Savoir faire halte, c'est savoir résister. Plus de trains demain, les voyageurs seront à l'arrêt.
L'occasion de lire l'essai "Éloge de l'immobilité" du philosophe Jérôme Lèbre qui vante les mérites de tout ce qui s'oppose au mouvement perpétuel. S'arrêter, faire halte, c'est aussi une manière d'exister et de résister à l'ordre normatif du monde. Marcher, bouger, se déplacer, avancer, courir, glisser… : les mots qui désignent l’idée fétichisée du mouvement traduisent par eux-mêmes l’obsession actuelle de la mobilité. On ne reste pas assis, on s’élève ; on ne ramollit pas son corps, on l’agite ; on ne bloque pas sa pensée, on la dynamise. On prend des trains à travers la plaine. “Savoir faire halte, c'est savoir résister” Or, cette passion dominante du mouvement n’est-elle pas dans son évidence un peu suspecte ? Car l’immobilité n’est pas qu’une contrainte ou une seule privation de mouvement : “C’est aussi en elle que s’affirme une capacité de résistance et de libération”, avance Lèbre.
Entretien avec Jérôme Lèbre : « L’écriture est ce qui reste de la parole, l’immobilité est ce qui reste du mouvement » Jérôme Lèbre Jérôme Lèbre est philosophe.
Normalien, il est professeur de philosophie en classes préparatoires littéraires, habilité à diriger des recherches, directeur de programme au Collège international de philosophie, membre associé du Centre de recherches en philosophie allemande et contemporaine de l’Université de Strasbourg (Crephac) et de l’Equipe de recherche sur les rationalités philosophiques et les savoirs de l’Université de Toulouse (Erraphis) ainsi que membre de l’Institut des hautes études en psychanalyse. Spécialiste de Jacques Derrida et de Jean-Luc Nancy, il est l’auteur de nombreux ouvrages tels que Vitesses (Hermann Philosophie, 2011), Derrida – La justice sans condition, (Michalon, 2013) ou Signaux sensibles (avec Jean-Luc Nancy, Bayard, 2017).
En septembre 2019, il publiera son prochain ouvrage aux éditions Desclée de Brouwer intitulé Scandales. Pourquoi avez-vous choisi le concept d’ « immobilité » pour contrer la vitesse à laquelle court le monde ? Contredire l’accélération : manifeste pour une lutte immobile. La tyrannie de la vitesse. Des journées trop chargées, à se dépêcher, à courir, pour tenter d’effectuer ce qui, en se couchant, restera à faire.
À terminer demain. « Il faudrait allonger les journées ! », dit une collègue. « Le temps passe trop vite ! », se plaint l’autre. « On vit comme des dingues », renchérit la troisième. « Vous les Occidentaux, vous courez vers la mort ou quoi ? », m’a un jour demandé un Sénégalais. La technologie progresse à grande vitesse dans les champs. Depuis les chevaux de trait que l'on croisait encore dans les champs dans les années 1960, la high-tech s'est immiscée dans l'agriculture européenne à marche forcée.
Si les chevaux font leur grand retour dans certains cultures spécifiques, comme en viticulture bio, c'est à une toute petite échelle. « Aujourd'hui on a des tracteurs quasiment autonomes, qui n'ont presque plus besoin de conducteurs », s'enthousiasme Stéphane Marcel, responsable du numérique chez InVivo. Les technologies de guidages, le recours aux satellites pour géolocaliser les opérations, mais aussi les smartphones, les logiciels voire les drones font désormais partie intégrante du quotidien des agriculteurs En France, la recherche en agronomie qui a toujours été largement soutenue par les pouvoirs publics a pris le virage de l' « agritech ».
Produire plus avec moins ? Produire mieux plus près ? Au total près de 250 start-up se penchent en France sur le secteur agricole. La technologie est-elle responsable de l’accélération du monde ? – InternetActu. Le sociologue et philosophe allemand Hartmut Rosa a été remarqué en France depuis la traduction en 2010 d’Accélération : une critique sociale du temps, complété depuis par une synthèse et mise à jour de ce livre dans Accélération et aliénation… Pour Hartmut Rosa, le temps a longtemps été négligé dans les analyses des sciences sociales sur la modernité au profit des processus de rationalisation ou d’individualisation.
Vitesse et circulation de l'information : C'est comment qu'on freine ? Le titre* que chantait le rockeur Alain Bashung en 1995 n’a jamais été aussi pertinent qu’aujourd’hui.
Même s’il parlait à l’époque des emballements du cœur, la circulation de l’information tend à se calquer sur ces derniers où la raison s’efface devant l’émotion brute. Le tweet très controversé de Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, sur l’« attaque» de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, vient une fois encore attester que tout va beaucoup trop vite dans la propagation des informations comme des infoxs. A tel point que le faux vient s’entremêler au vrai dans une cacophonie où quasiment plus personne ne prend de recul et tente de recouper et contextualiser. La cote d’alerte est atteinte ! Jonathan Curiel: «La société de la vitesse est une société du désengagement» La tyrannie de la vitesse. La société névrosée du temps. @ (c) Philippe Gaston Notre société serait-elle devenue une droguée de la vitesse?
Plus que probable. Car l'hyperI activité semble toucher tous les pans de notre vie.