Rêver sous le Troisième Reich - Ép. 2/4 - Histoire des rêves. Interruption. Vrai, pas vrai. - le magazineJeu de Paume / le magazine. Yorgos Zois, Interruption, 110min, couleur, VO français / anglais, 2015 © Yorgos Zois / Homemade Films Cher lecteur, chère lectrice, Au moment où vous recevrez cette carte, le déconfinement aura commencé, comme si nos vies n’étaient qu’une vidéo en direct, interrompue momentanément à cause d’une mauvaise connexion : « L’émission a été interrompue.
Sanctuarisation des forêts : à la rencontre de leaders indigènes, gardiens de la nature. L’aventure humaine est à la croisée des chemins.
Le changement climatique menace, les forêts brûlent, la biodiversité mondiale s’effondre... Les États semblent impuissants depuis le Sommet de la Terre de Rio en 1992 à prendre les mesures qui s’imposent. La France des « îlots » de résistance intellectuelle, politique et spirituelle. Penser sa vie, mais aussi vivre sa pensée.
Investir collectivement des lieux afin de mener des vies accordées à ses idées. Réaliser en pratique ce que l’on défend en théorie. Partout en France s’inventent des formes de vie qui cherchent à échapper à l’individualisme, au consumérisme et à résister au fatalisme. De Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) au plateau de Millevaches, de la commune de Trémargat (Côtes-d’Armor) à la communauté de Longo Maï, des catholiques décroissants de La Bénisson-Dieu (Loire) aux « ingouvernables » de Tarnac (Corrèze) et d’Eymoutiers (Haute-Vienne), un archipel d’oasis dessine une France des contre-sociétés. « Avant, c’était dur mais “facile” : il fallait s’opposer à la bétonisation et à la destruction du bocage. Résister au désastre : avec Isabelle Stengers et les éditions Wildproject. Quelle place pour la littérature, et plus largement la culture, dans notre époque, au sens étymologique de ce mot, epokhê, point d’arrêt ?
Comment se situer, agir, partager et résister au désastre, sans tomber dans la caricature bourgeoise, atterrante et pour le moins indécente de certains de ces journaux d’écrivains planqués dans leurs résidences secondaires, observant le monde depuis leur fuite ? Des auteurs et éditeurs ont fait le choix de la résistance selon une « écologie du partage ». Les librairies sont fermées ? Ils mettent en ligne, en open access, une partie de leur catalogue, des titres qui résonnent comme des commentaires de nos présents. Ainsi un livre récent d’Isabelle Stengers (avec postface d’Émilie Hache) paru en novembre 2019 aux éditions Wildproject, dont le titre nous situe dans l’époque — Résister au désastre — au sein d’une collection qui sonne aussi comme un mot d’ordre : « Petite bibliothèque d’écologie populaire ». Isabelle Stengers, Résister au désastre. Jacques Rancière : « La ZAD n’est pas le paysage de notre temps, plutôt un paysage qui symbolise les luttes de notre temps »
Aussi remarquable que passionnant : tels sont les deux termes qui viennent immanquablement qualifier le nouvel essai de Jacques Rancière, Le Temps du paysage qui vient de paraître à La Fabrique.
A la croisée des 18e et 19e siècles, Le Temps du paysage identifie et cristallise ce moment dans l’histoire au cœur duquel le paysage ne renvoie plus à une simple question d’aménagement mais vient profondément affecter les sens et les critères de la beauté et de l’art. Ce moment de bascule dans la conception de la nature ne manque pas de faire plus largement écho à notre temps en nous posant la question de l’écologie. Autant de raisons pour Diacritik de rencontrer le philosophe et de l’interroger le temps d’un grand entretien sur son essai, sur sa méthode sans oublier l’écologie, la ZAD et le bac blanquer. Ma première question voudrait porter sur les origines de votre stimulant nouvel essai, Le Temps du paysage. Pour moi cette démonstration n’était pas à faire. Contre-histoire, oui. Dans "Photo" Le soulèvement du Commun. De nos jours, la démocratie semble moins exprimer le mouvement de libération d'un peuple qu'accompagner la soumission générale des formes de vie à l'impératif mondialisé d'une économie de marché.
La démocratie est-elle armée pour affronter le péril écologique ? La démocratie doit-elle muter dans ses institutions ?
Si les défis de l'anthropocène suggèrent la nécessité d'un renouvellement intellectuel, moral et institutionnel, ces questions ne sont toutefois pas toujours si inédites qu'on l'imagine. La crise écologique impose de repenser nos catégories politiques et notre conception même de la démocratie. La démocratie, dans ses modalités actuelles, est-elle armée pour affronter le péril écologique ? Dès le XIXe siècle, les enjeux de très long terme ont été affrontés par les théoriciens de la démocratie. Nous avons peut-être là un bagage théorique qu'il est possible de transformer sans faire un saut périlleux, et sans tomber dans les périls, agités par les adversaires d'une "démocratie écologique", d'une dictature des savants ou d'une expertocratie court-circuitant la souveraineté populaire.