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Pluralité croyances et cultures dans notre République

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La rénovation de l’islam de France avance dans la douleur. Lancée après les attentats de janvier 2015, la réforme des institutions du culte musulman se heurte aux dissensions entre fédérations. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Cécile Chambraud Ce mardi soir 28 février, les représentants des principaux cultes convergent vers l’hôtel Matignon pour assister à la remise, par le premier ministre Bernard Cazeneuve , des insignes de chevalier de la Légion d’honneur à Anouar Kbibech, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

C’est l’occasion, pour le chef du gouvernement, de faire le point sur l’avancement des différents chantiers concernant l’islam, ouverts lorsqu’il était ministre de l’intérieur. « L’organisation du culte musulman, comme vous le savez bien, n’est jamais un long fleuve tranquille », sourit le récipiendaire quelques instants plus tard. Pesanteurs Après ce traumatisme collectif et la brutale prise de conscience que c’était aussi et d’abord sur le sol national qu’il fallait contrer le djihadisme, M. La majorité des lycéens est « imperméable » à la radicalité. Des chercheurs ont enquêté auprès de 7 000 élèves de seconde pour cerner les facteurs d’adhésion à l’« absolutisme » politique ou religieux. Les musulmans interrogés sont plus nombreux à y adhérer que l’ensemble des sondés.

Difficile de dévoiler une enquête sur la radicalité religieuse et politique de la jeunesse, à un mois – presque jour pour jour – du premier tour de la présidentielle, sans craindre une récupération politique. En rendant publics, lundi 20 mars, les premiers résultats de leurs travaux, menés auprès de 7 000 lycéens de seconde dans quatre académies (Lille, Créteil, Dijon et Aix-Marseille), les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland n’ignorent pas qu’ils ouvrent une boîte de Pandore. Alors que la laïcité est de tous les débats politiques, alors que les blocus de lycéens couvent encore, avancer une mesure du degré d’adhésion des « 14-16 ans » aux idées radicales ne saurait se limiter à un relevé statistique.

Ecarts entre les confessions. En Autriche, Gertrude, survivante de la Shoah, met en garde contre l’extrême droite. La vidéo de l’octogénaire appelant à barrer la route au candidat du FPÖ, Norbert Hofer, à la présidentielle du 4 décembre, a déjà été vue près de 3 millions de fois. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Blaise Gauquelin (Vienne, correspondant) La vidéo d’une survivante de la Shoah appelant à ne pas voter pour l’extrême droite (FPÖ, Parti autrichien de la liberté) lors de la présidentielle du 4 décembre a été visionnée plus de 2,8 millions de fois sur Facebook. Alexander Van der Bellen, le candidat indépendant soutenu par les Verts, l’a postée sur sa page, jeudi 24 novembre. On y voit Gertrude, 89 ans, mettre les pieds dans le plat avec des mots choisis. Et détruire courageusement, dans la dernière ligne droite de la campagne, toute une stratégie de dédiabolisation savamment orchestrée par le FPÖ depuis 2013 pour conquérir le pouvoir. « C’est cette haine qu’on essaie de faire sortir de nouveau » Une branche locale du FPÖ a qualifié sa vidéo de « propagande à bon prix venant de la gauche ».

La Grande Mosquée de Paris, une histoire française. Les 5 ans de « M le mag ». En s’intéressant à ce haut lieu de l’islam en France, Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin racontent en creux un échec. Celui de l’Etat français, qui rêvait de faire de cette institution l’unique représentante d’une religion de plus en plus protéiforme.

En mai, « M » en livrait un autre visage en donnant la parole à de jeunes femmes françaises portant le hijab. Des limousines aux vitres fumées, des chauffeurs qui s’empressent, des portières qui claquent. La semaine dernière encore, Azali Assoumani, le nouveau président des Comores, a souhaité, juste après sa visite à l’Élysée, rencontrer le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Tous les ministres de l’intérieur ont défilé devant les caméras, lors des cérémonies de rupture du jeûne à mi-ramadan. Le 9 avril 2002, quinze jours avant le premier tour qui allait lui opposer Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle, c’est là, au milieu des...

