Ce qui est modifié là, c'est notre rapport au temps et non pas le temps même, qui continue à passer, comme d'habitude, complètement indifférent à notre emploi du temps.
Par contre, la vie n'est plus cadencée comme d'habitude. On perd la notion même de temps, alors même qu'on a du temps. On ne sait plus si on est lundi, mercredi, le week-end ou non. Notre perception du temps est en général rythmée par des rendez-vous, par des figures imposées, par des ancrages temporels qui nous fournissent des repères par rapport auxquels on peut constamment se réajuster. Là, il y a une forme de liberté à laquelle on n'est pas habitué, qui dissout presque la métrique des durées, de sorte qu'on est un peu perdu. C'est un barycentre existentiel qui est déplacé dans l'espace, on ne sait plus très bien quel est notre centre de masse.
» Etienne Klein. Coronavirus, une conversation mondiale : à quel point le Covid nous désoriente-t-il ? Puisqu’il nous faut désormais « vivre avec le virus », le Temps du Débat reprend la conversation mondiale ouverte à la veille du confinement.
Chaque vendredi, sur le site et à l’antenne, est engagé un dialogue entre des artistes, intellectuels, de France et d’ailleurs, pour nous aider à comprendre ce qui nous arrive. Depuis le mois de mars, nous nous sommes toutes et tous posé la question de savoir ce qui nous arrivait : brusquement nos projets à un mois, puis nos projets à six mois ont disparu les uns après les autres. Celles et ceux qui devaient partir en vacances au loin ont dû revoir leurs plans de vol.
«La recherche scientifique est bousculée par les exigences d’immédiateté» Rennes: avec son "bureau des temps", la ville se cherche un nouveau rythme pour vivre avec le covid-19. Travailler à 15 minutes de chez soi, ne pas tous arriver ou partir du bureau à la même heure...
A l'ère du déconfinement et des contraintes de distanciation, la politique "temporelle" des villes, souvent méconnue, revient sur le devant de la scène. Rennes est l'une des pionnières en la matière. Lissage des heures de pointe pour éviter l'afflux dans les transports, télétravail, pistes cyclables temporaires, plages horaires pour l'activité physique, la crise du Covid-19 a remis l'approche temporelle au coeur des politiques publiques pour pouvoir habiter les villes "à distance".
Métropoles et villes post-covid19. La pandémie a bouleversé nos modes de vie particulièrement via le confinement et la mise sur arrêt des villes.
Alors que l'urbanisation est galopante à travers le monde, la crise sanitaire a fait émerger un besoin de local et un regard différent sur les grandes villes, denses. Nous en parlons avec Michel Lussault géographe, professeur d’études urbaines à l’Ecole normale supérieure de Lyon (université de Lyon) et directeur de l’Ecole urbaine de Lyon. Il propose des « Chroniques Géo-virales » sur la chaine Youtube de L’Ecole urbaine de Lyon et auteur de « Hyper lieux, les nouvelles géographie de la mondialisation » (Ed. du Seuil).
L'épidémie révèle les failles et les vulnérabilités des mégalopoles et des grandes villes. D'autre part, ce qu'appelle Michel Lussault les hyper-lieux, se sont vidés pendant le confinement, offrant un autre visage de l'entité urbaine. Pour aller plus loin : Vivre avec le virus : ralentir ou accélérer ? L'expérience de la COVID-19 serait-elle aussi temporelle ?
Alors que le confinement a mis en pause beaucoup de nos activités, la reprise progressive semble marquée par l'urgence de rattraper le temps perdu. Entre le temps à soi et le cours du monde dans la crise, comment retrouver son rythme ? Pendant deux mois, ce qui paraissait impossible est soudain advenu: tandis que certains partaient au travail avec angoisse et dans un contexte extrêmement tendu, beaucoup ont vu leur rythme de travail ralentir. Le philosophe Hartmut Rosa, qui avait analysé l’accélération dans lesquelles nos sociétés étaient empêtrées, a même salué la capacité que les hommes ont eu à arrêter le monde pour sauver des vies. Les mesures sanitaires que nous connaissons depuis le déconfinement nous font accepter aujourd’hui de faire la queue pour rentrer dans des magasins, de prendre rendez-vous pour se faire coiffer là où le sans rendez-vous était devenu la règle. Temps et modes de vie - Le jour où la terre s’arrêta !
