Turquie : la vérité sur la "dictature fascisante" d'Erdogan. "Machine répressive devenue folle", "fuite en avant irrationnelle"… Les observateurs peinent à qualifier la spirale punitive dans laquelle la Turquie s’enfonce inexorablement depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet.
Limogeages et arrestations affectent des cercles de plus en plus larges de la population, bien au-delà des milieux accusés d’avoir fomenté le putsch. Afflux de prisonniers politiques En trois mois, 150.000 fonctionnaires marqués de l’étiquette infamante de "sympathisants des putschistes" ont été démis. « Il faut sauver la démocratie en Turquie », estiment Robert Badinter et plusieurs magistrats. Des magistrats français et l’ancien garde des sceaux appellent les Européens à faire cesser les arrestations de leurs confrères turcs ordonnées par Erdogan.
Par Robert Badinter, Virginie Duval, Clarisse Taron, Christophe Régnard et Simone Gaboriau Qu’on ne s’y trompe pas : la purge de l’institution judiciaire, de la fonction publique et des médias par le président Recep Tayyip Erdogan n’est pas une réponse à la tentative de coup d’Etat. Il ne s’agit pas de sauvegarder l’Etat de droit, comme on a pu le dire au lendemain du 15 juillet 2016. La lame de fond autoritaire qui sape les fondements des institutions depuis 2013 traduit la volonté du président turc de museler toute opposition.
Les récentes révocations en cascade et les arrestations arbitraires s’inscrivent dans la dynamique de neutralisation des contre-pouvoirs à l’œuvre depuis plusieurs années. Epuration Depuis le 16 juillet, 1 125 associations et 19 syndicats ont également été dissous.
Turquie: à quoi sert une peine de 1900 années de prison ? Le parquet turc a requis, ce mardi, deux peines de prison à vie ainsi que 1900 années supplémentaires de prison contre l'opposant turc Fethullah Gülen.
Cette pratique, courante en Turquie et aux Etats-Unis, n'est pas applicable en France. Deux vies et 1900 ans de prison. La peine requise par le parquet turc mardi à l'encontre du prédicateur Fethullah Gülen a de quoi surprendre. L'ex-imam est accusé d'avoir organisé le putsch avorté du 15 juillet. Au total, un acte d'accusation long de 2.527 pages a été rédigé contre la bête noire du président Erdogan. En Turquie, il n'y a pas de confusion des peines en matière de crimes: elles se cumulent et donnent parfois des scores fleuves.
Ainsi, en avril dernier, un enseignant avait été condamné à 508 ans de prison ferme pour des «abus sexuels» commis sur dix enfants. . ● Fréquent aux États-Unis Certains délinquants sont parfois condamnés à «plusieurs vies» et plusieurs centaines d'années de prison aux États-Unis. Accusé de putsch par Erdogan, Fethullah Gülen demande une enquête internationale. INTERNATIONAL - "Si le dixième des accusations dirigées contre moi sont établies, je m’engage à retourner en Turquie et à subir la peine la plus lourde".
Accusé par Recep Tayyip Erdogan d'avoir fomenté depuis les États-Unis le putsch raté du 15 juillet en Turquie, Fethullah Gülen se défend dans une tribune publiée dans Le Monde ce vendredi 12 août. Rappelant qu'il a lui-même "condamné dans les termes les plus fermes la tentative de coup d’Etat", le fondateur du mouvement turc Gülen (aussi appelé Hizmet) "rejette catégoriquement toutes les accusations" qui sont portées contre lui.
"Depuis dix-sept ans, je vis reclus dans un petit village aux Etats-Unis. Prétendre que j’ai pu, à 10.000 kilomètres de distance, pousser l’armée à mener un putsch contre son gouvernement est une diffamation", renchérit-il. Le président Erdogan favorable à la peine de mort « si le peuple le veut » LE MONDE | • Mis à jour le | Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante) A Yenikapi, dimanche 7 août, le littoral de la mer de Marmara n’était plus qu’une bande rouge, constituée d’une nuée de drapeaux turcs brandis par les manifestants – plus d’un million – venus participer, à l’appel du président Recep Tayyip Erdogan, au « rassemblement de la démocratie et des martyrs ».
