Je pense que ralentir est une fausse solution. (...) Et pour moi, quand on s'immobilise, ça doit être absolument libre. Si ça commence à devenir une contrainte, quelque chose qui est imposé, il y a quelque chose qui ne va pas. » Jérôme Lèbre
Sans doute le succès de cette expression - « le temps s’accélère » - en dit-il moins sur le temps et sur notre époque que sur le rapport que notre époque entretient avec le temps.
« Le bonheur dépend de notre emploi du temps »
À une époque de profondes mutations, le rapport au temps est chamboulé.
Nous avons invité des personnalités et des anonymes à se confier sur ce vaste sujet. Cette semaine, le journaliste et essayiste Jean-Louis Servan-Schreiber. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Anne-Sophie Novel Journaliste, essayiste et fondateur de L’Expansion en 1967, Jean-Louis Servan-Schreiber a également dirigé Psychologies Magazine. Si ses réflexions portent essentiellement sur le comportement humain, certains de ses ouvrages traitent avec fraîcheur de notre rapport au temps et à la modernité. Le temps est un sujet qui vous passionne depuis longtemps… Dans les ouvrages que vous lui avez consacrés, vous expliquez notamment que la maîtrise du temps est vitale. Tout a commencé de manière pragmatique : les managers ont un problème avec le temps, et malheureusement l’enseignement dense qu’ils reçoivent ne comprend rien sur la gestion du temps.
Pensez-vous que nos ancêtres étaient moins angoissés et stressés que nous ? Une sociologie de la « vie bonne » Le terme qui revient souvent depuis la mise en mouvement décentralisée des gilets jaunes est celui de « mépris », qui fait écho aux thèses posées depuis plusieurs décennies par les théoriciens de l’école de Francfort, comme avec Axel Honneth et sa société du mépris, qui qualifie le monde néolibéral dans lequel nous baignons, ou encore ses problématiques liées à l’éthique de la reconnaissance et à sa falsification.
Hartmut Rosa aussi pourrait être une de ces références, avec la notion d’accélération qui s’abat sur les vies humaines et l’incapacité, notamment des plus vulnérables, de s’ajuster à cette nouvelle pression. Résonance, une sociologie de la relation au monde (la Découverte, 2018) tente de proposer une solution à ce désœuvrement en rappelant que la « vie bonne » ne repose pas uniquement sur le maintien des biens primaires, certes nécessaires. Tout s'accélère [ TEDx : Gilles Vernet ] « Le temps n’accélère pas. » Etienne Klein. « L’accélération du monde nous rend immobiles » Professeur de philosophie en khâgne, au lycée Hélène Boucher, dans le 20e arrondissement de Paris, et directeur de programme au Collège international de philosophie, Jérôme Lèbre se consacre actuellement à l’étude de l’immobilité qui, selon lui, s’accroît à mesure que notre monde s’accélère. Qu’est-ce qui vous a poussé à étudier ce sujet ? A l’origine, j’ai travaillé sur la vitesse et sur les thèses du philosophe Paul Virilio : je n’arrivais pas à être d’accord avec sa vision apocalyptique et le fait que l’accélération du monde nous mène à la catastrophe.
Cette thèse est portée par nombre de sociologues et de philosophes pourtant. Comment fait-on pour s’en dégager ? J’ai cherché à approfondir le côté critique de l’aliénation, cette pression que l’on ressent en permanence avec ce rythme qu’on n’a pas choisi. . « Montesquieu regrettait déjà le fait que tout le monde coure autour de lui. » Cette échappée est-elle présente dans toutes les civilisations, à toutes les époques ? Oui. Êtes vous dans l'action ou l'agitation? [David Lefrançois]
Intensité. Immobilité. Slow Down. Accélération sociale. L'oisiveté. Le beau et la beauté. Livres. Podcasts. Homo Digitalis. Tout s'accélère, un film de Gilles Vernet. Retrouver le temps ! [Square Idée] L’éloge de la lenteur. ²bodycard xxxx.