Caractériser les pratiques informationnelles des jeunes - N. Boubée. Pour en finir avec le mythe du "digital native". Si vous avez moins de 30 ans, vous utilisez probablement pléthores d'appareils électroniques, vous savez identifier un mail frauduleux en quelques secondes à peine, et vous nettoyez les malwares de l'ordi de vos parents à chaque période de vacances. Du point de vue d'un vieux croulant, vous êtes une sorte de sorcier des nouvelles technologies, qui manoeuvre intuitivement dans les interfaces complexes et comprend l'âme des smartphones en les effleurant du bout des doigts. Ainsi, on a longtemps taxé de "digital natives" les membres de la génération qui a grandi avec Internet et les ordinateurs, comme si elle avait une capacité spécifique à maitriser les objets techniques qui l'entourent - que n'aurait pas la génération précédente.
Il s'agit pourtant là d'un mythe qui n'a aucun support scientifique, comme le montre une nouvelle méta-étude publiée en juin dans la revue Teaching and Teacher Education. Chez une population plus jeune (18-19 ans), le constat n'est pas plus brillant. Université : et si les étudiants voulaient juste des bibliothèques traditionnelles ? La Webster University, un établissement basé au Missouri, aux Etats-Unis, mais implanté dans de multiples campus à travers le monde, a questionné ses étudiants en 2016 afin d'en savoir plus sur leur façon d'utiliser les bibliothèques universitaires et leurs priorités quant aux services attendus.
Elle révèle notamment que 18 % seulement des étudiants consultaient "fréquemment" ou "très fréquemment" des livres numériques. 42 % ne les utilisaient jamais. Le prêt de livres papier, toujours prioritaire La Duke University, basée en Caroline du Nord, a tiré des conclusions similaires la même année. Pour ses élèves, le prêt de livres papier constituait alors l'un des services auquel ils tenaient le plus, loin devant la mise à disposition d'une messagerie instantanée ou l'aide à la visualisation de données, jugées bien moins prioritaires. The myths of the digital native and the multitasker. Lire sur papier, lire sur écran : en quoi est-ce différent ? Les écrans de téléphones mobiles, de tablettes et d’ordinateurs envahissent notre quotidien, et voilà dictionnaires, fiches de cours ou même classiques de la littérature à portée de clic.
Faut-il inciter les élèves à profiter à 100% de ces facilités d'accès inédites au savoir, et renvoyer le papier au passé ? Rien n'est moins sûr si l'on se penche sur les derniers résultats de la recherche. Depuis le début de ce siècle, plusieurs dizaines d’études ont été menées pour évaluer les effets du support de lecture sur les performances de compréhension de textes qui pouvaient être soit documentaires - manuels scolaires, ouvrages universitaires - soit narratifs - fictions, romans… Habitudes de lecture Pour expliquer cette plus grande facilité de compréhension sur un support papier, le premier facteur que l'on pourrait invoquer serait celui de l'expérience. Prise de notes : faut-il privilégier le stylo ou le clavier ? Cette chronique est dans la droite ligne et se nourrit des recherches et rencontres publiées sur mon site Les cahiers de l’imaginaire.
Lorsqu’il s’agit de lire ou de prendre des notes, papier et écran ne logent pas à la même enseigne. Lorsque nous lisons, si la longueur du texte ne dépasse pas une page ou, en d’autres termes, si le texte n’a pas besoin d’être déroulé à l’écran, il n’y a aucune différence de compréhension entre les deux supports. Toutefois lorsque le texte dépasse les 500 mots, le recours aux outils de navigation entame la qualité de la compréhension.
Certaines études précisent toutefois que le papier et l’écran sont sur un pied d’égalité lorsqu’il s’agit d’évaluer la compréhension générale d’un texte, quelle que soit sa longueur, si on n’exige pas du lecteur de fournir un compte rendu détaillé ou nuancé. Cela est particulièrement vrai pour les adolescents confrontés à des textes longs et complexes. Conceptualisation Qu’en est-il de la prise de notes ? Lecture : les étudiants continuent à privilégier le papier. Assister aux cours et relire régulièrement ses notes, c’est essentiel pour réussir à l’université.
Mais il est un travail que les étudiants ne doivent pas négliger : la consultation des références bibliographiques recommandées par les enseignants. Internet facilite grandement l’accès à ces références. De là à consulter directement ouvrages et articles scientifiques sur écran, il n’y a qu’un pas. S’il a été démontré que la lecture sur papier s’accompagne d’une meilleure compréhension et d’une meilleure mémorisation des informations contenues dans ces textes documentaires, il reste à savoir quelles sont les préférences personnelles en termes de supports de lecture d’une génération plongée dans le tourbillon des technologies. Des écrans trop distrayants Si smartphones et tablettes font partie du quotidien des jeunes, deux études récentes montrent clairement que les jeunes continuent à donner la priorité au papier lorsqu’il s’agit de lire des textes. « Etre un “digital native” ne rend pas meilleur pour prendre des notes »