Naître de nouveau. Ils sont nombreux dans la salle, de l’autre côté de l’écran de visioconférence, venant d’Afghanistan, d’Albanie, d’Espagne, d’Arménie et d’ailleurs, nouvellement arrivés ou déjà intégrés dans une scolarité ordinaire.
La classe UPE2A, lieu de passage pour les élèves allophones, est leur refuge, leur famille. Ali, jeune kabyle, l’explique ainsi : « On aide quand quelqu’un arrive. Tu peux te sentir à l’aise comme tu es à la maison. Tu demandes “quelle langue tu parles”. C’est comme ça que l’amitié commence. » Ils se présentent tour à tour, avec plus ou moins de facilité selon leur maîtrise de la langue, certains sont là depuis deux mois à peine. Construire de nouveaux rêves. Itinéraire dans les territoires de la diversité. Ses études d’histoire le mènent vers l’étude de la culture hors des sentiers normés, en s’intéressant, pour son mémoire de maîtrise, aux objets culturels présents dans les foyers où la lecture semblait a priori absente, dans le Trièves du XVIIIe siècle.
Lorsqu’il devient enseignant, cette question des pratiques culturelles, des apprentissages informels, souvent situés dans l’angle mort institutionnel, reste dans son esprit. Mais, dans un premier temps, il apprend son métier à Laon (Aisne) en tant que TZR (titulaire sur zone de remplacement). « C’est un moment décisif, une période formatrice où l’on pratique les essais-erreurs. » Il se forme, fait des rencontres qui vont le marquer durablement, notamment avec Jean-Michel Zakhartchouk ou Dominique Natanson, grâce à qui il découvre la pédagogie institutionnelle. En 2003, après quatre ans de remplacements, il intègre un collège de La Chapelle-Saint-Luc, dans la banlieue de Troyes (Aube). Des élèves allophones. Danser les apprentissages. Lorsque les apprentissages sont ardus voire inaccessibles, pourquoi ne pas les apprivoiser en dansant ?
Évelyne Clavier utilise la danse contemporaine dans la salle de classe de son dispositif ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire) pour que le corps trouve toute sa place, délivre des empêchements et libère les intelligences. Elle vient « plus du texte que du geste », élève au parcours sans accroc devenue enseignante de lettres modernes. Sa pratique amateure de la danse classique et contemporaine lui souffle l’idée d’ancrer les mots par la mise en mouvement du corps. Changement climatique : éduquer pour agir et ne pas désespérer. Le thème du changement climatique est au premier abord vaste et effrayant.
Comment tenter de le regarder en face sans devenir collapsologue ? La réponse constructive et enthousiaste de Mathilde Tricoire, responsable pédagogique de l’OCE (Office for Climate Education). Petite, elle rêvait de devenir vétérinaire. Favoriser l’engagement citoyen. Emmanuel Maugard, enseignant en histoire-géographie, explore l’Enseignement morale et civique (EMC) comme un moyen de développer l’esprit critique et l’engagement.
Il nous raconte comment il se saisit de cette discipline polymorphe en y glissant un zeste de coopération. Bon élève, le concours d’enseignant lui a donné pourtant du fil à retordre, malgré sa volonté précoce de devenir enseignant. Il effectue des remplacements avant d’être titularisé, se familiarise en même temps avec l’informatique. Très tôt, il mêle numérique et enseignement en se questionnant sur les moyens de l’utiliser au service de la classe et de son prolongement en dehors. « Le numérique est un vecteur de scénarisation des cours. Il peut être aussi un lien avec le hors la classe, pour aider le développement de l’autonomie de l’élève. Il prend comme exemple le travail réalisé il y a deux ans avec une classe sur les questions sensibles et les fakenews en lien avec les migrations. Tout un village pour épanouir les enfants. Dans le village Ntsingbeu, près de Dshang, à l’ouest du Cameroun, l’éducation des enfants se fait projet partagé pour que tous puissent apprendre et réussir.
Rencontre avec Jean-Marie Tamgue, directeur de la Maison de la jeunesse et de la culture de Ntsingbeu, et chef d’orchestre d’une solidarité éducative. Ouvrir en douceur au monde qui les entoure. Coopérer et se construire individuellement dès la maternelle, apprendre à sa mesure et apprendre avec les autres : Loïs René mêle pédagogie coopérative et méthode Montessori pour une école éminemment démocratique.
Rencontre avec un artisan du savoir. L’épopée silencieuse des enseignants d’UPE2A pour la continuité (...) Pour endiguer l’épidémie due au Covid-19, les établissements scolaires ferment.
La scolarité se répand chez tous, dont les élèves allophones, récemment arrivés sur le territoire français et scolarisés en UPE2A. Qualité : autonome. Elle n’était pas une élève remarquable, regardant plutôt le temps passer à mesure que le sens de ce qu’elle devait apprendre lui échappait.
Elle développe son goût d’apprendre à l’Université, période où, par hasard, elle fait ses premiers pas à l’Éducation nationale en tant que surveillante d’externat. Depuis la vie scolaire, elle découvre alors les facettes du métier de CPE (conseiller principal d’éducation) qu’elle ignorait totalement lorsqu’elle était élève. Elle qui voulait être enseignante d’anglais change de voie, passe le concours de CPE, sentant que ce qu’elle souhaitait profondément faire c’était « de veiller à ce que les conditions soient bonnes pour bien apprendre ».
