Déclic N°23 - L'actu du tourisme durable ! Instagram : les dérives de « l’égo-tourisme » Le cliché parfait.
Ces voyageurs qui se mettent en danger sur Instagram pour une simple photo. © jakkapan / 123Rf Jusqu'où sont prêts à aller ces touristes pour prendre THE photo et la poster sur les réseaux sociaux ?
Au péril de leur vie. Les accrocs aux likes sont de plus en plus nombreux à défier la mort pour une simple photo. De nos jours, la récolte de likes fait partie pour certains des besoins naturels, au même titre que manger et boire. Instagram : "la capacité à faire et à partager de jolies photos est devenue un critère dans le choix des vacances" Huit ans après sa création, le réseau social Instagram a remplacé les albums photos de vacances pour un milliard d'utilisateurs.
C'est en 2010, aux États-Unis, que deux étudiants de l'Université de Stanford, au cœur de la Silicon Valley ont eu l'idée de créer un réseau social consacré à la photo. Un mur virtuel, sur lequel vous pouvez épingler des photos prises avec un smartphone, que vos amis peuvent voir également s'ils suivent votre compte. Ainsi est né Instagram. Huit ans plus tard, le succès est éloquent. Le réseau revendique un milliard d'utilisateurs dans le monde. Quel rôle joue Instagram dans le voyage ? Après la série "Chernobyl", les Instagrameurs vont trop loin. Le "tourisme Instagram" : avantage ou fléau ? Tourisme : Instagram nous pourrit-il la vie ? - Bonsoir! du 16/03 – CANAL+
Comment Instagram a fait émerger un tourisme potentiellement néfaste. Sites naturels saccagés, faune en danger... Les instagrameurs sont-ils une menace pour l'environnement? Des sites naturels exceptionnels, comme les sources d’Huveaune ou les champs de coquelicots de Lake Elsinor, sont pris d’assaut par des instagrameurs à la recherche de la plus belle photo.
Les dégradations et comportements irrespectueux de ces influenceurs mettent en danger ces sites naturels, parfois classés ou protégés. Pour les défenseurs de l’environnement et les acteurs du développement d’un tourisme durable, il y a urgence à agir. « Les algorithmes pourront bientôt mesurer « l’instagramabilité » d’une photo » et ainsi « anticiper ces phénomènes », explique Guillaume Cromer, président de l’ONG ATD. De magnifiques eaux turquoise translucides, baignées de soleil, nichées au cœur d’un paisible sous-bois… Il n’en fallait pas plus pour mettre en émoi toute la communauté des instagrameurs. . « C’est notre joyau de la forêt. . « Ce n’est pas un lieu de baignade, c’est un site classé Natura 2000 »
Instagram : un bouc émissaire du tourisme de masse ? L’histoire était choquante, et a fait le tour de la presse mondiale en quelques jours. Aiguillonnés par le succès de la série Chernobyl, qui retrace la pire catastrophe nucléaire de l’histoire, survenue en Ukraine en 1986, des « influenceurs Instagram » se seraient rués ces dernières semaines sur les lieux pour s’y prendre en photo dans des poses ridicules. Ce manque de respect pour la mémoire des victimes a même poussé le créateur de Chernobyl à appeler les visiteurs du site à se comporter « avec respect ». Des centaines d’articles, dans le monde entier, se sont émus de cette « invasion d’instagrammeurs », et critiqué « ces influenceurs qui s’irradient pour des likes ». Meanwhile in Chernobyl: Instagram thots flocking to the site of the disaster. We live in hell. Mais cette invasion des « influenceurs sans gêne » n’a en réalité pas vraiment eu lieu.
Bouc émissaire commode Pourquoi tant de haine ? Instagram. Ces lieux abîmés par la quête de la belle image. Poster la belle photo sur les réseaux sociaux, et sur Instagram en particulier, peut conduire à des comportements peu respectueux des lieux, allant même parfois jusqu'à les abîmer.
