Comment être féministe et musulmane ? «Féminisme musulman ?».
L’expression, en France, fait figure d’oxymore. Peut-on revendiquer de suivre le Coran, et parler d’émancipation des femmes ? Choisir de porter le voile et lutter contre le patriarcat ? Si ces termes semblent si contradictoires, c’est parce qu’on ne compte plus, ces dernières années, les virulents débats sur l’islam et le sort qu’il réserverait aux femmes : voile, burkini, agressions sexuelles lors du réveillon de Cologne… C’est presque toujours au nom des femmes que les critiques les plus radicales de l’islam se construisent. Même le phénomène #Balancetonporc a muté, pendant quelques jours, en affrontement «islamogauchiste» versus «laïcards» (ou Plenel versus Charlie Hebdo) après la révélation des viols présumés de l’islamologue Tariq Ramadan. A lire aussiZahra Ali, la sociologue. Islam et féminisme, sont-ils compatibles ? Quelle mouche a piqué cette féministe convaincue, athée et viscéralement attachée à la laïcité, pour aller dialoguer avec un imam, fût-il libéral ?
Marie-Françoise Colombani, grand reporter et éditorialiste à ELLE vingt-cinq ans durant, a passé des heures à converser sans faux-semblant avec Tareq Oubrou, l'imam de la mosquée de Bordeaux. Si elle n'a rien contre les religions, cette journaliste, qui a travaillé aussi bien auprès des Afghanes que des jeunes Françaises de banlieues, sera toujours du côté de la liberté des femmes.
Avec l'imam de Bordeaux, elle a abordé tous les sujets qui fâchent : du voile à la mixité en passant par l' IVG, les viols de Cologne ou la théorie du genre... De cette conversation parfois rugueuse ressort un dialogue d'une rare franchise entre deux camps que l'on considère parfois un peu trop rapidement comme inconciliables. Bouteldja, ses « sœurs » et nous.
Les Blancs, les Juifs et nous a donné à chacun l’occasion de pousser des hauts cris, et c’était l’objectif de son auteure : creuser le fossé entre, d’un côté, la gauche universaliste traditionnelle et l’antiracisme institutionnel et, de l’autre, les mouvements antiracistes autonomes et leurs alliés proclamés.
Bouteldja sait qu’elle cristallise le débat et anticipe les attaques outrées, racistes et stupides dont elle fait effectivement l’objet. Elle sait qu’il sera difficile de parler de son livre sans la condamner définitivement ou la défendre farouchement. Elle compte sur le pragmatisme des militants antiracistes, qu’ils aient ou non de la sympathie pour elle et son mouvement, qui ne pourront accepter qu’on l’attaque pour « racialisme » et « racisme anti-blanc » et qui se rangeront de son côté, quitte à fermer les yeux sur les détails de son propos – l’étiquette décoloniale se suffisant à elle-même. « Lisez Bouteldja !
» s’exclame Océanerosemarie, n’ayez pas peur ! Pour un féminisme catholique. Féminisme et religion sont-ils compatibles ? Delphine Horvilleur est rabbin à Paris.
Notons que la France ne compte que deux femmes rabbins. Elle est ex-journaliste, mère de famille, philosophe et féministe, un sacré mélange n’est-ce pas ? Elle défend une lecture ouverte, actuelle et féministe de tous les textes sacrés. Elle déclare: «Il est grand temps de revisiter les concepts du masculin et du féminin dans les traditions religieuses». Selon elle, on peut dire que la religion n’est pas aussi misogyne que les hommes qui parlent en son nom… Elle estime que nous sommes en pleine révolution: « De plus en plus de femmes veulent étudier les textes et n’acceptent plus de se tenir dans la périphérie dans laquelle elles étaient maintenues. Que pense-t-elle de la question du corps des femmes et de la nudité dans les textes religieux ? Sa vision du voile dans le cadre religieux: « On a laissé les religieux s’approprier la notion de pudeur.
Ecoutez-la parler de son dernier ouvrage En tenue d’Eve: WordPress: J'aime chargement… Le féminisme religieux est-il dépassé ? On l’ignore souvent en France, mais le féminisme a eu des racines religieuses. « Des historiennes du mouvement des femmes ont bien montré que l’amalgame entre féminisme et sécularisation est récent, font remarquer Marie-Andrée Roy et Anne Létourneau, spécialistes québécoises du féminisme (1).
En effet, de Christine de Pizan à Marie Gérin-Lajoie, en passant par Elizabeth Cady Stanton et Sojourner Truth, la dimension religieuse fut au cœur de l’engagement militant de nombre de précurseures et pionnières du mouvement des femmes. » En Amérique du Nord, c’est dans la ferveur religieuse des groupes protestants dissidents et abolitionnistes que les pionnières ont puisé leur vocation féministe et de solides savoir-faire militants à la fin du XIXe siècle. « Pourquoi le principe biblique d’égalité qui prévaut pour la défense des Noirs ne s’appliquerait-il pas aux femmes ?
», ont relevé ces féministes protestantes avant de passer à l’action. Une laïcité militante Différence sans discrimination. Pour un féminisme catholique: Pour un féminisme catholique. On peut schématiquement identifier deux formes de féminisme : d'une part le féminisme essentialiste qui pense défendre la dignité des femmes en honorant ce qu'il considère être les particularités propre à « l'essence féminine », et d'autre part le féminisme universaliste qui affirme l'égalité des droits au sein du genre humain, et donc entre femmes et hommes.
Un certain paradoxe apparaît alors. Le terme « catholique » est souvent traduit par « universel ». La branche du christianisme qui s'en réclame considère être héritière d'une tradition qui annonce la Foi chrétienne partout et pour tous.