L’accès à la totalité de l’article est protégé Déjà abonné ? L’identité nationale, un chantier toujours en construction. Beaucoup voudraient la figer, mais l’identité nationale n’est pas gravée dans le marbre : elle évolue constamment au fil des époques et des pouvoirs en place. En mathématiques, on la dit « remarquable » lorsqu’elle sert à accélérer les calculs et simplifier certaines écritures. « Remarquable », dans cette acception-là, l’identité l’est sans conteste dans le débat politique français où, accolée au qualificatif « national », elle remplit peu ou prou les mêmes fonctions.

Nicolas Sarkozy, à qui l’on doit d’avoir largement contribué à banaliser les idées d’extrême droite dans le but d’attirer ses électeurs – tel est en l’espèce le « calcul » accéléré –, a imposé et popularisé cette thématique depuis une dizaine d’années. Candidat à l’élection présidentielle, M. Sarkozy avait juré, en 2007, qu’il œuvrerait à la « préservation » de l’identité nationale. Alors la France s’interrogea, et elle n’en finit pas de s’interroger.

Chaque... Mgr Pontier : « Notre société est devenue pluriculturelle » LE MONDE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Cécile Chambraud Président de la Conférence des évêques de France (CEF) depuis 2013 et jusqu’en 2019, Georges Pontier, archevêque de Marseille, s’exprime dans Le Monde alors que la CEF publie un important document intitulé « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique ». Mgr Pontier appelle à ne pas « instrumentaliser », contre les musulmans, les attentats, à faire davantage pour accueillir les réfugiés et à prendre en compte la pluralité de la société. Deux mois et demi après l’assassinat du Père Hamel, quelles ont été les répercussions de cette tragédie pour les catholiques et pour l’Eglise ? Après cet assassinat, il y a eu un choc profond. Il y a eu le sentiment que quelque chose qui ne doit pas se faire a été fait – assassiner un prêtre âgé lors d’une messe dans une petite église.

Ça a réveillé des sentiments, très minoritaires, de peur et de condamnation de l’islam. Lettre ouverte au monde musulman - Kindle. « “L’identité nationale” est l’expression d’un pays en quête d’unité » LE MONDE | • Mis à jour le | Par François Noudelmann (Philosophe, université Paris-VIII) Par François Noudelmann, membre de l’Institut universitaire de France L’identité nationale sera le thème majeur de la prochaine élection présidentielle, annoncent les commentateurs politiques.

D’aucuns y voient le piège tendu par des politiciens de droite, qui agitent le spectre du déclin et stigmatisent des populations mal assimilées à la nation. Le précédent président de la République, Nicolas Sarkozy, en quête d’un retour, connaît la recette d’une telle agitation idéologique, pour avoir instauré pendant trois ans un ministère de l’identité nationale. Cependant, plus qu’une stratégie politique, ce concept fonctionne comme un symptôme qui révèle non seulement un doute mais aussi un défaut identitaire.

En effet, plus un sujet, individuel ou collectif, éprouve le besoin d’affirmer une thèse ou une image de lui-même, plus il en manifeste, paradoxalement le manque de réalité. « Ni islam honteux ni islam arrogant » LE MONDE | • Mis à jour le | Par Mustapha Benchenane (docteur d'Etat en science politique, conférencier au collège de défense de l'OTAN) Par Mustapha Benchenane, politologue, docteur d’Etat en science politique, conférencier au collège de défense de l’OTAN Les attentats commis en France contribuent de façon substantielle à l’aggravation de la perception négative qu’ont de l’islam de plus en plus de Français.

L’un des effets de cette approche tantôt légitime tantôt instrumentalisée se manifeste par des confusions à propos de concepts et de principes fondamentaux tels que la « radicalisation » ou la « laïcité ». Une clarification devient donc urgente sur au moins trois registres : la question de la liberté des salariés à exprimer dans l’entreprise privée leurs appartenances religieuses et politiques ; les restrictions légales de la liberté religieuse ; le fondement légitime de ces limitations, la laïcité étant utilisée souvent sans discernement. Les musulmans de France, une population jeune et diverse. Durant près de neuf mois, l’IFOP a questionné la population musulmane pour l’Institut Montaigne. Elle est estimée entre 3 millions et 4 millions de personnes. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Cécile Chambraud L’Institut Montaigne (un think tank créé en 2000) publie une enquête pionnière au fort potentiel polémique sur les musulmans de France intitulée : « Un islam français est possible », et dont rend compte Le Journal du dimanche, le 18 septembre.

