À propos de Le plus de regard d'Antonio Quinet L’ouvrage d’Antonio Quinet Le plus de regard. Destins de la pulsion scopique [1][1] A. Quinet, Le plus de regard. Destins de la pulsion... a le mérite de développer la question du regard dans des champs multiples, que ce soit la philosophie, l’art ou la psychanalyse. La philosophie est la première approche de l’auteur, qui nous démontre comment le regard y est présent comme métaphore du savoir. C’est également Descartes qui est étudié dans cet ouvrage, ainsi que son cogito de la vision corrélé au discours de la science, où la pensée acquiert une vue, qui pourrait s’énoncer ainsi : « Je pense donc je vois », complété par : « Je vois donc je suis. » Si le visible de l’image peut tromper, l’invisible de la raison est certitude. Antonio Quinet cerne bien ce que Lacan a pu extraire de la phénoménologie et notamment de Merleau-Ponty, qui inclut le sujet dans le phénomène, sujet divisé et déterminé par les signifiants. Si l’hystérique s’identifie au spectacle, l’obsessionnel donne à voir.
Le trou du regard Le trou du regard Antonio Quinet 1. Savoir du regard Dans l'Antiquité, l'épisthémè de la similitude donnée par l'optique permet l'identification du regard avec la lumière: flux visuel et flux lumineux, couleur, reflet, ruissellement, brillance, éclat participent au regard. Cette conclusion n'est pas complètement nouvelle. La nouveauté de notre travail consiste justement à tirer les conséquences du concept du regard comme objet a et à expliciter les phénomènes repérés par nombre d'auteurs, à travers la structure du champ scopique, que nous avons déployée tout au long de notre parcours. Soit dans la philosophie, soit dans l'optique, soit dans les mythes grecs, nous trouvons à partir d'une lecture d'après-coup - avec les lunettes du psychanalyste averti par l'enseignement de Lacan -, ici et là, épars, les caractères du regard qui seront déployés par la psychanalyse comme objet plus-de-jouir. Notre regard dans cette lecture n'était pas neutre. 2. Le manque dans l'Autre est la fenêtre du réel.
L'image comme processus, le visuel comme fantasme Notes Psychiatre, Psychanalyste. Reconnaissons ici notre dette envers deux auteurs : Henri Wallon et André Leroi-Gourhan, le premier pour la distinction qu’il a posé entre la pensée sensori-motrice et la pensée verbale discursive ; et le second pour la place qu’il a faite aux formes fonctionnelles et figuratives de la symbolisation. Les formes de symbolisation correspondent à trois formes de mémoire dont les neurophysiologistes et les biologistes étudient aujourd’hui les supports et les circuits spécifiques. Wallon H., De l’acte à la pensée, Paris, Champs Flammarion, 1970. Abraham N. et Torok, L’Ecorce et le noyau, Paris, Flammarion, 1978. Anzieu D. Ce rôle dévolu aux images a été particulièrement bien rempli par le cinéma, et il l’est encore là où les impératifs financiers de la production mondiale n’écrasent pas sa spécificité. Sur les fondements métapsychologiques de cette caractéristique, on peut consulter Psychanalyse de l’image, op. cit.
Éditorial Voir, pour un bébé, pourrait s’imaginer comme un état intermittent de contact avec un champ lumineux, au sein duquel se distinguent des zones et des formes d’intensités diverses, qui de temps à autres se mettent en mouvement. De cet ensemble vague émerge soudain le regard de la mère, choc de la rencontre œil à œil constitutive du narcissisme primaire, qui s’installe dans la fusion de cette double animation réciproque. Dans le registre du visuel, une des premières émergences du sens du soi différencié se situe peut-être dans la coïncidence de la sensation de mobilisation des globes oculaires, ou de clignement des paupières, avec des modifications, ou des interruptions, dans le contact avec ce champ lumineux. Cette illusion est en effet au fondement de l’humain, tant au niveau de la possibilité de s’identifier, et d’identifier l’autre, comme individu, que d’aimer, et probablement de supporter le lien social.
De l’image au réel dans la pensée de l’enfant Henri WALLON, « De l’image au réel, dans la pensée de l’enfant », Revue Philosophique de la France et de l’Étranger, 55e année, CIX, janvier-juin 1930, pp. 446-458. De l’image au réel, dans la pensée de l’enfant Henri Wallon Je voudrais brièvement esquisser l’évolution vraiment complexe, par laquelle l’enfant, et d’une façon plus générale l’esprit humain, arrivent à passer des images, qui constituent notre expérience immédiate et concrète des choses, à une représentation du réel, non pas nécessairement à une représentation scientifique, mais à la représentation la plus commune et la plus courante, à celle de tout le monde. Malgré ce qu’il a pu révéler de neuf sur la vie et l’activité de la pensée, cette conception est encore celle de Freud. Le sensualisme s’accorde, sans le savoir, des distinctions qui ne sont pas primitives, mais acquises. Ces états primitifs et bruts de la sensibilité trouvent une expression très exacte dans les théories de la forme ou de la Gestalt.