L’interview d’Erdogan donnée au « Monde » « Les Occidentaux ont laissé les Turcs seuls » Deux leaders de l’opposition, Kemal Kilicdaroglu, le secrétaire général du Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste, social-démocrate), et Devlet Bahceli, le chef du Parti de l’action nationaliste (MHP, ultranationaliste) s’étaient joints au mouvement. En revanche, le parti prokurde HDP, troisième force au Parlement, n’avait pas été invité. La Turquie suspend provisoirement la Convention des droits de l'Homme de l'UE.
Erdogan installe sa « démocrature » en Turquie. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante) De retour à Ankara pour la première fois depuis le putsch manqué, le président Recep Tayyip Erdogan a annoncé, mercredi 20 juillet, l’instauration de l’état d’urgence pour une durée de trois mois en Turquie.
Apparu à la télévision tard dans la soirée, après avoir présidé la réunion du conseil de sécurité puis celle du conseil des ministres, il a expliqué que cette mesure allait permettre « d’éliminer les menaces qui pèsent sur la démocratie, l’Etat de droit, les libertés de nos citoyens » après le coup de force manqué d’une partie de l’armée dans la nuit du 15 au 16 juillet. L’état d’urgence devrait donner les moyens « d’éradiquer rapidement tous les membres de l’organisation terroriste impliqués », une référence à l’influente confrérie religieuse du prédicateur Fethullah Gülen, désignée comme le cerveau du putsch et comparée à un « virus » qu’il convient d’éliminer.
Synthèse islamo-nationaliste Rappelant que M. Quelle marge de manœuvre face à Erdoğan? "Un cadeau du ciel", c’est ainsi que Recep Tayyip Erdoğan a salué l'échec des putschistes – une qualification "douteuse", au regard du nombre de morts, 300 selon le dernier bilan, relève la Süddeutsche Zeitung, pour qui l’expression permet toutefois de révéler ce que le président turc a tout de suite compris: cette atteinte à son pouvoir n’a fait que le renforcer.
"Face aux putschistes désorganisés, l'exécutif turc semble avoir une stratégie bien définie", renchérit die tageszeitung, la taz sous le titre: "Le putsch après le putsch". "Il est très probable que le 15 juillet s’avérera être le jour de la disparition définitive de la Turquie séculaire", écrit la taz. Un discours pessimiste repris par un autre quotidien berlinois, die Welt, pour qui "tous les ingrédients sont réunis pour que naisse un régime totalitaire": Les partisans du Parti AKP sont descendus en masse dans la rue, à l'appel du Président turc La communauté internationale, les mains liées?
Turquie. Erdogan derrière le coup d’Etat ? La riposte du président turc après le putsch avorté en Turquie est d’une telle envergure qu’elle sème le doute : et si Recep Tayyip Erdogan avait monté un faux coup d’Etat pour faire le ménage parmi ses opposants ?
Depuis le dimanche 17 juillet, à la suite de l’échec du putsch mené par une partie de l’armée en Turquie, Recep Tayyip Erdogan a lancé une vaste opération pour reprendre en main le pays. Selon le quotidien algérien El-Watan, les deux jours qui ont suivi le coup d’Etat ont vu 6 000 arrestations dans l’armée, 104 putschistes tués et 2 745 juges démis de leurs fonctions. Le gouvernement a également annoncé un possible rétablissement de la peine de mort, abolie en 2004. La tentative de putsch en Turquie suscite une vague de condamnations. Turquie: "Un putsch inattendu, qui va servir de prétexte à Erdogan" La tentative de putsch militaire qui a secoué la Turquie dans la nuit de vendredi à samedi a été mise en échec, a annoncé le général Ümit Dündar, chef de l'armée turque par intérim.
Selon le chef d'État-Major, 104 soldats rebelles ont été abattus, et plusieurs centaines d'entre eux arrêtés. Des affrontements ont fait rage à Istanbul et à Ankara, causant la mort d'au moins 161 victimes, dont de nombreux civils. Comment expliquer ce putsch? Était-il prévisible? Éléments de réponse avec Jean Marcou, professeur à Science Po Grenoble, spécialiste de la Turquie contemporaine.