Lors des traditionnels voeux de début d'année, qui aurait pu prévoir l’arrêt du monde ?
Qui aurait pu prévoir que le TGVMonde lancé à 5000km/h voir plus, subirait un "arrêt sur image" aussi soudain? Nous qui travaillons sur les politiques temporelles avons l'habitude d'aborder le thème de l'accélération, de l'hyper-mobilité, de tous les phénomènes multi-temporels et leurs conséquences, mais cet arrêt brutal nous percute de plein fouet, remet en cause certaines de nos certitudes, et requestionne nos modes de vies temporels. Nous vous proposons de retrouver dans cette page quelques thématiques fortes glanées au fil de nos lectures d'actualité. Après avoir traité lors de l'épisode1 du télétravail en temps de crise, l'épisode2 zoome sur le retour à la lenteur, à la slow life imposée. épisode 2 " une slow life imposée" Les approches temporelles au coeur de la stratégie de déconfinement. Le saviez vous ?
Les approches temporelles ont vingt ans d’âge et pourtant elles n’ont jamais été autant d’actualité ! Avec la crise sanitaire, les “questions de temps ” ont été mises en avant dès la mise en place du confinement mi-mars : temps et lieux du travail, temps de déplacement, temps des loisirs, temps des sociabilité, etc… tout a été revisité, de même que le temps accéléré qui fut notre, pour un temps lent imposé. L’idée du déconfinement arrivant, l’actualité est riche sur cette remise en cause de nos temps quotidiens.
En particulier sur la question de la mobilité. Plus question d’évoquer les heures de pointe bondées dans les transports collectifs. Présidente de Tempo, et adjointe à la petite enfance à Rennes Metropole, ou cet article du Monde sur le même thème. Les entretiens confinés, avec Etienne Klein : "Relativiser notre propre relativisme" Camille Crosnier s'entretient à distance avec des personnalités scientifiques pour nourrir notre réflexion et construire le fameux "monde d'après".
Le confinement change-t-il notre rapport au temps ? Les conseils d’Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences. « Le confinement change des choses dans notre rapport au temps, et j’ai l’impression que beaucoup de vies, en ce moment, sont en train de "ralentir" », estime Étienne Klein, physicien, philosophe des sciences et auteur de Ce qui est sans être tout à fait. « L’expérience du confinement montre que c’est d’abord un problème d’espace »
"Le foyer domestique ne peut pas être un monde" Face à la pandémie de coronavirus, Le Temps du Débat avait prévu une série d’émissions spéciales « Coronavirus : une conversation mondiale » pour réfléchir aux enjeux de cette épidémie, en convoquant les savoirs et les créations des intellectuels, artistes et écrivains du monde entier.
Cette série a dû prendre fin malheureusement après le premier épisode : « Qu'est-ce-que nous fait l'enfermement ? ». Nous avons donc décidé de continuer cette conversation mondiale en ligne en vous proposant chaque jour sur le site de France Culture le regard inédit d’un intellectuel étranger sur la crise que nous traversons. Depuis le 24 avril, Le temps du débat est de retour à l'antenne, mais la conversation se poursuit, aussi, ici. Aujourd'hui, la sociologue Eva Illouz, directrice d’études à l’EHESS et professeure à l’Université hébraïque de Jérusalem nous explique pourquoi il est selon elle si difficile de se passer du monde. Rapport au temps. Approches temporelles. Coronavirus et travail. Activité physique à domicile. Gouvernance émotionnelle.