Le procès de Madame Bovary. Publié en livraisons par la Revue de Paris, Madame Bovary causa à son auteur bien des tracas.
Déjà frappée de deux avertissements en 1855, la revue avait reculé devant quelques scènes et opéré des coupes. Flaubert exigea l’insertion, dans le numéro du 15 décembre 1856, d’une note relative à ces mutilations, ce qui accrut sans doute la vigilance des services de la Sûreté publique. Le roman fut signalé au procureur impérial, Félix Cordoën ; ce magistrat qui, en 1853, s’était réjoui de voir la religion reprendre « la souveraine direction des âmes », estima que Madame Bovary devait être poursuivi. Flaubert pensait que son roman, soigneusement épuré au fil des versions successives, était digne du prix Monthyon -du moins l’écrivait-il -, et qu’il servait à poursuivre la Revue de Paris, laquelle fut d’ailleurs frappée d’un mois de suspension, le 26 janvier 1857, à cause non de Madame Bovary, mais d’un article de H.B. Oppenheim sur Frédéric-Guillaume IV de Prusse. Les Amis de Flaubert et de Maupassant. Les Amis de Flaubert – Année 1978 – Bulletin n° 52 – Page 30 Le procès de Madame Bovary Le 31 janvier 1857 s’ouvrait devant le Tribunal Correctionnel de Paris l’un des plus curieux procès littéraires que la France ait connu.
Le procès de Madame Bovary . Au banc des accusés s’asseyaient trois prévenus : le gérant de la revue de Paris, l’imprimeur, et un jeune auteur encore inconnu, Gustave Flaubert. Celui-ci n’avait pas encore publié, Madame Bovary était sa première œuvre. Gustave Flaubert - Œuvres - Madame Bovary, Attendus. (Gazette des tribunaux — no du 8 février 1857) Le tribunal a consacré une partie de l’audience de la huitaine dernière aux débats d’une poursuite exercée contre MM.
Léon Laurent-Pichat et Auguste-Alexis Pillet, le premier gérant, le second imprimeur du recueil périodique la Revue de Paris, et M. M. Gustave Flaubert - Œuvres - Madame Bovary, Pinard. Messieurs, en abordant ce débat, le ministère public est en présence d’une difficulté qu’il ne peut pas se dissimuler.
Elle n’est pas dans la nature même de la prévention : offenses à la morale publique et à la religion, ce sont là sans doute des expressions un peu vagues, un peu élastiques, qu’il est nécessaire de préciser. Mais enfin quand on parle à des esprits droits et pratiques, il est facile de s’entendre à cet égard, de distinguer si telle page d’un livre porte atteinte à la Religion ou à la Morale. La difficulté n’est pas dans notre prévention, elle est plutôt, elle est davantage dans l’étendue de l’œuvre que vous avez à juger. Il s’agit d’un roman tout entier. Quand on soumet à votre appréciation un article de journal, on voit tout de suite où le délit commence et où il finit ; le ministère public lit l’article et le soumet à votre appréciation.
Gustave Flaubert - Œuvres - Madame Bovary, Senard. Messieurs, M.
Gustave Flaubert est accusé devant vous d’avoir fait un mauvais livre, d’avoir, dans ce livre, outragé la morale publique et la religion. M. Gustave Flaubert est auprès de moi, il affirme devant vous qu’il a fait un livre honnête, il affirme devant vous que la pensée de son livre, depuis la première ligne jusqu’à la dernière, est une pensée morale, religieuse, et que si elle n’était pas dénaturée (nous avons vu pendant quelques instants ce que peut un grand talent pour dénaturer une pensée), elle serait (et elle redeviendra tout à l’heure), pour vous ce qu’elle a été déjà pour les lecteurs du livre, une pensée éminemment morale et religieuse pouvant se traduire par ces mots : l’excitation à la vertu par l’horreur du vice.
Le procès Flaubert, janvier 1857. Fin 1856, Gustave Flaubert, après cinq ans d’un travail laborieux, publie ce qui deviendra son chef d’oeuvre Madame Bovary.
