie les concessions diplomatiques. Berlin, le nouveau Tel-Aviv. Artistes, journalistes, créateurs de start-up… Ils sont 11 000 Israéliens à avoir émigré dans la capitale allemande. La plupart ont été attirés par le dynamisme de la ville et la promesse d’opportunités. Sans occulter l’Histoire. M le magazine du Monde | • Mis à jour le | Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance) Au théâtre Maxime-Gorki, à Berlin, on joue ce soir-là à guichets fermés. Colonies. Les députés israéliens approuvent l’expropriation de terres palestiniennes.
Israël-Palestine : la communauté internationale suspendue aux décisions de Trump. Face aux craintes suscitées par l’arrivée de la nouvelle administration américaine, la conférence de Paris sur le Proche-Orient a rappelé les bases d’un règlement du conflit. Les risques de ce que pourrait être la politique israélo-palestinienne de Donald Trump – et notamment les effets dévastateurs d’un transfert de l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, capitale d’Israël non reconnue internationalement – étaient dans toutes les têtes, dimanche 15 janvier, mais pas dans le texte final, âprement négocié, de la conférence sur le Proche-Orient qui s’est tenue à Paris.
. « Une provocation » Les tentatives de la Ligue arabe pour évoquer le sujet et appeler des « tierces parties » (il n’était pas question de nommer explicitement Washington), et pas seulement les protagonistes du conflit, à s’abstenir d’initiatives déstabilisatrices n’ont pas abouti. Lire aussi : « Pour se réconcilier avec les Palestiniens, il faut parler d’égal à égal » Laborieux compromis François Hollande. En Cisjordanie, Abbas réélu à la tête du Fatah, dans un congrès de crise. L’israélisation du monde (occidental) « La France doit reconnaître l’Etat palestinien avant qu’il ne soit trop tard » Jean-Marc Ayrault : « Israël-Palestine, la solution des deux Etats est en danger » A Paris, une conférence symbolique pour le Proche-Orient. Quelque 75 pays sont réunis en France, sans les Israéliens ni les Palestiniens, pour soutenir la « solution à deux Etats ».
L’exercice peut sembler vain à cinq jours de l’installation à la Maison Blanche de Donald Trump, mais l’affiche est impressionnante. Au moins 75 pays et organisations internationales seront représentés à Paris, dimanche 15 janvier, pour une conférence internationale visant à sortir de l’actuel statu quo dans le conflit israélo-palestinien et à réaffirmer « qu’une solution négociée avec deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, est la seule voie pour arriver à une paix durable ». Ce texte est l’exergue du projet de communiqué final, rédigé par Paris, repris le 6 janvier avec des changements mineurs par des hauts fonctionnaires et des experts d’une douzaine de pays européens et arabes.
C’était déjà le but de la conférence organisée le 3 juin 2016 par les autorités françaises. . « Le statu quo est un leurre »