L’insoutenable légèreté du capitalisme vis-à-vis de notre santé, par Eva Illouz. En regardant le film hypnotique de Lars von Trier « Melancholia », le spectateur comprend peu à peu, dans un mélange de terreur et d’impuissance, que le monde est sur le point de disparaître, condamné à entrer en collision avec la planète « Melancholia ».
A la fin du film, ce spectateur, à la fois fasciné et paralysé, voit cette planète finir sa course pour s’écraser sur la Terre. D’abord apparue sous la forme d’un point lointain dans le ciel, elle grossit jusqu’à finalement devenir un disque qui envahit tout l’écran, au moment du choc. Nous sommes tous plongés dans un événement mondial dont nous n’avons pas encore pleinement saisi l’ampleur. Dans ce moment inédit, j’ai tenté de trouver des analogies et je me suis souvenue de cette scène finale du film de Lars von Trier. Une nouvelle réalité Du transport aérien aux musées, c’est le cœur battant de notre civilisation qui a été arrêté. Rupture du contrat de l’Etat « Retombées zoonotiques » L’économie ou la vie ? « Les économistes ont souvent une conception étroite du bien-être, fondée sur la consommation matérielle » Bonnes feuilles.
Nous vivons une époque de polarisation croissante. De l’Inde à la Hongrie, des Philippines aux Etats-Unis, du Brésil au Royaume-Uni, de l’Italie à l’Indonésie, le débat public entre droite et gauche se réduit de plus en plus à des affrontements bruyants, où l’invective laisse peu de place à la nuance et à la réflexion. Aux Etats-Unis, où nous vivons et travaillons, le nombre d’électeurs qui votent pour un parti différent aux diverses élections est à son plus bas niveau historique. Parmi les Américains qui s’identifient à l’un des deux grands partis, 81 % ont une opinion négative du parti adverse ; 61 % des démocrates jugent les républicains racistes, sexistes et sectaires, et 54 % des républicains jugent les démocrates malveillants.
Un tiers des Américains seraient profondément déçus si un membre de leur famille proche épousait une personne de l’autre camp. Nous sommes des économistes, c’est-à-dire des chercheurs en sciences sociales. « Le capitalisme est encore jeune, mais pas éternel » Crises, inégalités, mondialisation, enjeux climatiques… Le capitalisme aiguise des contradictions qui le fragilisent, selon l’économiste Robert Boyer.
Qu’est-ce qui caractérise le capitalisme ? C’est un mode de production très original, car il fait l’Histoire : il est en permanence obligé d’innover pour accumuler, non seulement dans les sciences mais aussi dans les normes, les institutions, les valeurs. Et il est toujours en quête de nouveaux espaces, et pas seulement géographiques. Je suis fasciné par Facebook : une entreprise arrive à faire de l’argent grâce aux relations qu’entretiennent les individus entre eux ! « Le négationnisme économique » de Cahuc et Zylberberg : l'économie au premier ordre - OFCE le blog. Par Xavier Ragot Le livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg[1] est une injonction à tenir compte des vérités scientifiques de l’économie dans le débat public, face aux interventions cachant des intérêts privés ou idéologiques.
Le livre contient des développements intéressants, décrivant les résultats de travaux empiriques utilisant des expériences naturelles pour évaluer des politiques économiques dans le domaine éducatif, de la politique fiscale, de la réduction du temps de travail, etc. Cependant, le livre est caricatural et probablement contre-productif tant les affirmations sont à la frontière du raisonnable. Au-delà du débat sur les 35 heures ou sur le CICE, c’est le statut du savoir économique dans le débat public qui est en jeu. 1) L’économie est-elle devenue une science expérimentale comme la médecine et la biologie ? Le cœur du livre est l’affirmation que la science économique produit des savoirs de même niveau scientifique que la médecine, pour traiter les maux sociaux.
L’intérêt général, une affaire d’incitations. Recensé : Jean Tirole, Économie du bien commun, Paris, PUF, 2016, 629 p., 18 €.
Jean Tirole, récipiendaire en 2014 du prix de la Banque centrale de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, vient de faire paraître Économie du bien commun. Un ouvrage épais, mais écrit d’une manière simple dans le but de mettre à la portée du plus grand nombre de lecteurs la démarche et les principaux résultats qui lui valent d’être distingué de ce prestigieux prix. L’ouvrage est déjà un succès de librairie, avec plus de 70 000 exemplaires vendus, ce qui est exceptionnel pour un ouvrage de sciences sociales.
Dépouillé de toute technicité, l’ouvrage se lit agréablement et permet de suivre, d’une manière sûre et bien conduite, certains développements récents de la théorie économique, dont les principaux outils (théorie de l’information, théorie des jeux, incitations, etc.) sont présentés au fil de l’ouvrage. Deux notions clés : information et incitations Le faux dilemme entre laisser-faire et régulation.