Pour en finir (vraiment) avec le terrorisme, par Alain Gresh (Le Monde diplomatique, avril 2015) Ce fut une bataille homérique, couverte heure par heure par tous les médias du monde. L’Organisation de l’Etat islamique (OEI), qui avait conquis Mossoul en juin 2014, poursuivait son avancée fulgurante aussi bien vers Bagdad que vers la frontière turque ; elle occupait 80 % de la ville de Kobané, en Syrie. Les combats firent rage pendant plusieurs mois. Mais qui sont ces héroïques résistants qui ont coupé une des têtes de l’hydre terroriste ? Ce fut un été particulièrement agité. Un concept flou Résistants ? Au mieux, on peut inscrire le terrorisme dans la liste des moyens militaires. Au-delà de son caractère flou et indécis, l’usage du concept de terrorisme tend à dépolitiser les analyses et par là-même à rendre impossible toute compréhension des problèmes soulevés. N’est-il pas temps de dresser le bilan de cette « guerre contre le terrorisme » en cours depuis 2001, du point de vue de ses objectifs affichés ? Certains dirigeants américains ont parfois des éclairs de lucidité.
Les Etats du Moyen-Orient seront-ils bientôt rayés de la carte ? Pour l’historien Pierre-Jean Luizard, l’Etat islamique progresse parce que les populations ne veulent plus subir l’ordre postcolonial. Des monstres, des nazis… En France, on ne manque pas de qualificatifs pour les islamistes de Daech, qui semblent de leur côté tout mettre en œuvre pour révulser les opinions publiques occidentales. Mais comment expliquer leur expansion fulgurante, en à peine un an, sur un territoire sunnite qui abolit la frontière Syrie-Irak tracée en 1920, à la conférence de San Remo, par ces mêmes Occidentaux ? Comment expliquer que ces « monstres » aient été accueillis en libérateurs à Mossoul (2 millions d’habitants) ? A rebours de nombre de commentateurs, l’historien Pierre-Jean Luizard décrit dans son dernier essai, Le Piège Daech, les logiques à l’œuvre depuis un siècle, et en conclut que les Etats du Moyen-Orient n’ont plus d’avenir. Pourquoi ces promesses ? Les trois guerres irakiennes ont rompu ce fragile équilibre ? Pourquoi bombarder l’Irak et pas la Syrie ?
Un demi-siècle de conflit à Jérusalem expliqué en cinq minutes Etat islamique, un monstre providentiel, par Peter Harling (Le Monde diplomatique, septembre 2014) L’Etat islamique, ce mouvement djihadiste qui contrôle désormais une grande partie du nord-est de la Syrie et du nord-ouest de l’Irak, apparaît aussi déterminé et sûr de lui que la région qui l’entoure est confuse. Il ne constitue en rien un nouvel Etat, puisqu’il rejette la notion de frontière et se passe largement d’institutions. En revanche, il nous en apprend beaucoup sur la situation du Proche-Orient, et notamment sur celle des Etats de la région, sans parler des politiques étrangères occidentales. Ce mouvement conquérant a une identité étonnamment claire, étant donné sa composition — des volontaires venus de partout — et ses origines. L’histoire commence en Irak quand, à la suite de l’invasion américaine de 2003, une poignée d’anciens moudjahidins de la guerre d’Afghanistan mettent sur pied une franchise locale d’Al-Qaida. Si l’Etat islamique effectue un retour spectaculaire aux affaires, une faible part du mérite lui en revient. Pour autant, l’Etat islamique a peu à offrir.
Dounia Bouzar : "Le registre de la raison est inefficace pour parler à un jeune embrigadé" Djihad Dans Comment sortir de l'emprise « djihadiste » ?*, l'anthropologue Dounia Bouzar dévoile la méthode conçue par son association pour lutter contre l'embrigadement des jeunes Français dans l'islam radical. © Les cahiers de l'islam Créé en avril 2014, le Centre de Prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI) interroge les mécanismes d'embrigadement des jeunes dans l'islam radical. Qui sont les djihadistes embrigadés sur le territoire français ? Par le passé, tous les jeunes embrigadés étaient fragiles. Sur le plan sociologique, beaucoup de personnes issues des classes moyennes nous ont téléphoné. Finalement, il est très difficile de dresser un profil-type des embrigadés. En quoi les djihadistes ont-ils affiné leur méthode de recrutement ? Avec le temps, les djihadistes ont individualisé leur démarche, notamment en s'adaptant à la culture française. Quel rôle Internet tient-il dans le processus d'embrigadement ? Notre méthode se divise en trois étapes. Jamais.