C’est sous la forme d’un feuilleton dans La Revue de Paris, gérée par M. Léon Laurent-Pichat qu’à partir du 1er octobre 1856 que les lecteurs découvrent le destin passionné d’Emma Bovary. Mais à peine la parution faite, Flaubert, Laurent-pichat et l’imprimeur sont accusés d’ « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs », pour ce roman aux descriptions jugées trop lascives et réalistes. Madame Bovary raconte en effet les atermoiements d’une jeune femme romantique mourant d’ennui au sein d’un mariage sans passion. Édition des manuscrits de Madame Bovary de Flaubert.
Gustave Flaubert - études critiques - «Mon affaire est une affaire politique»: la Revue de Paris et le procès de Madame Bovary. « Mon affaire est une affaire politique » : la Revue de Paris et le procès de Madame Bovary Guillaume COUSIN CEREdI Université de Rouen 1857 : année de toutes les ruptures, si l’on en croit l’histoire littéraire.
C’est en effet l’année de publication en volume de Madame Bovary de Flaubert et des Fleurs du mal de Baudelaire. Au-delà du choc esthétique qu’elles provoquent, les deux œuvres sont liées par leur convocation devant la justice. 1857 : la littérature accusée d’immoralité. Dans ces notes, le poète expose son projet artistique pour donner une ligne de défense à son avocat.
Le livre doit être jugé dans son ensemble, et alors il en ressort une terrible moralité. Donc je n’ai pas à me louer de cette singulière indulgence qui n’incrimine que 13 morceaux sur 100. Gustave Flaubert - ressources - Madame Bovary - note autographe, procès. Cette note était destinée à rédiger une préface au « Mémoire » que Flaubert envisageait pour sa défense (voir sa lettre à Jules Duplan du [19 janvier 1857], Corr., éd.
Jean Bruneau, Bibl. de la Pléiade, t. II, p. 668, n. 3). L'avocat Senard en cite une phrase dans sa plaidoirie : « On m'accuse avec des phrases prises ça et là dans mon livre, je ne puis me défendre qu'avec mon livre. » Elle peut donc être datée de la seconde quinzaine de janvier 1857. Les grands scandales de l'art : « Madame Bovary », un roman en procès. Y aurait-il eu scandale s'il n'y avait pas eu procès ?
L'attention attirée par sa citation en justice sur le premier roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary, paru en feuilleton dans La Revue de Paris du 1er octobre au 15 décembre 1856, lui offrit une publicité inespérée, bien qu'involontaire. Flaubert s'en serait-il passé ? Il batailla en tout cas dès avant sa publication pour l'intégrité de son oeuvre, qu'il portait avec conviction depuis plus de cinq ans. Alors qu'il avait offert à son ami Maxime du Camp de la prépublier, ce dernier et le gérant de la revue, Laurent-Pichat, craignant le tapage, lui demandent de modifier certaines scènes (la noce, les comices ).
Flaubert et Baudelaire sur le banc des escrocs. « Je vous annonce que demain, samedi 24 janvier, j’honore de ma présence le banc des escrocs, sixième chambre de police correctionnelle, dix heures du matin. Les dames sont admises. Une tenue décente et de bon goût est de rigueur. (1) » Voilà ce qu’annonce Flaubert après plusieurs semaines d’inquiétude à Alfred Blanche, secrétaire général au ministère d’État. En effet, il était cité, au même titre que le directeur de la Revue de Paris, Léon Laurent-Pichat, et l’imprimeur, Auguste-Alexis Pillet, pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs » devant cette sixième chambre du tribunal correctionnel, où comparaissaient non seulement les escrocs, mais aussi les prostituées, et qui était également commise aux délits de presse. C’est donc elle qui avait à statuer sur le sort de Madame Bovary, roman d’un jeune inconnu, qui venait de paraître en six livraisons, d’octobre à décembre 1856, dans la Revue de Paris.