Liberté et emprise sectaire. « 70 % des détenus radicalisés que nous avons traités se sont distanciés du djihadisme » Directeur d’un programme pilote de déradicalisation de djihadistes détenus en France, Jean-Luc Marret, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) pointe du doigt les retards français en matière de standards de sécurité carcérale.
LE MONDE | | Propos recueillis par Gaïdz Minassian (propos recueillis par) Maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), Jean-Luc Marret a dirigé, en 2016, un programme pilote de prévention de la récidive djihadiste en milieu carcéral dans deux maisons d’arrêt de la région parisienne. Les détenus sélectionnés étaient le plus souvent condamnés ou en détention provisoire pour des affaires de terrorisme liées à la Syrie. La direction de l’administration pénitentiaire a financé ce programme avec l’objectif d’avoir, à terme, un impact mesurable sur les personnes détenues, un outil d’évaluation robuste et des éléments reproductibles pour des programmes à venir.
La majorité des lycéens est « imperméable » à la radicalité. Des chercheurs ont enquêté auprès de 7 000 élèves de seconde pour cerner les facteurs d’adhésion à l’« absolutisme » politique ou religieux.
Les musulmans interrogés sont plus nombreux à y adhérer que l’ensemble des sondés. Difficile de dévoiler une enquête sur la radicalité religieuse et politique de la jeunesse, à un mois – presque jour pour jour – du premier tour de la présidentielle, sans craindre une récupération politique. En rendant publics, lundi 20 mars, les premiers résultats de leurs travaux, menés auprès de 7 000 lycéens de seconde dans quatre académies (Lille, Créteil, Dijon et Aix-Marseille), les sociologues Anne Muxel et Olivier Galland n’ignorent pas qu’ils ouvrent une boîte de Pandore. Alors que la laïcité est de tous les débats politiques, alors que les blocus de lycéens couvent encore, avancer une mesure du degré d’adhésion des « 14-16 ans » aux idées radicales ne saurait se limiter à un relevé statistique. Ecarts entre les confessions. La carte de France de la radicalisation. Créé par décret en mars 2015, le fichier de traitement des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste rassemble aujourd’hui près de 16 000 profils.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Soren Seelow Si la France cherche encore sa voie dans l’obscur maquis des techniques de « déradicalisation », son outil de détection des personnes radicalisées semble avoir atteint son rythme de croisière. Il s’articule autour du fichier de traitement des signalés pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), créé par décret en mars 2015. Bien plus que les fiches « S », à usage exclusivement policier, le FSPRT constitue aujourd’hui le véritable baromètre de la radicalisation en France. En mars 2015, un an après la mise en place du numéro vert, le FSPRT comptabilisait 3 200 fiches : il en compte aujourd’hui près de 16 000. Vents contraires pour Dounia Bouzar, « Mme Déradicalisation » Un an après sa rupture avec le ministère de l’intérieur, l’anthropologue est contestée de tous côtés pour ses méthodes.
Elle publie un ouvrage sur son travail. Rapport sur la déradicalisation : « il n’y aura pas de miracle » La prise en charge de la déradicalisation en France est un « échec », selon un bilan d’étape d’une mission d’information sénatoriale rendu public mercredi.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Cécile Bouanchaud C’est un rapport qui intervient alors que le constat est désormais entendu : la prise en charge de la déradicalisation en France est un « échec » et les pouvoirs publics doivent changer de « concept ». La sénatrice écologiste Esther Benbassa et sa collègue Les Républicains (LR), Catherine Troendlé ont remis, mercredi 22 février, leur rapport d’étape de leur mission d’information baptisée « Désendoctrinement, désembrigadement et réinsertion des djihadistes en France et en Europe ».