Ce document, rédigé par Hakim El-Karoui, conseiller en stratégie et ancien collaborateur de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, s’appuie sur un gros sondage effectué par l’IFOP auprès de 1 029 personnes de confession (874) ou de culture (155, ayant un parent au moins musulman mais ne se disant pas musulman) musulmane, elles-mêmes extraites d’un échantillon de 15 459 personnes âgées de 15 ans et plus représentatif de la population française. Marqueurs de l’identité L’autre marqueur est le voile. Trois groupes identifiés. A Mantes-la-Jolie, des milliers de « musulmans ordinaires » défilent « contre la barbarie »

« Téléramadan », la revue qui veut « Grand Remplacer » les idées nauséabondes. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Elvire Camus « Nous sommes le Grand Remplacement. » La première phrase de l’éditorial donne le ton. Avec Téléramadan, la revue qu’ils lancent lundi 6 juin, premier jour du mois du ramadan, les auteurs Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah, ainsi que le journaliste Mouloud Achour, ne demandent pas la permission. Ils la prennent. Ces trois-là se connaissent depuis cinq ans. . « Les gens sont effrayés à l’idée de parler d’islam autrement que sous le prisme de la laïcité, de la République. . « Nous sommes le présent » Editorial du premier numéro de « Téléramadan » En s’appuyant sur le mécénat et leurs économies, ils fondent leur propre maison d’édition baptisée, en toute provocation : « Les éditions du Grand Remplacement ».

Lire le portrait : Mehdi et Badrou, denses avec les mots Au plus près des gens Téléramadan est la contraction de Télérama et ramadan. Communauté intellectuelle « Le ramadan est quelque chose qui existe en chacun de nous. Ils sont partout, vous ne les voyez pas, ils vous parlent : les athées. Fin d'un cours sur les crises religieuses du XVIe siècle "Mais Madame, ça existe vraiment des gens qui ne sont pas croyants ? - Oui, il y en a beaucoup même. -Mais ils ne pensent à rien ?

A la création du monde, à après la mort ? - Si, ils y pensent aussi, sans aucun doute [le professeur joue avec le feu laïque, il ne doit pas avouer, sous peine de grave manquement à son agir en bon fonctionnaire de l'Etat, qu'il est athée comme pas deux] . - Mais ils... -Bon, le mieux c'est que tu en discutes avec ceux que tu connais. -Mais j'en connais pas. - Je suis convaincue que certains de tes camarades sont athées. La moitié des mains de la classe (enfin, le quart dans la mesure où les élèves ne lèvent qu'une main), de toute évidence celles des élèves athées, se lève pour proposer à leur camarade de discuter de tout ça avec lui.

Face au nombre de mains levées, je vois un sincère effroi dans les yeux des plus croyants qui ont, eux aussi, exprimé leur perplexité face à l'athéisme. La scène est joyeuse. En Inde, les athées croient à la petite souris. M le magazine du Monde | • Mis à jour le | Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance) Face à la montée des radicalismes religieux, un groupe d’athées indiens a créé un culte parodique dont la divinité est Dinkan, un célèbre rongeur de BD doté de super-pouvoirs. Pourquoi les athées indiens devraient-ils se priver de religion ? Plusieurs centaines de fidèles se sont réunis, le 20 mars, dans une salle de sport de Kozhikode, une ville du Kerala, dans le sud de l’Inde, pour le premier conclave d’une religion parodique, conçue comme un outil dans la lutte contre la superstition et la montée en puissance des religions. Il faut dire que, depuis l’arrivée au pouvoir des nationalistes du BJP (Bharatiya Janata Party) en mai 2014, les tensions religieuses se sont beaucoup accrues.

D’autant que la frange conservatrice du parti nationaliste hindou au pouvoir, le Bharatiya janata Party (BJP), ne cesse de souligner le caractère exclusivement hindouiste du pays.

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