Elle se régale à l’IUFM (institut universitaires de formation des maitres) de Paris, dans les échanges avec les autres étudiants et à la rencontre d’enseignants éclairants comme Philippe Meirieu et Claude Lelièvre. Devenir chef d’établissement Construire un projet collectif Créer un espace Pilotage à distance. Apprendre pour enseigner, enseigner pour apprendre. Et si le sens du métier d’enseignant se dénichait en collectif, dans des projets qui vivent, se transforment et favorisent l’éclosion d’une réussite éducative ?
Stéphane Gort, enseignant en sciences physiques au collège Sophie-Germain de Nantes, nous raconte son chemin pédagogique éclairé par les pratiques de coopération. Les enfants parlent aux enfants... et aux grands. C’est le sentier de la curiosité qui l’a menée vers la culture dédiée au jeune public. « Je préfère le terme "jeune public" que celui de "jeunesse". Il est plus générique car il englobe les bébés et les jeunes… Et aussi permet de se dire qu’on peut être un jeune public si on vient pour la première fois au spectacle, même à 99 ans. » Après des études de philosophie, elle prépare le Capes et l’agrégation mais renonce à devenir enseignante.
Son envie est freinée par le contraste constaté entre le programme et la réalité humaine et concrète. « C’est important d’ouvrir les enfants et les jeunes à se poser des questions mais pas avec Kant d’emblée. » Elle lit beaucoup, assiste à de multiples spectacles grâce à des emplois étudiants d’ouvreuse au Corum à Montpellier puis à l’Opéra de Paris. La focale de la coopération. Il se souvient d’un début de scolarité plutôt faible et d’être devenu un bon élève au fil du temps, jusqu’à réussir d’un même coup le concours du Capes et celui de l’agrégation.
Il s’est dirigé vers l’enseignement des Sciences et vie de la Terre (SVT), comme une synthèse entre les métiers de ses parents, institutrice et agriculteur, et une proximité avec la nature, lui qui a grandi en Ardèche. Après son année de stage dans l’académie de Dijon, il est nommé au lycée Feyder à Épinay-sur-Seine, où il enseigne depuis dix ans.
L’entraide plutôt que la note. Évaluer autrement pour enseigner autrement. Laurent Fillion, enseignant d’histoire-géographie en collège, a suivi ce fil pour faire évoluer sans cesse sa pédagogie vers un apprentissage différencié, diversifié et choisi. Rencontre avec un enseignant pour qui la coopération est une clé de voûte pour apprendre et enseigner. Freiner la fuite des données. En 2018, un nouveau sigle s’est imposé dans les secteurs public et privé : le RGPD pour le Règlement général de protection des données, application du cadre européen de référence pour le traitement des données à caractère personnel. Le développement des usages pédagogiques du numérique, et singulièrement pendant la période de confinement, soulève de multiples questions sur la balance entre les contraintes de ce règlement et les garde-fous qu’il instaure sur l’exploitation des données des élèves et des personnels.
Rencontre avec Xavier Pichetti, Délégué régional à la protection des données pour la région académique Bourgogne Franche-Comté, pour mieux comprendre les risques et les enjeux. Le numérique, c’est pas automatique. Transformer ses pratiques pédagogiques ne va pas de soi. Repenser sa façon de faire cours, en utilisant le numérique mais pas seulement, nécessite souvent un regard extérieur, une dose de méthode et d’accompagnement. Au sein de Canopé en haute-Saône, Anne-Cécile Calléjon exerce le rôle de médiatrice. Elle nous explique en quoi consiste sa mission, entre formation et boosteuse de projet. Son parcours professionnel a commencé il y a une vingtaine d’année en banlieue parisienne. Professeure des écoles, elle a enseigné dans des communes riches et plus populaires, avant de changer de cap et de partir en milieu rural du côté de Vesoul pour un CP-CE1. « C’était intéressant de passer d’une école à dix-huit classes à une petite école de campagne avec deux classes. » Elle modifie son approche pour s’adapter, découvre un rythme plus lent en apparence mais qui donne le temps d’approfondir.
Des tablettes lui permettent d’aller plus loin encore dans ses usages pédagogiques du numérique. Prendre soin de l’humain. Portrait d’une profession en lutte. Derrière l’œuvre, le monde. AESH, les invisibles de l’Éducation nationale. La poétesse de la Gravette. Les écoles sont singulières. Elles recèlent chacune une particularité qui les distingue, un arbre remarquable dans la cour, une architecture aux recoins pleins de trésors, une histoire fantastique et des personnes qui font pulser son cœur. Ouvrir l’école et les apprentissages pour aujourd’hui et pour demain. Jeanne-Claude Mori, professeure des écoles à Altkirch dans le Haut Rhin, vit depuis plus d’une semaine la nouvelle expérience de l’enseignement par temps de confinement. L’éducation populaire, remède à la misère. Le sport citoyen. Donner à l’Éducation physique et sportive une coloration citoyenne et ouverte, c’est ainsi que Brenda Di Crescenzo envisage et vit ses pratiques pédagogiques par temps ordinaire comme par temps de confinement.