Un nouvel imaginaire. Bioéthique, une perspective transhumaniste. Les avancées continues des biotechnologies nous placent dans une situation inédite.
Il ne s’agit plus, comme lors des révisions précédentes des lois de bioéthique, de seulement réguler les conséquences de certains domaines d’innovation. En filigrane, se joue déjà un enjeu d’une tout autre ampleur. Parce qu’un nombre de plus en plus important de techniques nous permettent d’intervenir de manière de plus en plus invasive et précise jusqu’au coeur du vivant, la question de fond qui nous est posée à tous - et que devra commencer à se poser le législateur, devient de savoir quelles orientations nous souhaiterons donner, délibérément, à notre évolution biologique, en tant qu’individus, en tant que parents comme en tant que membres de la communauté des humains ? Transhumanisme. Le transhumanisme est un ensemble de techniques et de réflexions visant à améliorer les capacités humaines, qu'elles soient physiques ou mentales, via un usage avancé de nanotechnologies et de biotechnologies.
Qu'il s'agisse de rendre la vue à une personne non voyante, de faire marcher un homme paralysé avec des prothèses animées via un processeur ou encore de stimuler le cerveau pour lutter contre la maladie de Parkinson, les travaux se multiplient dans de nombreux domaines pour améliorer les conditions de l’Homme. Toutefois les réflexions sont poussées bien plus loin et pour les fervents défenseurs du transhumanisme, les maladies, les limites de l'Homme ou même la mort sont des éléments indésirables que l'on se doit de gommer. Raymond Kurzweil, directeur de l'ingénierie chez Google, affirmait il y a quelques années que d'ici 2030, le cerveau de l'homme serait directement connecté à Internet afin d'avoir accès à une quantité phénoménale d'informations.
Avez-vous vraiment envie de devenir immortel ? L'immortalité a toujours été un fantasme, un mythe, mais peut-être plus pour très longtemps.
Grâce aux nanotechnologies, à la biologie, l'informatique ou encore les sciences cognitives, les scientifiques pourraient nous rendre bientôt immortel. Pour notre bien ? Des chercheurs et ingénieurs de la Silicon Valley liés au mouvement des transhumanistes réfléchissent même à une perspective d'un monde sans maladie, d'une vie illimitée. En parallèle, un autre champ de recherche se développe qui vise à réparer, guérir l'Homme. Le philosophe Jean-Michel Besnier revient sur cette possibilité d'immortalité. Je crois à l'immortalité et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître. Google et les transhumanistes.
Le transhumanisme est encore quasi inconnu en France. Le terme "transhumanisme" remonte aux années 1950, mais sa popularisation date des années 1990. C'est à cette période que les chercheurs commencent à cerner les promesses de la convergence NBIC. Les nanotechnologies (N), la biologie (B), l'informatique (I) et les sciences cognitives (intelligence artificielle et sciences du cerveau) (C) progressent et convergent, en ce sens que les découvertes dans un domaine servent aux recherches dans un autre.
Cette synergie décuple la puissance de la recherche et permet des avancées spectaculaires. Dans ce contexte, les transhumanistes soutiennent une vision radicale des droits de l'humain. L'homme du futur serait ainsi comme un site Web, à tout jamais une "version béta", c'est-à-dire un organisme-prototype voué à se perfectionner en continu. Google s'intéresse également au séquençage ADN au travers de sa filiale 23andMe, dirigée par la femme de Sergei Brin, le cofondateur de Google. Les nouveaux enjeux éthiques du transhumanisme. - Djamil Hariff - Medium.
Quand on voit la poussé des technologies qui font passé les rêves des transhumanistes de la fiction a la réalité, aux différents lobby et mouvement post-humains comme Terasem, et la banalisation du transhumanisme qui s’effectuent dans les productions culturelle, on est obligé de se poser des questions aux niveaux des nouveaux enjeux éthiques que le transhumanisme créera.
La première question est bien sur celle de se demander si nous seront toujours des êtres humains, après êtres devenus des post-humains? Qu’est ce qui définit notre humanité; est ce notre personnalité? Notre cerveau? Notre corps biologique? Notre ADN? L’immortalité, c’est pour bientôt ? Communiquer avec les morts sans faire tourner les tables sera-t-il demain une pratique courante ?
C’est en tout cas l’expérience réalisée en 2017 par un journaliste américain, James Vlahos, qui a parlé avec son père… après la mort de celui-ci. Depuis l’au-delà, ce dernier lui répondait par SMS ! À la question : "As-tu peur de mourir ? ", il répliquait par exemple : "Je ne crains pas encore la fin de la partie. Je devrais, mais je n’ai pas peur. " Une envie d’éternité bien dans l’air du temps, puisque la mythique série d’anticipation Black Mirror avait proposé un scénario similaire quelques années auparavant : dans l’un des épisodes, une jeune femme dialoguait avec son petit ami décédé grâce à une appli sur smartphone. "On retrouve là le vieux mythe de l’homme tout-puissant qui a le pouvoir sur sa destinée, explique Jean-Gabriel Ganascia, professeur d’informatique à la faculté des sciences de Sorbonne Université. Reste l’éternité numérique. Par Alexandre Moix Reste l’éternité numérique.