Démocratie illibérale par Michaël Foessel. Schéma démocratie. Populisme : des démocrates contre des démocrates ? 1En 2018, le médiateur du Monde s’interrogeait sur le « bon usage » du vocable populiste/populisme dans les colonnes du quotidien.
Sa contribution à la rubrique « Idées » mettait l’accent sur l’extrême variabilité des définitions du terme, en insistant toutefois sur son histoire, voire sa « généalogie », et en reprenant le témoignage de correspondants du journal. Nous en serions ainsi au « troisième âge du populisme », le premier étant celui de la Russie du xixe siècle et de ses intellectuels de classe moyenne opposés au tsarisme (narodniki) et le second, considéré comme plus abouti, incarné plus particulièrement par le péronisme (la « raison politique » d’Ernesto Laclau) et contribuant à subsumer d’autres notions cataloguées plus aisément à droite ou à gauche.
En quelques mots semble émerger une pratique politique s’appuyant sur des « instincts politiques », dérivant en des régimes d’apparence démocratique mais non dénués d’autoritarisme un peu partout, en Europe et au-delà. La démocrature, une démocratie d'apparence. En 1946, au sortir d’une guerre qu’il avait passée à Londres dans une proximité critique avec le général de Gaulle, Raymond Aron doutait encore du caractère durable du succès des Alliés.
Dans l’Introduction à la publication de ses essais publiés dans la revue de la France libre, L’homme contre les tyrans, il posait la question « La victoire des démocraties a-t-elle été plus qu'un épisode d'un destin inexorable ? » Dans la famille libérale, on trouve ainsi, à côté d’une branche qui croit, avec Tocqueville, à l’universalisation inéluctable de la démocratie, une autre plus pessimiste. Celle-ci redoute que les divisions internes, la promotion de l’individu et son éloignement des affaires publiques n’affaiblissent le « pire des régimes à l’exception de tous les autres », comme disait Churchill, ce conservateur libéral. Pourtant, un demi-siècle plus tard, le camp de la démocratie paraissait bien plus confiant. Le justicialisme est un populisme. Orban et Kaczynski. Comment la démocratie devient illibérale. Il se passe de drôles de choses sur les bords du Danube et de la Vistule. On dirait que le Brexit a donné le signal d’une attaque contre l’Union européenne menée par deux des pays qui ont le plus profité de leur adhésion : la Hongrie et la Pologne.
Le vote des Britanniques en faveur de la sortie de l’UE a comme déchaîné certains dirigeants d’Europe centrale, que Bruxelles énervait depuis longtemps par ses rappels à l’ordre. Ils croient le moment venu de se dégager de contraintes que leurs pays ont pourtant acceptées pour rejoindre le club européen. Et ce faisant, ils menacent de porter le coup de grâce à un édifice déjà fragilisé. Orban et la "démocratie illibérale" en Hongrie. « Le gouvernement Orban a fait de son pays la première non-démocratie de l’Union européenne » Tribune.
Sous prétexte de répondre à l’urgence sanitaire liée au Covid-19, le Parlement hongrois a donné, le 31 mars, son feu vert au gouvernement de Viktor Orban pour s’attribuer des pouvoirs illimités pour une durée indéterminée. Le gouvernement hongrois peut désormais suspendre toute loi existante et en appliquer d’autres par décret, sans contrôle parlementaire ni judiciaire. Les élections ont été suspendues. La loi prévoit aussi de nouvelles sanctions pénales de cinq ans de prison pour la publication de faits dits « faux » ou « déformés », un nouveau coup porté à la liberté des médias déjà sévèrement mise à mal dans le pays.
En Hongrie, Viktor Orban met fin à ses pleins pouvoirs. « La Hongrie mérite des excuses ».
C’est ainsi que la ministre de la justice hongroise, Judit Varga, a présenté, mardi 26 mai, le projet de loi visant à mettre fin aux très contestés pouvoirs spéciaux attribués à Viktor Orban à la faveur de la lutte contre le coronavirus. Adopté le 30 mars par le Parlement hongrois, l’état d’urgence avait donné au premier ministre nationaliste le pouvoir de légiférer par décret sur de vastes sujets. L’opposition et des ONG hongroises avaient alors dénoncé un texte qui donnait des « pleins pouvoirs » au maître de Budapest, connu pour avoir multiplié les atteintes à l’Etat de droit depuis son retour au pouvoir, en 2010.
Contrairement aux autres pays européens, l’état d’urgence n’avait en Hongrie aucune limite définie de durée. En Pologne, Jaroslaw Kaczynski en passe de consolider son système illibéral. « Un choc des civilisations ».
C’est ainsi que Jaroslaw Kaczynski, l’homme fort polonais et chef de la majorité nationale conservatrice du PiS (Droit et justice), a décrit la campagne présidentielle qui s’est achevée le 12 juillet par la victoire du candidat de son parti, Andrzej Duda. Ce dernier a été réélu pour un second mandat avec 51,03 % des voix, face au maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski (48,97 %). « Il s’agissait d’un affrontement entre ceux qui veulent ouvrir la Pologne à une sorte de révolution en cours en Occident, à un prétendu progrès qui détruit la famille et les fondements chrétiens de notre civilisation, qui conduit à une oligarchisation de la société et à un esclavagisme des individus, dépourvus de toute identité », a-t-il expliqué lors d’un entretien fleuve accordé à la radio publique polonaise, le 19 juillet.