COLONISATION : UNE AUTRE HISTOIRE - Dossier n°8114. Ces perles de verre vénitiennes retrouvées en Alaska se trouvaient en Amérique avant Christophe Colomb. Léonora Miano : "c'est faux de dire que la République ne déboulonne pas : il n'y a plus de statues de Pétain" Léonora Miano, auteure d'"Afropea" (Grasset), est l'invitée du Grand entretien de France Inter.
Léonora Miano n’est pas une Afropéenne (afro-européenne). Ceux qui se définissent ainsi ont grandi en Europe. Ceux qui se sont donnés un nom – Afropéens – dans lequel Afrique et Europe fusionnent, s’ils sont fidèles aux implications de cette association plus qu’à leur amertume, peuvent incarner un projet de société fraternel, anti-impérialiste et anti-raciste. Quatre siècles de domination coloniale, par Laurence De Cock (Le Monde diplomatique, septembre 2014) L’expansion coloniale a marqué l’ensemble du monde durant près de quatre siècles, nouant l’Europe occidentale et les autres continents dans un passé commun.
Motivée par des raisons économiques, impérialistes ou civilisatrices, celle-ci s’est toujours imposée par les armes, se légitimant parfois sur le papier par des traités et des conférences. Réunis à Berlin en 1884-1885 à l’initiative du chancelier Otto von Bismarck, Britanniques, Français, Allemands, Belges, Portugais et Italiens se sont ainsi partagé l’Afrique, sans qu’aucun représentant africain ne soit consulté.
La France et le Royaume-Uni se sont arrogé la part du lion, découpant les frontières avec une minutie de géomètre. La première en a tracé 25 865 kilomètres et la seconde, 21 595. Au total, 70 % des frontières actuelles de l’Afrique ont été définies par les puissances européennes entre la conférence de Berlin et le début du XXe siècle. Les guerres de conquête menées par les Européens ont provoqué des résistances. La Réunion veut déboulonner son passé esclavagiste. Temps de lecture: 8 min À La Réunion, passée en trois siècles de colonie esclavagiste à département ultra-marin, les questions de mémoire prennent un sens particulier.
Sur cette ancienne terre d'esclaves, des militant·es ont mené des actions symboliques autour de la statue de François de Mahy, homme politique colonialiste du XIXe siècle. Son visage et ses mains sculptées ont été recouvertes de liquide rouge. Un peu plus loin, la plaque de la rue qui porte son nom a été taguée de noir. L'Esprit impérial. Passé colonial et politiques du présent - Le Grand Continent. Robert Gildea, professeur d’histoire moderne à l’université d’Oxford, est un spécialiste de l’histoire de France au XXème siècle.
Il a récemment publié Fighters of the Shadows : A New History of French Resistance (Harvard University Press, 2015), Children of the Revolution : The French 1799-1914 (Harvard University Press, 2010) et a dirigé un ouvrage collectif incontournable sur Mai 68 en Europe, Europe’s 68 : Voices of Revolt (Oxford University Press, 2013). Nous l’avons rencontré à Oxford afin de proposer un compte-rendu sous forme de discussion de son dernier ouvrage, Empires of the Mind : The colonial past and the politics of Present (Cambridge University Press, 2019), dont la traduction française, est parue chez Passés Composés en février 2020 sous le titre L’Esprit impérial : Passé colonial et politiques du présent.
Counter-Editorial: Déboulonnons le récit officiel: Haiti’s challenge to a monumental version of the past – The Abusable Past. By Chelsea Stieber.
The history wars. When I was a child, in the early 1950s, much of the world map displayed on the classroom wall was still painted pink, depicting the “British empire, on which the sun never sets”.
I learned to read from a primer called Little Black Sambo about a Tamil boy and his parents, Black Mumbo and Black Jumbo. The coronation of Queen Elizabeth, which I remember watching with our neighbours on a tiny television set in 1953, was the occasion for a magnificent display of the empire’s power and extent, with special attention paid to colonial figures such as the revered Sir Robert Menzies, prime minister of Australia, or the much-loved (and much-patronised) Queen Salote of Tonga.
When my mother’s home-made marmalade ran out, usually in August, we bought Robinson’s Golden Shred, which came with a free miniature “golliwog” figure. Counter-Editorial: Déboulonnons le récit officiel: Haiti’s challenge to a monumental version of the past – The Abusable Past. Déboulonner une statue, quoi de plus légitime ? « Déboulonner/Démanteler les statues » d’hommes blancs est juste car ils ont conçu, conceptualisé, encouragé, organisé, la traite, l’esclavage et la colonisation, et dès lors, justifié la déportation d’Africain.e.s, leur mise en esclavage et leur statut « d’objet », autorisé l’exploitation, la torture, et la mort des corps et des ressources, fait du ventre des femmes noires un capital, interdit qu’iels fassent famille, imposé le Code Noir, le Code de l’indigénat, le vol, le pillage, détruit des villes, des universités, des temples, au nom d’une civilisation « supérieure ».
L’espace public doit être libéré de leur présence. Sans surprise, cette demande a aussitôt déclenché, en France un débat aux contours familiers. Familiers parce que la fin de non-recevoir s’appuie sur des « éléments de langage » d’un discours rebattu et ressassé qui mêle mauvaise foi, ignorance et mépris. Que racontent les statues ? Le soir du 10 juin 2020, à Richmond, capitale de la Virginie, une foule accroche des cordes aux jambes d’une grande statue de bronze de plus de deux mètres de haut et l’abat de son piédestal.
L’objet représentait Jefferson Davis, président de la Confédération pendant la guerre de Sécession – le groupe de onze États du Sud qui ont mené de 1861 à 1865 une guerre meurtrière pour le maintien à tout prix de l’esclavage. Sue Peabody : « S’interroger sur le nom d’une salle parlementaire n’est en rien une insulte à l’histoire » Tribune.
Depuis un mois, les images du meurtre de George Floyd aux Etats-Unis ont créé une énorme émotion dans le monde entier. Elles agissent aussi comme un révélateur de problèmes occultés. Car ce n’est pas l’émotion de l’instant qui dans tous les pays pousse les foules à réinterroger les symboles d’un passé colonial ou esclavagiste. C’est, au contraire, le fait que depuis trop longtemps ces symboles n’étaient plus vus pour ce qu’ils étaient à l’époque où ils ont été édifiés : la célébration d’un ordre ancien porteur de racisme et de discrimination, en son cœur dans le cas des symboles de la Confédération aux Etats-Unis, ou dans ses marges coloniales chez les puissances européennes. Errements des colons Ces questions ne sont pas anecdotiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Une censure abat son glaive sur des œuvres qu’une relecture arbitraire juge sans discernement racialistes ou racistes »
Le Nouvelliste - Quand la France a extorqué Haïti - le plus grand casse de l'histoire. À la suite de l’assassinat de George Floyd, des appels ont été lancés en faveur du financement des services de police et des demandes de déboulonnement de statues.
La question des réparations pour l'esclavage a également refait surface. Une grande partie du débat sur les réparations a tourné autour de la question de savoir si les États-Unis et le Royaume-Uni devraient enfin indemniser certains de leurs citoyens pour les séquelles économiques et sociales de l'esclavage qui persistent encore aujourd'hui. Mais pour moi, il n'y a jamais eu de cas de réparation aussi clair que celui d'Haïti. Je suis spécialiste du colonialisme et de l'esclavage, et ce que la France a fait au peuple haïtien après la révolution haïtienne est un exemple particulièrement notoire de vol colonial.