Les « gilets jaunes » et la France « d’où la vie se retire » Jacquerie fiscale, révolte des ruraux contre les urbains, réveil de classes moyennes au pouvoir d’achat déclinant… On a beaucoup écrit sur le sens et les origines du mouvement des « gilets jaunes », qui a embrasé la France à l’hiver 2018.
Les chercheurs du Conseil d’analyse économique (CAE), un think tank rattaché à Matignon, ont voulu aller plus loin, en identifiant et en hiérarchisant les raisons d’un malaise aux revendications très hétéroclites. Dans une note à paraître mardi 14 janvier, intitulée « Territoires, bien-être et politiques publiques », ils mettent en évidence l’influence, non seulement des facteurs économiques, mais surtout de la perte d’équipements publics et privés sur le mécontentement des Français à l’échelle locale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans l’Aisne, « quand l’Etat recule, le RN avance » Gilets jaunes : quelles leçons pour les sciences sociales ? Dix mois après l'acte I des gilets jaunes, les universitaires se sont pleinement emparés de ce mouvement comme objet d'étude.
De nombreux travaux académiques cherchent aujourd'hui à éclairer ce phénomène. Dans le même temps, le nombre de manifestants dans la rue a fortement faibli. Qui sont vraiment les « gilets jaunes » ? Les résultats d’une étude sociologique. Tribune. Qui sont les « gilets jaunes » ? Depuis le lancement du mouvement à l’automne 2018, les commentateurs ont largement souligné son caractère composite. Sur le plan sociologique, les « gilets jaunes » feraient converger les perdants de la mondialisation, sans distinction d’âge, de sexe ou d’origine.
Sur le plan politique, ils s’affranchiraient des logiques de mobilisation traditionnelles pour réunir dans une même contestation des élites les citoyens les plus éloignés de la politique, les proches de la gauche et de la droite radicales. Si plusieurs sondages ont mesuré le soutien des Français aux « gilets jaunes », peu de données chiffrées sont aujourd’hui disponibles pour apprécier objectivement la diversité du mouvement. L’enquête quantitative que nous avons lancée le 22 décembre 2018 cible près de 300 groupes Facebook de tous les départements de France (voir encadré méthodologique). Un échantillon diversifié Au final, l’échantillon est bien diversifié géographiquement. Les « gilets jaunes », le symptôme d’une France fracturée. Qui sont les gilets jaunes ? Gérard Noiriel : « Les “gilets jaunes” replacent la question sociale au centre du jeu politique » A quoi carburent les Gilets jaunes.
Gilets jaunes: des automobilistes aux travailleurs subalternes. Tribune.
La mèche qui a allumé le mouvement social en cours est en lien direct avec un équipement du quotidien: la voiture, et l’impossibilité d’en user à cause du prix exorbitant du carburant. Le gilet de protection rendu obligatoire par l’Etat s’est retourné contre lui en devenant l’étendard d’une lutte populaire. La figure de l’automobiliste est suffisamment ambivalente, plastique et universelle pour agréger des citoyens appartenant à des milieux sociaux et professionnels très différents. La cartographie du mouvement semble pourtant indiquer qu’il concerne en premier lieu les individus qui ne peuvent faire autrement que de l’utiliser pour se déplacer et qui, pour y arriver, ne sont pas en mesure de tenir financièrement sans remettre en cause leur mode de vie (petite épargne ou petits plaisirs de la vie).
Comment les réseaux sociaux agissent sur la parole des Gilets jaunes? Il y a deux semaines, avec le photographe Vincent Jarousseau, le journaliste Gérald Andrieu et le cinéaste Virgil Vernier, nous avons essayé de faire un pas de côté hors de l'hystérie médiatique pour éclairer autrement le monde sociétal mais aussi si l'on peut dire existentiel où est né la colère actuelle de ceux que l'on appelle les Gilets Jaunes, ce segment de la population qui se situe "en bas à droite" de l'espace social, pour reprendre l'expression du sociologue Benoît Coquard.
Depuis, la situation s'est détériorée, et à l'heure où nous enregistrons cette émission, vendredi 7 décembre, personne ne sait comment va se dérouler la manifestation de ce week-end. Beaucoup craignent le pire, la tension est à son comble. Programmation musicale: " There is a war " Leonard Cohen " How you like me now " The Heavy.
La couleur des gilets jaunes. La mobilisation des gilets jaunes a fait l’objet ces derniers jours d’une couverture médiatique exceptionnelle.
