L'art de l'autonomie subordonnée ou la nouvelle liberté pédagogique. "C'est au mois de mars qu'on va pouvoir préciser certaines choses [...]
On prépare le budget 2022 dans une perspective ambitieuse pour continuer la revalorisation. Il est important d'avoir une augmentation des salaires mais aussi une augmentation qualitative. " Jean-Michel Blanquer sur France Inter, le 2 mars C'est donc dans les prochaines semaines que le ministre va dévoiler ses intentions. Le problème est que celles-ci risquent d'être floues, drapées comme habituellement dans du velours bienveillant. Nous disposons d'ores et déjà de plusieurs documents sur lesquels compte s'appuyer M Blanquer pour justifier ses propositions. "Professeurs, nous sommes en train de devenir ces ouvriers d'usine qui vivent au rythme de leur machine"
Les critiques contre notre système d'enseignement ne manquent pas.
Il fut considéré comme une machine de propagande destinée à formater les esprits, laquelle réussit effectivement à susciter l'enthousiasme des malheureux hachés menu à Verdun. Il fut dénoncé comme une institution destinée à faire accepter les inégalités de salaires tout autant que la hiérarchisation entre fonctions "manuelles" et "intellectuelles" par la légitimation des diplômes, des jugements certificatifs ou la logique dite de l'ascenseur social puisque le "haut" diplôme était une marque d'intelligence et de dignité et que la "promotion" permise par les études indiquait que, nécessairement honteux de ses origines, un fil d'ouvrier pouvait donc devait devenir par ses mérites scolaires un avocat ou un ingénieur.
Les objectifs du système éducatif "Toutes ces critiques sont, d'une manière ou d'une autre, d'un point de vue ou d'un autre, légitimes" Or, cette absence de consensus est en train de disparaître. Quantifier. Philippe Champy : « Les beaux discours de Blanquer sur la confiance ne réussiront pas à masquer cette guerre contre les professeurs qui ne dit pas son nom » Passionnant et déterminant pour comprendre Blanquer et l’Éducation nationale : tel est l’essai de Philippe Champy Vers une nouvelle guerre scolaire : quand les technocrates et les neuroscientifiques mettent la main sur l’Éducation nationale qui vient de paraître à La Découverte.
Ingénieur à l’Institut national de recherche pédagogique puis éditeur et enfin directeur des éditions Retz, Philippe Champy, en fin connaisseur du système scolaire, dévoile la nature profonde du grand reformatage de l’école par Blanquer. Partant d’une réflexion sur le manuel scolaire, il démontre combien pour Blanquer la liberté pédagogique est synonyme d’anarchie, combien les neurosciences lui servent d’outil managérial et comment aussi, via l’incroyable entrisme du groupe d’assurance Axa que connaît fort bien Blanquer, se met en place une privatisation déguisée de l’Éducation nationale. Ces enjeux peuvent être de nature très variée. Qui tue l'Education Nationale? Selon notre 1er ministre Jean Castex, « L’éducation nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire ».
En tant que professeur, je ne peux interpréter cette phrase qu’avec ironie et ce « nous allons continuer de le faire » tient mal le rôle de réconfortante promesse et sonne plutôt comme une menace terrorisante pour tout enseignant. Le drame terrible que nous avons connu avec l’assassinat de Samuel Paty ne doit pas faire passer les fossoyeurs de l’Education Nationale pour des sauveurs. Les enseignants ne laisseront pas passer la récupération politique. Retour sur plus de 3 ans de politique LREM, le gouvernement le plus agressif de ces dernières années à l’égard de l’Education Nationale, des professeurs et des élèves.
La politique de ce gouvernement a largement contribué au mal-être enseignant. Le ministère lance les évaluations d'établissements. Créé par la loi Blanquer en lieu et place du Cnesco, le Conseil d'évaluation de l'école (CEE) a présenté le 6 octobre la plateforme qui permettra aux établissements secondaires de réaliser l'auto-évaluation, prélude à l'évaluation externe de l'établissement.
Le dispositif sera étendu aux écoles primaires dès la prochaine année scolaire. Pour le CEE, l'évaluation interne et externe va permettre de faire réussir les élèves. La direction des collèges et lycées s’ouvre aux personnes venues du privé. Fini le temps où, pour diriger un collège ou un lycée, il fallait seulement venir de l’éducation nationale ou, a minima, être fonctionnaire de catégorie A.
Dorénavant, toute personne issue du privé, du secteur associatif ou simplement élue pourra tenter sa chance. Seule condition, justifier d’une activité professionnelle d’au moins huit ans. Passé inaperçu dans la torpeur estivale, un décret daté du 11 août prévoit, entre autres mesures, la création d’une troisième voie au concours de recrutement des personnels de direction.
L’objectif est double : faire face à la baisse du nombre de candidats et ouvrir la profession à des personnes « au profil managérial et moins exclusivement pédagogique », précise le ministère. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les directeurs d’école, des « chefs d’orchestre » qui croient encore à leur mission De gestionnaire, le proviseur est en effet devenu, au fil des vingt dernières années, un manageur.