Le rapport final, dont les travaux ont débuté au printemps 2016, devrait être publié en juin. Lire aussi : Djihadisme : déradicaliser ou normaliser Un climat d’urgence « Le gouvernement était en panique à la suite des attentats. Déradicalisation : le centre de Pontourny vide et en sursis. Désormais vide de tout pensionnaire, l’avenir de l’établissement pilote, situé en Indre-et-Loire, semble compromis.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Elise Vincent Le premier centre de « déradicalisation » en France est désormais vide. Situé au lieu-dit de Pontourny, dans un village de 2 700 habitants d’Indre-et-Loire – Beaumont-en-Véron –, le centre de prévention, d’insertion et de citoyenneté, ouvert en septembre 2016, a vu partir son dernier pensionnaire en milieu de semaine après que ce dernier a été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour des faits de violences familiales. Critère rédhibitoire pour rester au centre, même si les faits étaient anciens. Mort implicite de cette expérience pilote portée contre vents et marées par Manuel Valls quand il était à Matignon ?
Interner tous les djihadistes présumés « fichés S », le retour d’une proposition inapplicable. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Adrien Sénécat Un couple de fonctionnaires du ministère de l’intérieur a été tué dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 juin à Magnanville (Yvelines).
Le meurtrier, Larossi Abballa, s’est réclamé de l’organisation Etat islamique (EI), qui a, en retour, revendiqué le double assassinat par son organe de communication. Le tueur a été abattu par le RAID, l’unité d’intervention de la police nationale, dans la nuit, alors qu’il était retranché au domicile de ses victimes, et après l’échec des négociations. Ecquevilly, histoire d’un salafisme français. Le Conseil d’Etat examine, lundi, le recours déposé par la mosquée salafiste des Yvelines contre sa fermeture, ordonnée par le ministère de l’intérieur.
Dans le viseur, un imam charismatique, Youssef B. Il s’explique au « Monde ». LE MONDE | • Mis à jour le | Par Elise Vincent A Ecquevilly, certains aiment à dire que leur ville est comme une « petite France ». Un concentré d’Hexagone qu’on aurait pu dessiner au crayon. La vie dans ce coin des Yvelines est celle de la grande banlieue, loin du bruit, le tout teinté d’imagerie romantique. Farhad Khosrokhavar ou l’intuition du djihad. Le sociologue franco-iranien, spécialiste des phénomènes de radicalisation, est un pionnier de l’étude des mécanismes socioreligieux à l’œuvre dans le terrorisme actuel.
LE MONDE IDEES | • Mis à jour le | Par Elise Vincent Il faut déjà réussir à prononcer son nom au téléphone. Lui écrire ensuite, sans se tromper sur l’emplacement des « h ». Puis espérer qu’il veuille bien vous recevoir. Farhad Khosrokhavar est un sociologue rare : il rejette autant la lumière que sa spécialité l’attire. Il a publié un des premiers ouvrages sur la radicalisation et le djihadisme homegrown (local) quinze jours avant l’attaque contre Charlie Hebdo, en janvier 2015 L’homme est toutefois bien plus qu’un récalcitrant cathodique. Molenbeek, labo du « post-djihadisme » Dans leur ouvrage, « Molenbeek-sur-Djihad », les journalistes belges Jean-Pierre Martin et Christophe Lamfalussy analysent en profondeur le processus qui a transformé cette petite ville en creuset du radicalisme islamiste.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant) Le tableau qu’ils dépeignent est, écrivent-ils, « effrayant ». Ils sont belges, immergés depuis une vingtaine d’années dans l’observation d’une ville-région devenue l’un des creusets du radicalisme islamiste, et ils analysent en profondeur ce qui s’est déroulé à Molenbeek, quatorze mois après les attentats de novembre 2015 à Paris et dix mois après ceux qui ont frappé l’aéroport de Zaventem et le métro Maelbeek. Djihad en Syrie : un des pensionnaires du premier centre de déradicalisation interpellé. Embarrassé, le ministère de l’intérieur a refusé de commenter l’arrestation du jeune homme, auteur de deux tentatives de départs en Syrie. LE MONDE | • Mis à jour le | Par Soren Seelow Le premier centre de « déradicalisation » de France, qui a ouvert en septembre 2016 dans le lieu-dit de Pontourny, en Indre-et-Loire, vient de connaître sa première déconvenue. Un de ses pensionnaires, Mustafa S., 24 ans, a été interpellé, mardi 17 janvier à Wissembourg (Bas-Rhin), où il profitait, selon les informations du Monde, d’une permission de sortie.