Alors que les journalistes étaient à l’affut du moindre débordement, quelques figures médiatiques récurrentes se sont succédé sur les plateaux de télévision et de radio pour apporter des éléments d’analyse et d’interprétation du mouvement. Naturellement, chacun y a vu une validation de sa propre théorie sur l’état de la société française. Certains termes ont fait florès, comme jacquerie — qui désigne les révoltes paysannes dans la France d’Ancien Régime — lancé par Éric Zemmour dès le vendredi 16, puis repris par une partie de la presse régionale [1]. De son côté, Le Figaro prenait la défense de ces nouveaux ploucs-émissaires, tandis que sur Europe 1, Christophe Guilluy se réjouissait presque de la fronde de « sa » France périphérique — appelée plus abruptement cette France-là par Franz-Olivier Giesbert — et Nicolas Baverez dissertait sur la revanche des citoyens de base.
La palette politique du jaune. Edgar Morin : « Il manque une pensée directrice au mouvement des “ gilets jaunes ”» La feuille d'impôt, le rond-point et Facebook : huit sociologues décryptent les gilets jaunes. Même s'ils soulignent tous la nécessité d'une étude sur le temps long, des sociologues ont cherché à analyser l'émergence des gilets jaunes et ce qu'ils expriment, depuis la première journée de mobilisation, le 17 novembre.
Qu'ils arriment leur analyse de la mobilisation à une observation sur le terrain ou qu'ils passent les mots des gilets jaunes sur les réseaux sociaux à la moulinette, qu'ils fassent un détour par l'histoire et Pierre Poujade ou qu'ils comparent la carte de la mobilisation et celle du vote d'extrême-droite, huit sociologues montrent ainsi un décalage édifiant entre ce qu'ils décryptent, eux, du mouvement, et l'image que les médias en projettent. Les « gilets jaunes », récit d’un mouvement hors norme né sur Facebook. « Le mouvement des “gilets jaunes” favorise la cohésion intergénérationnelle des milieux populaires » "Gilets jaunes", un mouvement populaire, une révolte singulière. Le journal Le Monde propose la première enquête sociologique sur les "gilets jaunes".
Un collectif de 70 universitaires est allé les rencontrer un peu partout sur le territoire, afin de tenter de déterminer leurs profils et leurs motivations. Depuis la fin du mois de novembre un collectif d'universitaires a lancé une enquête de terrain. L'idée est de comprendre le mouvement des "gilets jaunes", initié d'abord sur les réseaux sociaux le 21 octobre, puis officiellement lancé lors de la première manifestation du 17 novembre. Au lendemain du 17 novembre, des chercheuses du centre Emile Durkheim à Bordeaux lancent un appel auprès des chercheurs en science politique. Leur idée est de comprendre ce mouvement. Enseignants chercheurs, chercheurs au CNRS, à l'INRA, docteurs, étudiants, sociologues, politistes et géographes commencent à travailler sur cette enquête sur la base du volontariat. Entre le 24 novembre et le 1er décembre, 166 questionnaires de 28 questions sont diffusés, puis analysés.
Sylvain Boulouque : « Les “gilets jaunes” oscillent entre révolution nationale et révolution sociale » « Gilets jaunes » : une enquête pionnière sur la « révolte des revenus modestes » « Face aux “gilets jaunes”, l’action répressive est d’une ampleur considérable » Certains « gilets jaunes » trouvent une « famille » sur les ronds-points. « Gilets jaunes » : trois visions d’une même histoire et quelques leçons. Le mouvement des « gilets jaunes » s’essouffle.
La dernière mobilisation en date – samedi 29 décembre – n’a réuni qu’un vingtième des effectifs de l’acte I (le 17 novembre). Deux jours après, il n’y avait que 200 gilets jaunes sur les Champs-Élysées parmi 250 000 réveillonneurs. L’heure est au bilan. Rarement mouvement social aura fait l’objet d’interprétations aussi contrastées, suscité une telle polarisation de l’opinion publique, et attisé tant de passions. Deux lectures antagoniques ont dominé les débats jusqu’à présent : on veut y ajouter une troisième, et en tirer quelques leçons. Le mouvement vu par ses soutiens La mobilisation des gilets jaunes a été décrite par certains comme un vaste mouvement populaire, fondé sur un profond désespoir social et sur le rejet d’un système politique oligarchique, qui serait gouverné par les riches pour le bénéfice de ceux-ci.
Le mouvement vu par ses opposants D’un point de vue historique, ce mouvement n’a donc rien d’exceptionnel par son ampleur. « Dans la crise des “gilets jaunes”, il n’y a que rarement de stigmatisation spécifique du riche en patron » Derrière la percée des « gilets jaunes », des réseaux pas si « spontanés » et « apolitiques » France: les sciences sociales auscultent les «gilets jaunes»
Analyses, enquêtes, ouvrages collectifs… les universitaires se passionnent pour les « gilets jaunes ».
De nombreux chercheurs tentent en effet de décrypter ce mouvement social complexe et inédit qui s'écrit sous nos yeux.