Coronavirus 2020. Philippe Meirieu : « L’école d’après »… avec la pédagogie d’avant ? S’il restait encore le moindre doute sur le caractère ridicule des prophéties sentencieuses sur notre avenir, la crise que nous traversons l’aurait levé.
Certes, tout le monde est d’accord sur le fait qu’« il y aura un avant et un après », mais nul ne sait de quoi cet « après » sera fait. Les analyses se multiplient pour souligner le caractère inédit du moment que nous traversons, montrer qu’il remet en cause toutes nos habitudes et requiert une véritable refondation de nos systèmes de pensée et de décision. « Irremplaçables durant le confinement, les enseignants vont-ils être incités à inventer l’école post-pandémie ? »
Tribune.
La pandémie de Covid-19 a mis en avant de façon spectaculaire l’ensemble des personnels de santé, tout comme nombre de métiers jusqu’alors fortement dévalorisés : agents d’entretien, caissières, manutentionnaires, livreurs, postiers, routiers… Leur utilité sociale a été subitement rendue visible et comme « redorée ». Dans le même élan, les services publics, si souvent décriés, ont été reconnus comme irremplaçables au fonctionnement du pays. Les hôpitaux publics ont montré qu’ils savaient faire face à un afflux massif et sans précédent de malades graves dans des conditions d’impréparation ou de pénurie jusqu’alors insoupçonnées.
La ? continuité pédagogique ?? à quelles conditions ? En ce contexte d'épidémie et de confinement dont la durée est inconnue, le GFEN s'est organisé, a fermé son siège à Ivry, l'équipe nationale s'est mise en télétravail et aux réunions à distance pour poursuivre ses activités.
Cependant, les différents ateliers, rencontres, formations prévus ces mois de mars et avril dans les régions sont annulés ou reportés. Au fur et à mesure de l'évolution de la situation, nous publions des éléments sur le site. Continuez donc à nous lire ! En particulier, nous nous questionnons sur la « continuité pédagogique », mise en avant par le ministre et qui percute les valeurs que nous défendons d'égalité d'accès au savoir pour toutes et tous.
Ce qui est aujourd'hui demandé aux enseignant.e.s par leurs hiérarchies renforce les inégalités sociales et est complètement déconnecté des réalités du terrain, notamment pour celles et ceux d'entre nous qui travaillent auprès des plus précaires. Nous publions régulièrement de nouveaux liens sur le sujet. L'Ecole d'après : Quatre questions à Benjamin Moignard. Fondateur de l’Observatoire Universitaire International Éducation et Prévention (OUIEP) qui réunit des chercheurs et chercheuses qui travaillent sur les violences à l'école, le cyberharcèlement, le décrochage scolaire, le complotisme, Benjamin Moiganrd connait bien les nouvelles problématiques scolaires.
Il analyse pour le Café pédagogique les effets de la crise sanitaire sur l’école. La crise augmente-elle le risque de décrochages ? Je pense qu’effectivement la crise ne va pas aider les élèves qui étaient déjà loin de l'école. On sait bien que les apprentissages via le numérique servent d’abord les élèves qui sont plutôt à l'aise avec la culture scolaire. Après le virus, l’école sera-t-elle comme avant ? Après le cauchemar de la pandémie, nous essaierons de retrouver le temps « d’avant », nos certitudes, nos routines et nos querelles.
Ce retour sera cependant difficile, car nous devrons partager notre appauvrissement bien plus que nos richesses. Mais on peut aussi penser à un scénario plus optimiste : le Covid-19 nous a rappelé les vertus de la solidarité, il nous a appris la sobriété et il nous a invité à vivre autrement... À l’école, le confinement a réalisé ce qu’aucun ministre et aucune réforme n’auraient pu accomplir. Confinés chez eux et, dans une large mesure, livrés à eux-mêmes, les enseignants se sont mobilisés pour ne pas « perdre » leurs élèves. La plupart d’entre eux ont envoyé des cours des leçons et des exercices, ils ont répondu aux messages de leurs élèves, ils leur ont téléphone, ils ont parlé avec les parents… Ils ont aidé leurs élèves à mieux supporter la solitude.
La valeur de « l’école à l’école » Faudra-t-il pour autant revenir à l’école d’avant ? « Ecole à la maison » : les conseils de spécialistes et d’adeptes de l’enseignement à domicile. La continuité pédagogique, vraiment ? Edit 31/03/20 : Comme cela n’était peut-être pas indiqué de façon suffisamment explicite dans ce billet, je précise que la petite enquête sur laquelle il repose, les analyses des résultats qui en sont faites et les conclusions qui en sont tirées n’engagent que moi, et ne reflètent pas nécessairement les opinions et positions sur ces questions de l’ensemble de mes collègues du département de sociologie de l’Université Grenoble Alpes.
Dès avant la fermeture des établissements le 16 mars dernier, les enseignant.es ont reçu des consignes pour leur demander d’assurer ce qu’on a appelé la “continuité pédagogique” : il fallait aussi rapidement que possible imaginer et mettre en oeuvre des solutions pour continuer d’assurer les cours magistraux et les travaux dirigés, les séminaires et les stages. Face à cette injonction pressante, des solutions ont été très vite expérimentées, dès le début de la semaine dernière. De ce point de vue, la conclusion est malheureusement sans ambiguïté. Tableau 1.