« Le Covid-19 est-il mondial ou local ? La réponse au secteur agroalimentaire », par Maria Gemma Grillotti Di Giacomo. La pandémie engendrée par le virus connu sous le nom de Covid-19 nous a placés devant l’obligation de reconsidérer deux « réalités / vérités » sur lesquelles la géographie est appelée à se prononcer: la relation de chaque communauté humaine – qui travaille et produit – avec l’environnement naturel dont elle tire les ressources indispensables à sa vie et les relations spatiales / virtuelles entre les différentes communautés humaines qui peuplent la planète terre.
Dans les deux cas, comme nous le voyons bien, le secteur agroalimentaire est impliqué plus directement que les autres secteurs économiques. Nous sommes donc appelés, en tant que géographes, à interpréter les déséquilibres qui ont cassé cette relation en la rendant moins saine et fructueuse. Nous sommes aussi appelés à dessiner une nouvelle géographie de l’espace – ou plutôt des espaces – car la pandémie a élargi l’horizon des problèmes pour embrasser le monde entier. WordPress: « Le Covid-19 : quelques réflexions et leçons de géographie pour la Chine, l’Occident, et une mondialisation choisie », par Guillaume Giroir. En Occident, l’heure est au China Bashing.
La Chine est mise au banc des accusés. Ni procureur, ni avocat, mais géographe, essayons de prendre un peu de hauteur, d’avoir une approche globale, de chercher la vérité, d’approfondir la notion de puissance, de favoriser la compréhension mutuelle et d’envisager un monde meilleur. La Chine, cible de quatre chefs d’accusation majeurs Dans le discours politique et médiatique ambiant, les chefs d’accusation à l’encontre de la Chine sont multiples et de nature différente, mais peuvent être classés en quatre grands types, par ordre de gravité et de globalité croissants, et du domaine sanitaire à des domaines extra-sanitaires.
On reproche d’abord à la Chine d’être le lieu d’émergence de l’épidémie et de ne pas avoir interdit des wet markets d’animaux sauvages vivants, tradition à l’origine présumée de la pandémie et jugée indigne d’un grand pays moderne. D’autres accusations relèvent du domaine militaire. [Les géographes face au covid] Denise Pumain : « Le confinement a fait prendre conscience de l’importance de la dimension spatiale dans toutes nos interactions sociales » Crédits : Didier Goupy Figure incontournable de la géographie française contemporaine, Denise Pumain a accepté de nous livrer sa lecture de la crise sanitaire.
Entre mise en lumière de nos spatialités individuelles et collectives, transformations conjoncturelles et inertie structurelle, la lauréate du Prix Vautrin-Lud 2010 dresse une analyse tout en nuances de cette période agitée. En tant que géographe, quelles leçons tirez-vous de ces dernières semaines marquées par la crise sanitaire et par les mesures prises pour l’endiguer ? Comme je l’ai écrit le 15 avril dans mon éditorial pour Cybergeo, Revue européenne de géographie, l’une des vertus du confinement a été de faire prendre conscience de l’importance de la dimension spatiale dans toutes nos interactions sociales.
En imposant une certaine distance entre les personnes, en limitant drastiquement la portée des déplacements individuels, on réduit le nombre des contacts qui faciliteraient la propagation du virus. Paris, 2 juillet 2020. [Les géographes face au covid] Sylvie Brunel : « Le virus a réaffirmé le rôle essentiel de la puissance publique » Pour ce deuxième épisode de notre série « Les géographes face au covid », nous avons tendu notre micro à Sylvie Brunel, professeur à Sorbonne Université, ancienne présidente d’Action contre la Faim et auteur d’une quarantaine d’ouvrages (dont le dernier en date Pourquoi les paysans vont sauver le monde est paru en 2020 aux éditions Buchet-Chastel).
Des orientations prises à l’échelle mondiale aux menaces pesant sur l’organisation des sociétés locales, Sylvie Brunel nous livre une analyse passionnante et distanciée de la crise sanitaire et de ses conséquences géographiques. En tant que géographe, quelles leçons tirez-vous de ces dernières semaines marquées par la crise sanitaire et par les mesures prises pour l’endiguer ? La cécité des grandes puissances face à l’arrivée de ce nouveau coronavirus a eu quelque chose d’effarant. Les mesures de confinement précoces se sont révélé les plus efficaces pour sauver des vies, comme en Nouvelle-Zélande, au Danemark ou au Maroc. [Les géographes face au covid] Olivier Lazzarotti : « L’expérience du confinement a donné lieu à des habiters qui n’ont jamais été aussi locaux… et jamais aussi mondiaux »
La pandémie et les mesures prises pour l’endiguer ont profondément transformé nos géographies individuelles et collectives.
Repliés sur notre espace de vie immédiat mais en permanence connectés au monde, nous avons tous vécu une expérience géographique totale. La manière dont cette relation entre local et global construit nos êtres au monde, Olivier Lazzarotti y travaille depuis de nombreuses années. Pour ce troisième entretien de nos série « Les géographes face au covid », c’est ainsi une analyse en cours de construction que nous offre un géographe attaché à « produire les outils aidant chacun et chacune à mieux habiter le Monde » En tant que géographe, quelles leçons tirez-vous de ces dernières semaines marquées par la crise sanitaire et par les mesures prises pour l’endiguer ? Pour répondre à cette question, il me semble important de réfléchir à partir de l’horizon plus large des sciences sociales, qui englobe bien entendu celui du géographe que je suis.
Du coup, revenons à Maginot. [Les géographes face au covid] Paul Claval : « La crise sanitaire contraindra à repenser l’organisation de nombreux aspects de la vie sociale » © Claude Truong-Ngoc, 2015 Plusieurs semaines sont passées depuis le début du déconfinement.
La vie tend désormais à reprendre, bon an mal an, son cours habituel. Si l’arène médiatique a vu défilé, à juste titre, médecins, épidémiologistes, immunologues, la parole a été paradoxalement peu donnée aux géographes. Paradoxalement, car la crise que nous avons vécu est aussi profondément géographique.