Le rugby, un sport à corps perdu. Seghir Lazri travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes.
Dans cette chronique, il analyse le sport au crible des sciences sociales, ou comment le social explique le sport, et inversement. Bien plus que de nous offrir un match entre deux styles de rugby, la finale de la coupe du monde 2019 samedi entre l’Afrique du Sud et l’Angleterre (synonyme peut-être de revanche pour ces derniers) est aussi l’occasion de se questionner sur les mutations à l’œuvre dans la pratique du rugby. Avant le début de la compétition, les Sud-Africains avaient posé torse nu sur une photo collective, mettant en avant leur impressionnante musculature, à la fois gonflée et saillante. Ce cliché a fait grand bruit (soupçon de dopage) et met au centre des interrogations, la question du corps du rugbyman. Ce qui nous amène à nous interroger : que reflètent socialement ce corps et sa représentation ? La prodigieuse révolution du corps.
"Le corps n'est plus subi, il est créé, libéré des aléas de la nature".
La philosophe analyse ce bouleversement et ses conséquences sur nos vies. Exalté et tyrannisé à la fois, le corps est devenu une obsession contemporaine. Avant, le corps était mortel. Qu'il soit l'enveloppe d'une âme immortelle ne changeait rien à l'affaire : un corps, c'était ce qui nous était donné une fois pour toutes et nous rappelait l'inévitable dépérissement de la vie et la finitude humaine. Et nous n'y pouvions rien. Vous dites au contraire que le corps est devenu le centre de l'identité contemporaine. Un destin, c'est-à-dire aussi un capital ? Le culte du corps : une invention des Lumières ? Faire du sport, améliorer ses capacités physiques, dépasser sa propre nature… C'est une idée assez révolutionnaire finalement.
C'est nier le fait que l'homme naisse d'ores et déjà avec un corps modelé par Dieu, et cette évolution de l'esprit est un héritage direct des philosophes des Lumières ! Voici pourquoi... Dans l'émission l'Œil du Tigre, Philippe Collin interrogeait "Le corps à l’épreuve du sport". Son invitée, Isabelle Queval, affirmait que l’idée de "rendre le corps perfectible" datait des Lumières… C’est l’occasion d’interroger cette idée et de faire un petit focus sur l’évolution de la perception du corps, à travers les siècles en Occident. Le corps parfait (voire augmenté) : la nouvelle obsession de l'homme moderne. Au centre de la réflexion contemporaine, l’individu ne cesse de multiplier les facettes d’un égocentrisme toujours extrapolé.
On pourrait les énumérer sans épuiser la liste et ainsi les résumer : sculpture de soi, comme sens donné à la vie, et visibilité – d’où célébrité – comme mode d’intégration sociale supposé. Vitrines premières, la télévision et Internet offrent une audience croissante à l’exhibition de soi, créant les fausses conditions d’une intimité recomposée, excentrique, banale, invitant à un voyeurisme las. La littérature explore le gargouillis du "je" en croisant et recroisant sur les terres de l’autobiographie, devenue auto-fiction, mise en scène de soi par soi, accouchement. Et la métaphore corporelle, ici, n’est pas de hasard. Le corps est évidemment langage.
Le souci de soi contemporain est avant tout souci du corps. Il n’est pas sûr que la jouissance elle-même soit au centre de la démarche. Atlantico sur facebook notre compte twitter. "L'excellence corporelle" ou quand l’entretien de soi devient le dépassement de soi. Conjuguée aux promesses de l’oralité, l’instrumentalisation du corps commande une "mise en forme" esthétique, sanitaire et sportive.
Cette modélisation suppose, non seulement une connaissance de soi – coeur, articulations, muscles, entre autres –, mais une appropriation par l’individu des finalités de l’exercice physique. L’entretien de soi devient sculpture de soi. "Tu n'es pas dans ton corps..." L'humain augmenté. Dopage. Bioéthique.
Archétypes sexués. Sport de haut niveau. Philosophie du sport. L’éveil par le corps. Biopolitique. Pourquoi doit-on considérer les animaux d’élevage comme des athlètes ? Seghir Lazri travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes.
Dans cette chronique, il passe quelques clichés du sport au crible des sciences sociales, ou comment le social explique le sport, et inversement. Depuis plusieurs décennies, de nombreux sports et plus particulièrement les disciplines équestres ont érigé l’animal sportif en champion. Mais le salon de l’agriculture, l’une des manifestations les plus historiques et les plus populaires (chiffre record de plus de 700 000 visiteurs en 2014) de France, nous invite aussi à appréhender, dans un rapport à la performance, d’autres animaux d’élevage, spécialement ceux destinés à la consommation.
Dès lors, en quoi peut-on considérer les animaux d’élevage présents au salon de l’agriculture comme de véritables athlètes ?
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