Qui se bat contre qui en Syrie ? INFOGRAPHIE - Par ses actions spectaculaires, l'Etat islamique s'impose médiatiquement comme le principal opposant au régime de Damas. En réalité, l'opposition est bien plus diverse et complexe. En quatre ans de conflit, Bachar el-Assad a réussi à liguer contre son régime une myriade de groupes armés aux intérêts parfois opposés, mais qui se retrouvent tous dans leur volonté de le faire tomber. Depuis la conquête spectaculaire de Raqqa par Jabhat al-Nusra en mars 2013, jusqu'à la prise de Palmyre en mai 2015, l'Etat islamique accapare l'attention médiatique par ses coups d'éclats et ses exactions. Il est pourtant loin d'être le seul groupe armé à combattre le régime de Bachar el-Assad, lui-même appuyé par des forces étrangères. L'Etat islamique Le groupe Etat islamique est issu en 2006 de la rébellion sunnite irakienne contre l'invasion américaine de 2003. Al-Nosra Le front al-Nosra est le seul groupe armé officiellement affilié à al-Qaïda. Le Front islamique L'Armée syrienne libre (ASL)
Daech s'est peut-être infiltré parmi les réfugiés syriens Il existe une concordance entre les empreintes digitales de l'un des kamikazes du Stade de France et celles d'un réfugié enregistré en Grèce en octobre 2015. Il est pour l’heure impossible d’affirmer si c’est un leurre posé par Daech, mais le passeport d’un migrant syrien retrouvé près du corps de l’un des auteurs des attaques du 13 novembre à Paris est «un faux», selon la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Un information également reprise sur Twitter dimanche par Nicolas Chapuis, un journaliste du Monde. Cependant, le procureur de la République François Molins a déclaré lundi 16 novembre dans la matinée qu'il existait une concordance entre les empreintes digitales de l'un des kamikazes du Stade de France – sur qui la police a retrouvé le faux passeport – et celles relevées lors d'un contrôle d'enregistrement des réfugiés arrivant en Grèce en octobre 2015, rapporte Le Figaro. Le scénario d'une éventuelle infiltration de Daech parmi les réfugiés syriens est donc possible.
Quelle est la différence entre Chiites et Sunnites ? - Les éditions des Chavonnes 1979 - la révolution (chiite) iranienne et la réaction irakienne (sunnite) Le Shah d'Iran, jusque-là allié des États-Unis de NIXON et KISSINGER, et son principal allié dans sa lutte contre le communisme envahissant (Égypte de NASSER et Syrie de Haffez el HASSAD), est renversé en 1979 par une révolution islamique. L’Ayatollah Khomeny devint le guide spirituel des Chiites. Arabie Saoudite - Sunnites : 97% - Chiites : 2,5% De l’autre côté de la frontière, Saddam HUSSEIN, le Président sunnite d'Irak commença à s’inquiéter. Georges BUSH envoya en 1990 ses GI libérer le Koweït. 1980 - Les Talibans (sunnites) d'Afghanistan Lors du retrait soviétique d'Afghanistan, dans les années 80, des moudjahidin pachtounes (une des nombreuses ethnies de l'Afghanistan) ont créé le mouvement des "étudiants", dans le but de contrôler, à leur profit, et aux détriments des autres ethnies du pays, l'Afghanistan. 1988 - Al Qaïda (sunnites)
Surenchères traditionalistes en terre d’islam, par Nabil Mouline (Le Monde diplomatique, mars 2015) Dans le monde arabe, les ambitions hégémoniques du traditionalisme musulman ne datent pas d’hier. Quelles que soient sa forme ou sa dénomination, ses dépositaires ont réussi à y occuper, depuis la seconde moitié du IXe siècle, une place centrale. Cela s’est fait au prix de combats acharnés, et au détriment d’autres discours dont certains étaient novateurs, ou du moins rénovateurs. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que l’ordre ancien est progressivement, quoique involontairement, secoué par le choc colonial. Des discours s’appuyant sur les systèmes de valeurs et de représentations occidentaux s’introduisent en terre d’islam. Ils offrent une nouvelle conception du monde et permettent à des courants intellectuels, politiques et religieux de s’épanouir. Tout au long du XXe siècle, plusieurs pays musulmans ont essayé d’utiliser leur capital religieux pour étendre leur prestige et leur influence au niveau international. Pétrodollars et prosélytisme Les Frères musulmans contre la gauche