Marie-Aleth Grard : "Il faut éviter que les inégalités scolaires se creusent avec le confinement" Marie-Aleth Grard est vice-présidente d' ATD Quart Monde France et représentante du mouvement au Conseil économique, social et environnemental (CESE) où elle a rendu en 2015 un rapport sur "Une école de la réussite pour tous" (1).
Elle vient par ailleurs de rejoindre le Conseil scientifique qui conseille l'exécutif sur la crise du coronavirus. Elle s'inquiète ici des conditions de scolarité à domicile des enfants en situation de pauvreté et des inégalités que la crise sanitaire et le confinement risquent encore de creuser. La "continuité pédagogique" promise par le ministre est-elle réalisable pour les enfants en situation de pauvreté ? Une chose nous remonte avec insistance des parents Quart Monde (issus de la grande pauvreté) : ils ont peur de mal faire avec leur enfant, de se tromper.
En réalité, comment est-ce possible d'imaginer une "continuité pédagogique " alors que parents et enseignants n'ont jamais parlé de pédagogie ensemble ou alors très peu ? Comment le coronavirus a réveillé l’intelligence collective mondiale. Partout dans le monde, épidémiologistes, praticiens, ingénieurs (et tant d’autres) exploitent sans relâche le flot de données sur l’épidémie pour modéliser sa progression, prédire l’impact des interventions possibles ou développer des solutions aux pénuries de matériel médical.
Ils génèrent des modèles et des codes ouverts et réutilisés par d’autres laboratoires. Le monde de la recherche et de l’innovation semble s’être pris d’une frénésie de collaboration et de production de connaissances ouvertes tout aussi contagieuse que le coronavirus. Serait-ce donc ça, la fameuse « intelligence collective » censée résoudre nos problèmes planétaires majeurs ? La science, un réseau bâti sur les épaules des géants En 1675, Newton écrivait déjà : « Si j’ai vu plus loin, c’est en me tenant sur les épaules des géants. »
Les enseignants sont essentiels dans cette crise du coronavirus. L’a-t-on oublié ? L’enseignement contribue à assurer les apprentissages essentiels.
La fermeture des écoles depuis le début de la crise de la Covid-19 prive les enfants et les jeunes de possibilités de développement et de perfectionnement. Les impacts de cette décision risquent d’être majeurs, et ce, particulièrement pour les élèves vulnérables, notamment les élèves défavorisés, qui ont généralement accès à un nombre plus restreint de possibilités éducatives hors du cadre scolaire. Les élèves avec des difficultés d’apprentissage peuvent être aussi particulièrement touchés lors d’une interruption prolongée de l’école. Sans compter que la charge liée au rattrapage après une période d’inactivité prolongée peut précipiter le décrochage scolaire pour certains. Notre groupe de chercheurs mène ses travaux à la Chaire UNESCO de développement curriculaire (CUDC). Les parents ont besoin d’aide Alors que les écoles sont fermées, on demande aux parents d’enseigner et de faciliter l’apprentissage à la maison. Le CDI à la maison pour les vacances de Pâques 2020.
Philippe Meirieu : « L’école d’après »… avec la pédagogie d’avant ? S’il restait encore le moindre doute sur le caractère ridicule des prophéties sentencieuses sur notre avenir, la crise que nous traversons l’aurait levé.
L’école s’invite à la télé. Leçons de Français pour les CP et CE1 à 9h, maths pour les CM1 ET CM2 à 10h, ou encore histoire-géographie, sciences et anglais pour les collégiens dans l’après-midi.
Depuis le 23 mars, du lundi au vendredi, des enseignants se succèdent au tableau sur la chaîne France 4 pour proposer aux élèves privés de leurs cours classiques exercices et révisions de notions fondamentales des programmes scolaires. Ces « cours Lumni » s’inscrivent dans le dispositif « Nation apprenante » lancé par le ministère de l’Éducation nationale, pour contribuer à la « continuité pédagogique » en temps d’épidémie. Une situation inédite qui suppose un dispositif exceptionnel ? En réalité, il existe des précédents à cette rencontre de la télévision et de l’école. Dans les années 1960 et 1970, la Radio-Télévision Scolaire (RTS), pensée et dirigée par Henri Dieuzeide, produisait jusqu’à une vingtaine d’heures d’émissions pour un public scolaire, investissant aussi la formation pour adultes. Nouveau contrat éducatif. Débat : Pour faire face aux crises, développons des « communautés apprenantes »
En chinois, le mot « crise » est composé de deux caractères.
Le premier signifie « danger » et le second, « opportunité ». La pandémie de Covid-19 induit une crise systémique, à la fois sanitaire, économique, sociale et politique. Les transformations profondes et brutales de nos vies quotidiennes imposent notamment de repenser nos modes de coopération et d’apprentissage.
Nous sommes tous contraints de nous adapter dans l’urgence, nous appuyant sur nos ordinateurs et smartphones pour nous informer, partager, transmettre, apprendre, coopérer, travailler, décider, prendre soin – en d’autres termes, pour faire société dans des conditions exceptionnelles. Sommes-nous égaux face aux écrans en période de confinement ? Faut-il rester joignable à tout moment ou débrancher de temps à autre son smartphones ?
À partir de quel âge autoriser ses enfants à s’inscrire sur des réseaux sociaux ? Combien de temps les laisser surfer sur Internet ? Dans un monde numérique, ces questions se multiplient : les individus doivent constamment se positionner, faire des choix, se poser des limites quant à leurs communication et leur consommation d’informations en ligne. En temps « normal », les parents et leurs enfants éprouvent déjà des difficultés à gérer ces usages, et l’on observe beaucoup de disparités entre les familles, du sentiment de maîtrise à la perte de contrôle totale.