A l’université, une guerre de tranchées autour des questions de race, de genre ou d’écriture inclusive. « Je suis encore un peu sous le choc. » Nahema Hanafi, maîtresse de conférences en histoire moderne à l’université d’Angers, ne s’est toujours pas remise de la déferlante de haine qu’elle a reçue sur les réseaux sociaux, à la suite de la publication dans Le Point, début février, d’une tribune fustigeant violemment son ouvrage, L’Arnaque à la nigériane.
Spams, rapports postcoloniaux et banditisme social (Editions Anacharsis, 2020). Dans ce livre, la chercheuse analyse les discours des « brouteurs », ces cyberescrocs africains qui se font passer pour d’accortes jeunes femmes dans le but de soutirer de l’argent à des Occidentaux crédules. Ces truands, explique-t-elle au terme d’une étude de terrain, « ont un discours décolonial ; ils expliquent qu’ils “volent aux Blancs” pour réparer les dommages de la colonisation ». « Je regrette et je condamne évidemment cette situation. « Après Christchurch, une réponse ambitieuse à l’extrémisme en ligne est plus que jamais nécessaire » Après Christchurch, les réseaux sociaux confrontés au succès des discours haineux et suprémacistes. Vingt-neuf minutes. C’est le temps qu’il a fallu, vendredi 15 mars, avant qu’un utilisateur de Facebook n’appuie sur le bouton « Signaler » de la vidéo du terroriste d’extrême droite australien Brenton Tarrant.
Ce dernier avait décidé de diffuser, en direct, sur le réseau social, grâce à une caméra connectée, l’attaque qu’il a menée contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, et au cours de laquelle il a tué cinquante personnes. Quelques jours plus tard, la société fondée par Mark Zuckerberg a donné les chiffres du nombre de visionnage de cette vidéo ; elle a été vue « 200 fois pendant sa diffusion en direct », et près de 4 000 fois au total, avant sa suppression.
Le réseau social note que personne ne l’a « signalée » avant la fin du direct du massacre, qui a duré dix-sept minutes en tout. Les faits sont là : Facebook est une plate-forme où un terroriste peut diffuser le meurtre en direct de cinquante personnes pendant dix-sept minutes, sans en être empêché. A Marseille, Marine Le Pen enfonce le clou sur l’immigration.
A quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle, la candidate du Front national a martelé les thèmes fondateurs de son parti, comme la sécurité et l’identité nationale, pour remobiliser le cœur de son électorat LE MONDE | • Mis à jour le | Par Olivier Faye (Marseille, envoyé spécial) Marion Maréchal-Le Pen a résumé en une formule le propos de la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle : se présenter en alternative à « la vraie gauche et à la fausse droite ».
En clair, incarner une « vraie » droite qui ne trahirait pas ses valeurs. A Rotterdam, laboratoire du multiculturalisme, la défiance monte entre les communautés. A quelques jours des élections législatives aux Pays-Bas, les questions identitaires et la présence de l’islam dans le pays sont au cœur de la campagne.
Femmes voilées ou pas, hommes en costume et parfois en djellaba, la prière du soir est à peine achevée que la salle de conférence est déjà comble : ce vendredi, la mosquée Essalam de Rotterdam (Pays-Bas) organise un débat sur la place de l’islam dans la société néerlandaise, en présence des candidats locaux aux législatives du 15 mars. « Le socle idéologique du FN repose sur la purification du corps social de tout élément étranger » Pour Cécile Alduy, professeure à l’université Stanford, le cœur du projet de Marine Le Pen repose sur l’homogénéisation et la purification du corps social de tout élément « étranger ».
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Cécile Alduy (Professeure à l’université Stanford, Californie) Par Cécile Alduy, professeure à Stanford « Réunir les Français de droite et de gauche, de Mayotte à l’Ardèche, du berceau à la canne, de l’usine au bureau. » C’est par cette formule œcuménique que Marine Le Pen a présenté son programme de gouvernement, début février à Lyon. « De droite et de gauche », c’est effectivement l’impression que donne au premier abord le catalogue des 144 engagements publiés dans la foulée, tant il pioche ses propositions de part et d’autre des lignes de clivage traditionnelles. Corps politique organique Pour concocter ce pot-pourri, Marine Le Pen emprunte à ses adversaires leurs refrains et mots-clés.
Témoignages d’électeurs frontistes en « roman-photo » « L’Illusion nationale » est le fruit de deux ans d’enquête dans les communes administrées par le FN.
Un album tout en noir et blanc, photos et propos. LE MONDE DES LIVRES | • Mis à jour le | Par Frédéric Potet « L’Illusion nationale. Deux ans d’enquête dans les villes FN », de Valérie Igounet et Vincent Jarouseau, Les Arènes-XXI, 168 pages, 22,90 €. Des témoignages d’électeurs du Front national (FN), une parole décomplexée, sans tabou, jusqu’à la nausée parfois… Pendant deux ans, l’historienne Valérie Igounet et le photographe Vincent Jarousseau ont multiplié les séjours à Hayange (Moselle), Beaucaire (Gard) et Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), trois villes administrées par le parti frontiste depuis 2014. De leur immersion, ils ont ramené des centaines d’heures d’enregistrement et des milliers de photos. Le procédé n’est pas totalement nouveau. Alors auteur de bande dessinée, Jean Teulé avait fait de même dans Gens de France (Casterman, 1988) et Gens d’ailleurs (Casterman, 1990). « “L’identité nationale” est l’expression d’un pays en quête d’unité »
LE MONDE | • Mis à jour le | Par François Noudelmann (Philosophe, université Paris-VIII) Par François Noudelmann, membre de l’Institut universitaire de France L’identité nationale sera le thème majeur de la prochaine élection présidentielle, annoncent les commentateurs politiques.
D’aucuns y voient le piège tendu par des politiciens de droite, qui agitent le spectre du déclin et stigmatisent des populations mal assimilées à la nation. Le précédent président de la République, Nicolas Sarkozy, en quête d’un retour, connaît la recette d’une telle agitation idéologique, pour avoir instauré pendant trois ans un ministère de l’identité nationale. Cependant, plus qu’une stratégie politique, ce concept fonctionne comme un symptôme qui révèle non seulement un doute mais aussi un défaut identitaire.
L’identité nationale, un chantier toujours en construction. Beaucoup voudraient la figer, mais l’identité nationale n’est pas gravée dans le marbre : elle évolue constamment au fil des époques et des pouvoirs en place.