Certains sites naturels ont dû s’adapter pour faire face à l’affluence générée par la quête de la bonne image à publier sur les réseaux sociaux. Une femme seule au milieu d’un tapis de fleurs colorées jouissant d’un bonheur au plus près de la nature. Un jeune homme, portant sac à dos, regardant une haute cascade qui jaillit. Vous avez l’impression d’avoir déjà vu ces images ? Pas étonnant, ce type de photos se retrouve par centaines sur Instagram.
Habile : le WWF a inventé une fausse géolocalisation Instagram pour protéger des sites naturels. Mettre une fausse géolocalisation sur ses photos Instagram permettrait d'éviter la saturation et la destruction de sites naturels.
C'est du moins ce que pense WWF. Voir un joli lieu sur les réseaux sociaux peut donner envie de s’y rendre. Le problème, c’est que cela va parfois trop loin. Tourisme : Instagram et les influenceurs, une menace pour l’environnement ? "Quand j'ai déménagé à Sydney il y a cinq ans, j'ai découvert un lieu magique appelé Gordons Bay […], une crique magnifique avec une eau cristalline et seulement quelques personnes assises sur les rochers. […].
La dernière fois que j'y ai été, vous pouviez à peine bouger sur les rochers et il y avait deux bouées flamant rose géantes dans l'eau", raconte Bridie Jabour, éditorialiste à The Guardian Australie. Les endroits préservés du tourisme deviennent rares. Et les réseaux sociaux menacent de plus en plus ceux qui le restent : une photo postée de façon anodine sur Instagram par un touriste, ou par un influenceur suivi par des milliers de personnes, peut se révéler dévastatrice... Dans sa tribune, la journaliste australienne Bridie Jabour poursuit en citant d’autres exemples de lieux envahis du fait de leur potentiel "instagrammable". Par exemple, le spot de Roys Peak, au sud de la Nouvelle-Zélande, où les touristes font jusqu’à une heure de queue pour prendre une photo. Comment Instagram est devenu (trop) incontournable chez les professionnels du tourisme.
Pour les millenials, le réseau social se substitue petit à petit aux moteurs de recherche lorsqu'il s'agit de choisir sa destination de vacances.
De quoi inciter les professionnels du tourisme à orienter leur communication vers la plateforme de partage de photos et de vidéos. "Il y a de plus en plus de clients qui ne regardent pas la carte et commandent en montrant des photos de plats sur leur téléphone. Parfois, ils se plaignent quand la framboise n'est pas exactement comme sur leur écran", racontait récemment, au magazine Society, Cathy Closier, la patronne du Season.
Ce restaurant parisien à la déco "d'inspiration new-yorkaise" est devenu en quelques mois la cantine préférée des "instagrameurs" qui s'y bousculent pour partager sur leur plateforme préférée les photos de leurs pancakes fluffy et autres açaï bowls. Une success story qui fait des envieux. Mais aujourd'hui, partager des photos de son hôtel, de son restaurant ou de sa destination, aussi belles soient-elles, ne suffit plus. Voyage : Instagram est-il devenu fou ? Influenceurs : quel est l'impact d'Instagram sur le tourisme mondial ? Plages idylliques désertes, sommets enneigés immaculés, rues colorées… C’est officiel : dans la course au cliché parfait, Instagram a ruiné les plus jolis endroits de la planète !
Quand vous cherchez le hashtag « travel » dans Instagram, vous tombez sur 380 millions de résultats - à la louche. Sous vos yeux ébahis défilent des clichés idylliques, où posent des gens magnifiques. Toute la magie de ces photos réside dans l’impression que les instagrameurs qui les postent sont seuls au monde, et qu’ils partagent comme un secret leur petit coin de paradis. Dans un autre style, les offices de tourisme ont aussi flairé le bon filon et font la promotion d’attractions ou de restaurants sur des comptes dédiés, toujours avec des mises en scène qui font rêver.