1918, naissance du récit géopolitique de la « guerre à l’échelle du monde »
La guerre qui s’acheva à l’automne 1918 portait le nom de « grande guerre » en France et de « great war » en Angleterre. En Allemagne, elle n’était pas « grande » mais planétaire, et s’appelait « Weltkrieg » ou « guerre mondiale ». De même aux États-Unis où, depuis le printemps 1917, on la nommait « world war ». Ce décalage de terminologie recouvrait une différence de vision géopolitique. Le terme de « guerre mondiale » et ce à quoi il faisait, et fait encore, référence – c’est-à-dire un conflit proprement planétaire, englobant tous les pays – n’était pas encore universellement reconnu.
L’armée d’Orient, des expériences combattantes loin de Verdun
1 . Le colonel Michel Goya est un des auteurs les plus fécond dans ce registre. Voir notamment son ou (...) 2 .
« L'arrière » : lieu idéalisé et envié par les hommes du front
Dans le jargon militaire, « l’arrière » désigne tout l’espace qui se trouve à l’arrière du front et qui, dans un contexte de guerre totale, englobe les combattants qui ne sont pas en première ligne mais aussi tous ceux qui ne combattent pas et qui, pourtant, voient leurs destinée irrémédiablement bouleversée par le conflit – comme les femmes qui remplacent les hommes dans les usines ou dans les champs. Pour les soldats, l’arrière devient très vite un « ailleurs » fantasmé, à mille lieues de leur morne et violente réalité quotidienne sur le front. Depuis leurs sombres tranchées, les Poilus s’adressent régulièrement, dans leurs journaux, à « ceux de l’arrière ». L'une des figures récurrentes est « l’embusqué» , celui qui ne participe pas aux combats de première ligne, et qui est bien sûr honni par les soldats.
Le psychisme des soldats de la Grande Guerre à travers l’expérience combattante de l’Aisne
La « guerre n’a pas seulement meurtri et lacéré les chairs, elle a entaillé les âmes, elle a rendu fou »[1]. Cette citation de Jean-Yves Le Naour reprend le thème de cette violence totale qui jeta autant dans l’abîme les corps que les esprits. Pour les hommes qui combattirent dans la région de Berry-au-Bac, quelques jours, quelques semaines, quelques mois, comment réagirent-ils face à la violence extrême, à laquelle ils furent confrontés et qu’ils administrèrent autant qu’ils la reçurent ? Comment ces hommes ont-ils exprimé cette violence pendant et après le conflit ? L’écriture, témoin, exutoire et trace du trauma : le « carnet de guerre » de Robert Troubat Source : Services historique de la Défense, Vincennes, 1KT658
STRASBOURG 1918-1924 Le retour à la France. Anne Teuf et Finnele sont exposées à Strasbourg
L’Histoire des Alsaciens et des Alsaciennes est à elle seule un résumé de l’Histoire de l’Europe. Lieu de passage des armées et enjeu stratégique des plus grands conflits depuis la Guerre de Trente ans jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ce territoire, ses hommes et ses femmes ont changé régulièrement de nationalité, au gré des armées qui les ont envahis. Le retour à la paix après la Première Guerre mondiale a été un grand traumatisme dont les plaies ne sont pas encore refermées.
Mises en récit collectives de l’expérience combattante. Les premières anthologies de guerre en France et en Allemagne de 1914 à 1940
Notes Archives nationales (AN), ministère de l’Intérieur, Préfecture de police, F7/12842 Le Petit Journal, 2 septembre 1914. Wolfgang Natter, Literature at War, 1914-1940.
Les « gueules cassées » - Les visages défigurés de la Grande Guerre
Aucun des soldats engagés dans la Première Guerre mondiale ne revint indemne : le traumatisme fut intense pour les corps comme pour les esprits. Parmi les millions de blessés physiques, certains ne pouvaient même plus être reconnus par leurs proches, tant leurs visages étaient défigurés. Ces « gueules cassées » sont devenues le symbole des douleurs provoquées par ce conflit.
L'expérience combattante dans une guerre totale - Réviser le cours - Histoire - Première S
La Première Guerre mondiale marque un tournant dans l'histoire de la guerre du fait du nombre de pays et de combattants qui s'opposent sur le front, des moyens technologiques employés, et de la mobilisation des sociétés et des économies à l'arrière. À ce titre, elle mérite bien le qualificatif de « guerre totale », et son bilan sera malheureusement à la démesure de ce premier grand conflit du xxe siècle. « L'expérience combattante » a une place prépondérante dans l'histoire de cette guerre. Expérience des hommes sur le front tout d'abord, caractérisée par la brutalisation de combats de plus en plus violents qui marqueront durablement une génération de soldats mobilisés et élevés dans une véritable culture de guerre sur fond de patriotisme. Dans son roman Paris est une fête, le grand écrivain américain Ernest Hemingway (reprenant une citation de Gertrude Stein) exprime cette idée lorsqu'il s'adresse aux soldats de 1914-1918 : « That is what you are.
Quelles images pour enseigner la Première Guerre mondiale ?
Si les jeunes passent près de 3,2h par jour sur leur smartphone et sont enclins à y faire défiler nombre d’images sans les analyser, les cours d’histoire permettent d’aller à rebours de cette pratique. Limités à quelques-uns par cours, les documents utilisés n’ont pas une simple visée illustrative mais servent de supports pour saisir les enjeux d’une époque. À la différence de périodes plus lointaines, la Première Guerre mondiale nous offre un nombre important de photographies, tableaux, films, cartes postales et autres… ce qui nous permet d’autant plus de varier l’iconographie des cours. Voici quelques exemples de ces ressources utiles pour aborder cet enseignement au lycée. Une mémoire ancrée dans le quotidien Certains élèves ne comprennent pas l’intérêt de travailler sur des évènements passés et lointains.
La Première Guerre mondiale : l'expérience combattante dans une guerre totale ?
Il s'agit ici de proposer un premier exemple de séquence pédagogique pouvant être menée dans le cadre du programme d'histoire de la classe de première sur la thématique de l'expérience combattante. Objectif général : Il s'agit de montrer la complexité et la diversité des expériences combattantes des soldats de la Grande Guerre à partir de deux textes permettant l'élaboration par les élèves d'une synthèse sous la forme d'un schéma inspiré du livre "Combattre" de l’historien Stéphane Audouin-Rouzeau. Les ressources ont été utilisées comme point d'entrée dans le thème d'histoire de la classe de Première ES/L/S intitulé : « La première guerre mondiale: l'expérience combattante dans une guerre totale » et offrent la possibilité de réaliser une synthèse sous la forme d'un schéma. Les documents peuvent également être utilisés dans le cadre du programme d’histoire de 3e.
Le malheur est dans le pré : des lycéens enquêtent sur la Grande Guerre
Comment intéresser des jeunes de 16 ans au premier conflit mondial autrement que par la lecture de lettres de poilus ou la sempiternelle visite d’un monument aux morts ? Comment rendre palpable la violence de la guerre et ses conséquences dans une région située aux antipodes de la ligne de front ? Ces deux questions sont à l’origine d’une expérience pédagogique menée en 2014 avec une classe de première, au lycée Maréchal Lannes de Lectoure (Gers). Cette enquête, labellisée par la Mission du Centenaire, a débouché sur une exposition : « Grande guerre, petits villages. Les répercussions de 14-18 dans le Gers ».