PSYCHOLOGIE. Pourquoi le capitalisme avancé nous rend si malheureux Nos pays sont de plus en plus riches - mais nous-mêmes sommes de plus en plus déprimés. Ce paradoxe, explique un psychologue, tient au fait que le capitalisme crée chez les individus un déficit de la sérotonine cérébrale, une molécule associée à l’humeur et aux émotions. Sommes-nous moins heureux qu’hier ? Les étudiants qui réussissent produisent davantage de sérotomine Des études sur le singe vert (ou vervet) montrent que la production de sérotonine réagit très fortement aux changements de statut dans les espèces très hiérarchisées - comme l’homme. Suralimentés, nous finissons par haïr notre silhouette alourdie La perfection physique sert au capitalisme avancé, mais l’utilisation qui en est faite est néfaste pour notre équilibre mental. * Psychologue clinicien, auteur de Britain on the Couch (La Grande-Bretagne sur le divan). Oliver James*
«Le capitalisme entraîne une crise de l’attention» En cette époque de surcharge informationnelle et de distraction généralisée, l’attention est devenue un bien rare, le «temps de cerveau disponible» que cherche à capturer le capitalisme consumériste. En dédiant non pas un mais deux livres à l’épuisement de nos ressources attentionnelles, Yves Citton est conscient de la contradiction. «Il aurait fallu écrire un tweet […] mais pas un livre», plaisante le professeur de littérature à l’université de Grenoble et codirecteur de la revue Multitudes qui plaide pour une «écologie de l’attention». Le développement des technologies numériques a vu émerger une nouvelle économie basée sur l’attention. De quoi s’agit-il ? La prétendue «nouvelle» économie, dont la rareté principale serait l’attention, ne remplace pas «l’ancienne», dont la rareté concerne les facteurs de production (matière première, énergie, etc.). En revanche, il est certain que la valeur de l’attention au sein des circuits économiques augmente. Les deux me semblent intimement liées.
Wilhelm Reich : une politique du plaisir Wilhelm Reich propose une réflexion politique sur le plaisir sexuel. La révolution sociale doit permettre un épanouissement humain et sensuel. Face au désert existentiel de la modernité marchande, la révolution sexuelle demeure un projet politique qui peut ébranler les bases de l’ordre social. Dans le sillage de cet esprit 68, Jean-Michel Palmier écrit en 1969 un livre intitulé Wilhelm Reich. La pensée de Wilhelm Reich insiste sur l’épanouissement sexuel et sur l’aspiration au bonheur. Un psychanalyste original Wilhelm Reich incarne l’opposition à l’idéologie bourgeoise et capitaliste. Né en 1897 dans une famille très pauvre, il poursuit des études de médecine. Wilhelm Reich comprend la dimension subversive de cette réflexion. Wilhelm Reich apparaît comme un disciple de Freud. Mais Jean-Michel Palmier propose un regard critique sur les premières réflexions de Wilhelm Reich. Une critique de la répression sexuelle et du capitalisme Wilhelm Reich s’intéresse aux problèmes sociaux.
L'ambition scientifique de la psychanalyse Plaidoyer pour l’ambition scientifique de la psychanalyse Yvon Quiniou La psychanalyse, après une assez longue période de rayonnement au milieu du 20ème siècle, tant d’un point de vue théorico-pratique que d’un point de vue philosophique, est mise à mal depuis une vingtaine d’années : on lui reproche ses insuccès thérapeutiques (dimension pratique), que l’on attribue alors à son approche des maladies mentales dont Freud, prétend-on, aurait surestimé l’origine proprement psychologique (dimension théorique). La généalogie scientifique de la psychanalyse à partir de la médecine Il faut partir d’une idée simple, à savoir que Freud a d’abord été médecin, donc un spécialiste, si l’on veut, à travers la biologie, des sciences de la nature, imprégné du modèle scientifique qu’elles représentent. Une théorie en évolution Ce qui précède nous explique aussi l’évolution de la théorie psychanalytique, le devenir, qui n’est pas contradictoire, de ses concepts[12]. Un mode de pensée scientifique Conclusion
CHRONIQUE Pulsion et désir… Dans le grand bazar des fêtes de fin d’année, la pulsion d’achat triomphe. Tout est fait pour cela : la publicité, sur laquelle les agences travaillent depuis un an, nous vante les produits, les objets, les cadeaux qu’il faut absolument acheter. Pour en comprendre le mécanisme, regardons de près les ouvrages de marketing : les annonces, y lit-on, doivent déclencher, chez le consommateur une « envie irrésistible de possession » ; il s’agit de produire, « par des répétitions et des variations ajustées et programmées », le sentiment que « l’achat est inéluctable, sous peine de culpabilité, voire d’une stigmatisation des pairs ». Traduisons : si vous n’achetez pas ce qui vous est prescrit, vous ne vous en remettrez pas, vous vous sentirez exclu… pire encore : votre entourage vous considérera comme un « traître », quelqu’un qui, non seulement « n’est pas dans le coup », mais qui n’est pas vraiment digne d’appartenir au groupe. On se moquera de vous. Philippe Meirieu