Jérémie Brémaud : Rapper avec Rimbaud en 2nde ? La culture orale peut-elle revitaliser la culture écrite ?
La culture « illégitime » peut-elle favoriser l’appropriation de la culture « légitime » ? Un projet de Jérémie Brenaud, mené au lycée Livet à Nantes, interroge en ce sens la culture scolaire, ses fondements et ses usages. Ses élèves de 2nde ont été amenés à adapter en rap la poésie d’Arthur Rimbaud, à mettre en voix leurs recréations, à les enregistrer pour diffusion partagée. Sacrilège rimbaldien ? Développement de compétences orales de l’intérieur même du champ littéraire ?
Adapter Rimbaud en rap, voilà une idée qui paraitra étonnante à certains : comment et pourquoi cette idée vous est-elle venue ? Comment ce projet s’est-il mis en place ? Ce projet est d’abord parti d’une rencontre, celle de Mélaine Heydon, AED dans le lycée. Pratique réflexive : Vers des journaux de lecteurs numériques ? Des enseignant.es de l’académie de Strasbourg expérimentent l’appropriation numérique des œuvres et partagent leurs intéressantes expériences et réflexions sur un site collectif : « Journaux de lecteurs numériques ».
Par exemple, Sébastien Lutz raconte la mise en œuvre sur Moodle d’un carnet de lecteur collectif préparant l’étude du « Rouge et du Noir » : chaque élève prend en charge 2 chapitres. Bilan positif : les élèves ont « enrichi leur vocabulaire, constitué un fichier de citations, interprété pour partie le roman et surtout disposent d’une banque de données collective qui pourra être exploitée par la suite ».
Philippe Maurel : L'écriture visuelle d’appropriation. Professeur de français à Montreuil au lycée d’arts appliqués Eugénie Cotton, Philippe Maurel a invité ses élèves à réaliser des affiches pour la pièce de Musset « On ne badine pas avec l’amour ».
La mission était d’éclairer le propos de l’œuvre par un travail visuel. Dans cette écriture d’appropriation plastique, les créations soulignent les oppositions entre les personnages, mettent en évidence des éléments significatifs de la pièce, cherchent à « symboliser les dangers ou les fragilités du sentiment amoureux »… Explications de Philippe Maurel sur les enjeux et les productions des élèves … « Alors, en plus de transmettre à mes élèves des connaissances et des outils littéraires, je cherche d’abord à leur permettre une lecture sensible des œuvres que nous étudions.
Passer par des réalisations plastiques peut-être une manière d’y parvenir. Avant les vacances de Noël, on s’est lancé dans une lecture intégrale d’« On ne badine pas avec l’amour ». Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut. Présentation - Cannibale Magazine. Voici les différentes rubriques proposées...
Éclairages sur le projet de l’auteur ou du magazine Ex : Pourquoi j’ai écrit 2 essais sur les peuples du Nouveau-Monde - Pourquoi j’ai écrit le roman Cannibale - Pourquoi ces Essais de Montaigne et ce roman de D. Daenincks sont-ils toujours actuels ? Chronique judiciaire Ex : Procès imaginaire d’un conquistador – Le procès du roi du Pérou (137) - Compte rendu du procès de Gocéné (l’ambiance, les faits, les enjeux, les principaux arguments échangés, les péripéties, le verdict) – interview de l’avocat de Gocéné – de l’avocat de Francis Caroz Éclairages sur un événement Ex : « Le roi du Pérou fait prisonnier ! Récit circonstancié d’un événement particulier Ex : « 2 kanaks attaquent l’armée du salut ! Récit sensationnaliste avec photos volées.
Caroline Allingri : Vers une édition subjective des œuvres littéraires. La question de l’appropriation des œuvres littéraires est un défi majeur des nouveaux programmes de français : comment amener les élèves à s’engager dans la lecture ?
Comment rendre cette lecture authentique et féconde ? Au lycée Charlie Chaplin à Décines (69), Caroline Allingri a testé d’intéressantes pistes de travail : la classe se fait d’abord cercle oral de lecture pour « désacraliser l’acte de commentaire », puis les élèves écrivent des annotations personnelles qui permettent de varier les postures de lecteurs, elles viennent nourrir une édition collective des textes patrimoniaux ainsi abordés. Vous avez commencé le projet en mettant en plaçant un « cercle de lecture » : en quoi a consisté le travail mené ?
Quels vous semblent les intérêts de ce dispositif ? La première séance visait avant tout à mettre les élèves en confiance en instaurant une forme d'horizontalité, peu présente dans le contexte scolaire habituellement. Marie, Marie-Lyse et Manon : Au bonheur de l’écriture d’appropriation. Au collège et au lycée, l’écriture d’appropriation serait-elle l’horizon pédagogique de l’enseignement du français ?
Susceptible de faire respirer les élèves dans les étouffants nouveaux programmes ? De les aider à développer des compétences de lecture et d’écriture dans la proximité des œuvres littéraires ? De susciter l’imagination des enseignant.es pour stimuler et accompagner au mieux les lectures ? En voici un exemple proposé par Marie Pigache à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Marie-Lyse Martin à Tourlaville et Manon Bozec à Fougères. En 4ème et en 2nde, elles ont, entre autres activités, amené leurs élèves à faire s’exprimer sur Edmodo les personnages du roman de Zola « Au bonheur des Dames » . « Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme.