Le modèle Sciences Po dans la tourmente avec les polémiques sur la « culture du viol » et l’« islamophobie » Quelque chose serait-il cassé, dans le monde feutré des instituts d’études politiques (IEP) ?
Depuis la déflagration qui a touché début janvier le vaisseau amiral Sciences Po Paris, entraînant la démission à un mois d’intervalle des deux têtes dirigeantes de l’école – le directeur, Frédéric Mion, a menti en assurant ne pas connaître les accusations d’inceste visant le président, Olivier Duhamel –, pas une semaine ne s’écoule sans que « la maison », composée de dix établissements, fasse parler d’elle.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après l’onde de choc de l’affaire Duhamel, Sciences Po se prépare à un long processus de succession Dernier épisode en date, lundi 22 mars, le collectif féministe de Sciences Po Lyon Pamplemousse et le syndicat Solidaires-Etudiants ont demandé l’exclusion de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) d’un partenariat noué par leur école. Qui fera le bonheur des « exclus » du sexe ? Selon la biologiste allemande Meike Stoverock, 80 % des femmes sont sexuellement attirées par 20 % des hommes.
Vous étiez en train de passer un dimanche empli de joie et de sérénité ? Toutes mes condoléances. Car depuis la parution de son essai Female Choice aux éditions Tropen (février 2021, 352 pages, en allemand seulement), la chercheuse fait feu de tout bois : elle défend sa thèse dans les pages de la presse d’outre-Rhin (Die Zeit, Der Tagesspiegel, Der Standard, la radio Deutschlandfunk Kultur), répond aux questions des lecteurs sur son site, et commence à faire parler d’elle en anglais (For Better Science). 80 % d’hommes indésirables, donc. Un chiffre tout proche de celui avancé par le professeur Mark Regnerus, en 2017, dans son livre Cheap Sex (Oxford University Press) : 20 % des hommes de 25 à 50 ans suscitent l’intérêt de 70 % des femmes.
A l’université, une guerre de tranchées autour des questions de race, de genre ou d’écriture inclusive. « Je suis encore un peu sous le choc. » Nahema Hanafi, maîtresse de conférences en histoire moderne à l’université d’Angers, ne s’est toujours pas remise de la déferlante de haine qu’elle a reçue sur les réseaux sociaux, à la suite de la publication dans Le Point, début février, d’une tribune fustigeant violemment son ouvrage, L’Arnaque à la nigériane.
Spams, rapports postcoloniaux et banditisme social (Editions Anacharsis, 2020). Dans ce livre, la chercheuse analyse les discours des « brouteurs », ces cyberescrocs africains qui se font passer pour d’accortes jeunes femmes dans le but de soutirer de l’argent à des Occidentaux crédules. Ces truands, explique-t-elle au terme d’une étude de terrain, « ont un discours décolonial ; ils expliquent qu’ils “volent aux Blancs” pour réparer les dommages de la colonisation ». « Je regrette et je condamne évidemment cette situation. Les gamines à la dérive de Barbès. Prêtresses, vestales, druidesses : ces femmes qui murmuraient à l’oreille des dieux. Faut-il être un homme pour avoir l’oreille de(s) dieu(x) ?
Pour guider les fidèles sur les voies du sacré, quelles qu’elles soient ? Beaucoup l’ont pensé, et beaucoup le pensent encore. Certes, les lignes bougent depuis un petit siècle. Non, il n’est pas indispensable de manger de la viande pour être en bonne santé. Manger de la viande est-il nécessaire pour être en bonne santé, en particulier pour les enfants en pleine croissance ?
Cette question vient de resurgir à l’occasion de la polémique sur les menus sans viande dans les cantines de Lyon. Le député macroniste Jean-Baptiste Moreau, éleveur bovin de métier, en est convaincu : « Des nutriments essentiels pour la croissance des enfants sont présents dans la viande. » Un avis partagé par le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie : « Donnons-leur simplement ce dont ils ont besoin pour bien grandir.
La viande en fait partie. » Le consensus scientifique dit pourtant l’inverse depuis longtemps. « Proposer des repas sans viande le midi à un enfant ne pose aucun problème d’équilibre nutritionnel, car il consommera très certainement des produits animaux à d’autres moments », rassure Benjamin Allès, chercheur au sein de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle de l’université Paris-XIII.
#metoogay, son hashtag et ses témoignages, s’inscrivent dans un continuum de la libération de la parole. Il existe des déflagrations qui peuvent encore générer des secousses des années après.
Si le mouvement #metoo amorcé à l’automne 2017 est le point d’impact, les soubresauts ne cessent de se répéter et de s’accélérer depuis un an. Dernier hashtag en date, le #metoogay, déclenché jeudi 21 janvier par Guillaume T., qui a accusé deux responsables communistes parisiens d’avoir profité de sa vulnérabilité en 2018 et de l’avoir violé – ce que les deux hommes nient. Le jeune homme s’avoue « totalement dépassé » par la vague qu’il a lancée. « Je n’aurais jamais imaginé qu’il y aurait tant de témoignages », confie-t-il. Sciences Po, cœur du pouvoir d’Olivier Duhamel. Les accusations d’inceste de Camille Kouchner contre son beau-père Olivier Duhamel ont décapité d’un coup ce qui fait le cœur des élites françaises : Sciences Po et Le Siècle.
Autant dire l’école du pouvoir et le club de la nomenklatura. « Ma vie amoureuse est en pause depuis un an » : sous l’effet du Covid, une jeunesse en mal de rencontres. A l’annonce du deuxième confinement, Jeanne en a pleuré.
Son scénario catastrophe se poursuivait : des semaines encore de relations sociales au point mort, sans nouvelles rencontres, sans nouveau copain, sans vie sexuelle. « Je vais sur mes 28 ans et je suis très malheureuse d’être célibataire. Mais je suis coincée, tout est avorté », désespère Jeanne. Comme pour d’autres jeunes adultes, à ce moment de l’existence où l’on pose bien souvent les bases de sa vie sexuelle et amoureuse, la question n’a rien d’anecdotique. Lire aussi Avoir 20 ans au temps du coronavirus Près d’un jeune sur deux a vu sa vie sentimentale ou sexuelle affectée par les contraintes liées au Covid-19, selon le sondage adossé à l’enquête, mené auprès de 680 Français de 15 à 30 ans. Racisme, droits des minorités : la voix de plus en plus « politique » des sportifs français. « On a été actifs, on a montré qu’on est fatigués, on ne veut plus jamais subir ça. » Comme ses partenaires du Paris-Saint-Germain et leurs adversaires d’Istanbul Basaksehir, Kylian Mbappé n’a pas hésité à quitter la pelouse, mardi 8 décembre, pour dénoncer une parole raciste du quatrième arbitre de la rencontre de Ligue des champions de football.
Lire notre récit : « Venez, on sort » : les joueurs de PSG-Basaksehir quittent le terrain, dénonçant les propos racistes d’un arbitre. Le rire, formidable « pompe à endorphines » pour temps de crise. Rire au temps du Covid-19 ?
Rire pour conjurer l’angoisse ? « Il faut montrer qu’on est un “bon pauvre”, prouver qu’on n’a vraiment plus un sou » : à Lyon, la précarité étudiante renforcée par le Covid. « Un acte désespéré » : c’est par ces trois mots qu’Anas K., étudiant de 23 ans, qualifie son geste, un an après. Le 8 novembre 2019, après s’être aspergé d’essence, il tentait de s’immoler pour dénoncer la précarité de ses conditions de vie devant « un lieu politique », le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Lyon.
Un an plus tard, dans un message posté sur Facebook, il a donné de ses nouvelles. Sorti du coma après cinq mois, Anas est brûlé au troisième degré et subit encore de multiples opérations. A Normale-Sup, les concours sans oraux ont fait bondir la part de femmes admises. La crise sanitaire liée au coronavirus a chamboulé les procédures d’admission dans les grandes écoles. Prostitution, port du voile, GPA… Ces sujets qui divisent les mouvements féministes. De plus en plus de personnes l’affirment. Vous-même, vous avez peut-être déjà prononcé cette phrase : « Je suis féministe. » Mais, concrètement, que met-on derrière ces trois mots ? On peut tenter de définir le féminisme comme un mouvement de lutte pour les droits des femmes.
Il s’agit de promouvoir et d’atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines : politique, économique, culturel, social, juridique, familial, etc. Reste à savoir ce qu’on entend par « égalité ». Dans les faits, le principe peut se heurter à des interprétations différentes – voire totalement opposées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Féminisme : « Nous voulons toutes l’égalité, mais ne sommes pas d’accord sur la manière d’y parvenir » Après #metoo, débats sur les nouvelles radicalités féministes. En 1964, Serge Gainsbourg chante « ce mortel ennui qui me vient quand je suis avec toi ». Le dernier message de Gisèle Halimi aux femmes : « Organisez-vous, mobilisez-vous, soyez solidaires » [La célèbre avocate Gisèle Halimi, morte le 28 juillet à l’âge de 93 ans, s’apprêtait à publier un livre sur sa vie, écrit en collaboration avec Annick Cojean, journaliste au Monde. Cet ouvrage, intitulé Une farouche liberté (Grasset, 160 pages, 14,90 euros), sera en librairie le 19 août.
« Les nominations de Darmanin et Dupond-Moretti discréditent les ambitions françaises de promotion des droits des femmes » Tribune. Nous, militantes, intellectuelles, femmes politiques féministes, issues de plus de trente-cinq pays du monde, avons appris avec sidération, le 6 juillet, les nominations au poste de ministre de l’intérieur de la France de M. La très grande souffrance de la psychiatrie française. La catastrophe annoncée n’a pas eu lieu.
Alors que les plus pessimistes, aux premiers jours du confinement instauré pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, prévoyaient une prise en charge ingérable des malades psychiatriques, la mobilisation des professionnels a permis de limiter les dégâts. Le couple à l’épreuve du télétravail : « Il empiète sans arrêt sur mon espace » Marcel Gauchet : la crise du coronavirus montre que « nous ne jouons plus dans la cour des grands » Historien et philosophe, Marcel Gauchet est directeur d’études émérite à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess) et rédacteur en chef de la revue Le Débat (Gallimard). Le malentendu Joël Dicker. Dans la fiction postapocalyptique, le « monde d’après » n’est presque jamais solidaire, pacifique et collectif. Césars : «Désormais on se lève et on se barre», par Virginie Despentes.
TRIBUNE. De « Harry Potter » à « Voyage au bout de la nuit », les 101 romans préférés des lecteurs du « Monde » Les femmes libérées de Naomi Alderman. Le duel entre Netflix et Disney s’invite à la cérémonie des Oscars. L’écrivain Pierre Lemaitre : « J’aime aborder l’Histoire de biais pour donner de l’air aux personnages » Portrait de la jeune-fille en feu de Celine Sciamma - la critique.